18 novembre 2015
"L’association des maires de France (AMF) présente ce mercredi 18 novembre un « vade-mecum » qui entend éclairer les élus sur leurs relations avec les cultes et leurs réponses aux demandes religieuses.
L’association des maires de France (AMF) présente en fin de matinée, ce 18 novembre, les suites de son travail lancé il y a un an sur la laïcité. Leur « vade-mecum » se veut un mode d’emploi très pratique à l’intention de tous les élus dans lequel sont abordées des questions aussi variées que sensibles, comme les tenues scolaires ou la présence des élus aux cérémonies religieuses. [...]
Dans cet esprit, le document présenté aujourd’hui formule un certain nombre de prescriptions très précises. Par exemple, le vade-mecum suggère aux élus quelle attitude adopter à titre personnel : « L’AMF invite les élus, dans leur action publique, à s’abstenir de faire montre de leurs propres convictions religieuses ou philosophiques (…) Dans ce cadre, la participation à des cérémonies religieuses, en tant qu’élu, devra se faire dans le strict respect de la neutralité républicaine, c’est-à-dire sans manifestation de sa propre croyance ou non croyance ».
Le document va loin dans les détails : ainsi il rappelle que le fait de ne pas se déchausser dans une mosquée peut représenter « une offense grave vis-à-vis de cette religion » et donc une « entorse à la laïcité ». Le port d’une kippa dans une synagogue relève en revanche d’un « simple usage », précise le document.
L’association invite aussi les maires à respecter la pluralité de l’offre culturelle : ainsi, « la programmation culturelle d’une commune peut naturellement comporter des moments artistiques à connotation religieuse (exemple, en matière musicale : un concert de musique soufie, de musique juive, de Gospel ou une messe de la passion de Bach) mais à condition de respecter équilibre et diversité. »
Le document met en garde les maires contre de « potentielles entorses à la laïcité dans le cadre du soutien apporté à des manifestations considérées comme traditionnelles (processions, tromenies (Les pardons en Bretagne NDLR), baptêmes de navire, bénédiction de bâtiments…) ».
Enfin sur le dossier de l’installation de crèches de noël dans les bâtiments publics, qui a donné lieu ces derniers mois à plusieurs décisions de justice contradictoires, l’AMF prend une position de principe : leur présence dans l’enceinte des mairies n’est pas « compatible avec la laïcité ».
Sur ce point, constatant qu’une jurisprudence « non concordante (...) nuit à la compréhension de la laïcité », l’AMF a interpellé le ministre de l’intérieur, en charge des cultes et estime souhaitable « une clarification législative ».
À côté de ces prescriptions, l’AMF formule aussi plusieurs demandes : elle alerte l’Ordre des médecins du problème de certificats médicaux de complaisance délivrés pour permettre à des filles de ne pas participer à certaines activités. Le Vade-mecum « suggère qu’il soit éventuellement fait appel à un avis du médecin scolaire ».
L’association, relevant la difficulté des maires « devant la déscolarisation d’un certain nombre d’enfants, et surtout de filles, dont le nombre irait croissant » a « alerté les pouvoirs publics » pour demander un renforcement des contrôles sur « ce phénomène très préoccupant ».
Le document précise aussi que l’AMF a « évoqué avec le ministre en charge de l’éducation nationale l’idée du port de tenues homogènes marquant l’appartenance à l’établissement scolaire ».
Enfin, concernant la petite enfance, l’AMF a saisi la Caisse nationale d’allocations familiales (Cnaf) et l’association des départements de France (ADF). Elle s’inquiète d’une application différente des règles de la laïcité pour les assistants maternels selon qu’ils exercent dans une crèche familiale publique (le devoir de neutralité s’impose), une crèche privée ou à domicile (l’obligation de neutralité ne s’exerce pas). [...]"
Lire "Laïcité : l’AMF demande plus de neutralité aux maires".
Lire aussi "Laïcité : le vade-mecum de l’AMF" (Association des Maires de France, 18 nov. 15), le document De Gaulle : « Ici, Monseigneur, j’étais la France. Et la France est un État laïque », voir Colloque du CLR « L’après-janvier : plus que jamais la République laïque » (Paris, 14 mars 15) (note du CLR).
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