« L’après-janvier » (14 mars 15)

Jean Glavany (PS) : "Différencier les croyants et les intégristes ou fondamentalistes religieux" (Colloque du CLR, 14 mars 15)

Député PS des Hautes-Pyrénées, ancien ministre. 19 mars 2015

Message lu par Patrick Kessel.

Les douloureux évènements qui ont frappé notre pays début janvier ont fait surgir un débat – utile – sur notre République et ses valeurs, sur le civisme et la citoyenneté. Sur la laïcité donc. Tant mieux. De cet épouvantable mal peut naître un bien : que la France y voit plus clair sur cette belle valeur.

Mais avant toute chose, un constat s’impose : nous sommes tous, Droite et Gauche responsables de ce qu’il s’est passé. Chacun à nos manières, mais tous responsables.

La droite en cultivant à l’excès les amalgames dévastateurs, en privant les services publics essentiels comme l’Education ou la Police de moyens indispensables ou encore en n’ayant tiré aucune leçon véritable de l’embrasement des banlieues en 2005.

La Gauche, ou une partie non négligeable de celle-ci, en niant les problèmes, en refusant de les nommer par mauvaise conscience, ou en imaginant que le multiculturalisme pouvait remplacer l’universalisme républicain. En traitant « d’islamophobes » tous ceux qui, comme Charlie, ne faisaient que dénoncer, pour le combattre, un intégrisme fascisant.

Or, le devoir des Républicains est de différencier les croyants – de toutes religions ! – qui sont laïques dans leur immense majorité, et les intégristes ou fondamentalistes religieux qui ne le sont pas. Ils sont les ennemis de la République.

Et cela doit nous amener à faire toujours, plus et mieux, la pédagogie de la laïcité dans son rapport aux religions. La laïcité n’est pas antireligieuse, elle combat l’intégrisme religieux, tous les intégrismes religieux, ceux qui n’acceptent pas de se soumettre aux lois de la république. Soyons clairs, toujours : toutes les religions – toutes ! – ont généré dans l’histoire et génèrent toujours leurs propres intégrismes. Toutes. Mais il est vrai qu’aujourd’hui un intégrisme radical, menace plus la République que les autres. C’est l’intégrisme islamiste, reconnaissons-le. Si nous ne le reconnaissons pas, par peur de paraître « islamophobe » alors on nie les problèmes et on fait le lit du Front National qui, lui, ne nie pas les problèmes : il les exploite pour entretenir les peurs.

Au-delà, nous devons nous interroger sur notre manière, dans notre vivre-ensemble, de conjuguer nos différences avec notre unité nationale dans la République. La République respecte les différences. Sans respect des citoyens-individus, dans leurs particularismes et leur identité, pas de République ni de démocratie.

Mais ça ne s’arrête pas là !! Car la laïcité, si elle nous amène à respecter les différences, nous mène aussi à les dépasser pour rechercher ce qui nous est commun, ce qui nous rassemble, nous unit. Construire le commun est plus que jamais une ardente obligation.

Enfin, tout le monde est d’accord pour dire que, comme toujours, « tout commence à l’école ». Mais pourquoi ne pas ajouter « et d’abord et avant tout à l’école publique, laïque et gratuite » ? Celle dont la mission est d’accueillir tous les enfants. L’idée même avancée par certains selon laquelle il faudrait « soutenir le développement de l’enseignement privé musulman sous contrat » a quelque chose de proprement ahurissant. Et il nous faut nous ériger avec force contre ces idées aussi saugrenues que dangereuses.



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