"La laïcité et les partis" (CLR, 1er déc. 18)

J.-P. Sakoun : "Nous sommes aux côtés des élus" (Colloque du 1er déc. 18)

Conclusions de Jean-Pierre Sakoun, président du Comité Laïcité République. 2 décembre 2018

Mesdames et Messieurs les élus, chers amis, chers membres du CLR,

Ce colloque fut passionnant. La moindre de ses particularités n’est pas de s’être tenu alors que le pavé parisien résonne d’une révolte confuse dont les causes, le déroulement et les éventuelles conséquences doivent inquiéter tous les Républicains.

Nous sommes d’autant plus reconnaissants envers les députés et sénateurs de tous groupes ainsi qu’à la présidente de la région Ile-de-France qui se sont succédé à cette tribune depuis ce matin, malgré les difficultés matérielles. Nous vous remercions aussi d’être si nombreux en dépit des problèmes de transport et d’accès.

Nous avons entendu aujourd’hui des élus de tous bords nous dire sincèrement, avec leur sensibilité, leur attachement à la laïcité et à la République. Toutes et tous comprennent et signifient clairement que le régime républicain et sa clé de voûte laïque ne sont pas une forme démocratique comme une autre, mais véhiculent avec eux un idéal concret, celui de notre triptyque Liberté Egalité Fraternité. Nos amies Françoise Laborde et Odile Leperre-Verrier nous ont apporté d’utiles et précieux éclairages sur les réalités du terrain local face à nos principes parfois si peu appliqués et celles des instances européennes où ils sont mal compris et peu défendus.

Bien sûr il ne s’agit pas ici d’entretenir la confusion en affirmant que nous sommes d’accord avec tout ce que nous avons entendu. Nous voudrions certes voir les élus qui se sont exprimés devant nous être parfois plus affirmés dans la défense de la laïcité et prendre plus d’initiatives dans ce domaine. Nous comprenons cependant que les positions de chacun sont inspirées par les orientations des familles politiques auxquelles ils appartiennent et les préoccupations du moment.

Comment ne pas reconnaître dans les propos de Mme Laurianne Rossi et de M. Guillaume Chiche les interrogations qui traversent La République en marche, les inquiétudes du gouvernement sur le danger de l’islam politique radical et sur la nécessité d’y parer ? Nous suivons dans les propos de Mme Isabelle Florennes la filiation démocrate-chrétienne du MoDem, mais aussi la voie laïque originale qu’il a prise sous l’influence de la République. Nous entendons avec bonheur Françoise Laborde réaffirmer la généalogie et la centralité laïques du mouvement radical, avant et après sa réunification, tout en nous demandant pourquoi cette voix ne porte pas autant que nous le voudrions. Nous sommes rassérénés de l’affirmation sans fard et sans ambiguïté de Mme Valérie Pécresse lorsqu’elle dit avec fermeté que la loi est au-dessus de la foi ; nous ne pouvons cependant que constater avec elle qu’elle ne représente pas en ce domaine le courant majoritaire de son parti Les Républicains. De même que nous doutons des sentiments laïques et républicains de mouvements tels que « la Manif pour tous » et de « Sens commun ». Nous constatons enfin à travers les propos de M. David Assouline que le parti socialiste, qui fut à côté du parti radical le porteur et le promoteur de l’idée laïque au XXe siècle, est traversé d’interrogations et de contradictions qui nous font craindre pour l’avenir de nos idéaux.

Ce qui selon moi ressort de cette riche journée, c’est l’impérieuse nécessité de continuer à dialoguer avec les élus de la République, de mettre à leur disposition la connaissance étendue et approfondie que nous avons de l’histoire, de la philosophie, de la politique et l’ancrage social de la laïcité, conçue comme l’instrument le plus efficace de la liberté absolue de conscience, de l’égalité entre tous les citoyens et de la fraternité universelle. Que les élus qui nous ont fait l’honneur de leur présence et de leur parole sachent que nous sommes à leurs côtés, pour les soutenir dans l’application des principes et idéaux républicains.

C’est pourquoi, à l’occasion de cette journée et alors que la loi de 1905, dite de séparation des Églises et de l’État, pourrait être modifiée et fragilisée, Le Comité Laïcité République lance ce soir un « Appel aux partis pour défendre et promouvoir la loi de 1905 et les bienfaits de la laïcité ».



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