Revue de presse

""Islamophobie", voile… Virage tactique cynique de Mélenchon ou évolution sincère ?" (Marianne, 21 sept. 23)

(Marianne, 21 sept. 23) 24 septembre 2023

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Le chef des Insoumis était à classer parmi les républicains les plus « raides » à gauche il y a dix ans. Opérant un virage à 180 degrés, il a fait de son mouvement le parangon d’une vision communautariste, au nom de la « défense des musulmans ».

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[...] Mélenchon incarnait l’aile laïque la plus exigeante d’une gauche qui avait déjà pris ses distances avec ses réflexes de jadis en matière de défense de la liberté de conscience ; une grosse décennie plus tard, le voilà « clef de voûte » d’un mouvement qui a fait du clientélisme communautaire un pilier de sa stratégie politique. Du côté conceptuel, le multiculturalisme et la vénération de l’affichage identitaire (à condition qu’elle provienne des Français d’origine immigrée) font figure de ligne de conduite pour les députés LFI. Du côté pratique, le mouvement de gauche radicale engrange soutiens et scores de république bananière dans les zones ciblées par cette stratégie. La « boussole républicaine » de Mélenchon et ceux qui l’ont suivi n’est pas « perdue » : elle a été pulvérisée, et à dessein.

Plusieurs sorties de « JLM » ont dessiné cette triste trajectoire, au fil des ans. En 2015, à deux reprises après les attentats terroristes en janvier et en novembre, Mélenchon « conteste le terme d’islamophobie ». « On a le droit de ne pas aimer l’islam, comme on a le droit de ne pas aimer le catholicisme », plaide-t-il, qualifiant la stratégie consistant à « confondre le racisme et l’islamophobie », utilisée par les islamistes, « d’erreur totale ». On était alors loin de deviner que le même Mélenchon défilerait quatre ans plus tard aux côtés de religieux radicaux lors d’une « marche contre l’islamophobie » de funeste mémoire. Une manifestation qui fut le point de départ d’une série de déclarations tapageuses, tournant autour de l’idée fixe que l’invocation de la laïcité serait une supercherie oratoire visant à « pouvoir détester avec des mots honorables la deuxième religion de ce pays et tous les musulmans ». Les partisans d’une ligne républicaine au sein de LFI ont d’ailleurs été purgés, et assimilés à des racistes.

Loi contre le séparatisme, dissolution du CCIF et de BarakaCity, polémiques autour du burkini puis de l’abaya à l’école : à chaque fois, Mélenchon et les Insoumis se sont retrouvés du même côté de la barricade que les islamistes, et parfois en première ligne à leurs côtés. Lorsqu’on évoque à Mélenchon la notion d’islamophobie, il répond le 12 février 2022 que « la phobie est stupide ». Le retournement du triple candidat à la présidentielle s’est manifesté de manière évidente au sujet du voile. Le Mélenchon laïque n’avait pas de mots assez durs pour condamner ce vêtement islamique. En 2010, il prenait lui-même l’initiative de contacter Marianne pour protester contre la présentation d’une candidate voilée par le NPA dans le Vaucluse, déclarant notamment : « En ce moment, on a le sentiment que les gens vont au-devant des stigmatisations : ils se stigmatisent eux-mêmes – car qu’est-ce que porter le voile, si ce n’est s’infliger un stigmate ? – et se plaignent ensuite de la stigmatisation dont ils se sentent victimes ». Le voile intégral a été qualifié de « pratique répugnante et obscène » en 2010, le burkini « d’instrumentalisation communautariste du corps des femmes » en 2015… Difficile d’imaginer le Mélenchon de 2023 monter au créneau de la sorte : sa dernière prise de position qualifie la querelle autour du port de l’abaya à l’école de « nouvelle absurde guerre de religion entièrement artificielle à propos d’un habit féminin ». A-t-on affaire chez l’Insoumis à un virage tactique entièrement cynique, ou à une évolution sincère de conviction ? La question reste ouverte. [...]"


Voir aussi dans la Revue de presse le dossier Marianne "Les Insoumis et la banlieue : l’impasse clientéliste" (21 sept. 23) dans La France insoumise (note de la rédaction CLR).


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