par Patrick Kessel 29 mars 2011
Après l’affligeant débat sur "l’identité nationale", voici venu celui sur l’islam et la laïcité ! Faux débat mais lourd de vrais périls ! Qui ne voit en effet la volonté cynique d’instrumentaliser des peurs pour essayer de récupérer un électorat tenté par le vote d’extrême droite ? Les résultats des élections cantonales et la nouvelle poussée du Front national témoignent de l’inutilité électorale et de la dangerosité éthique d’une telle démarche.
Faux débat car on ne voit pas en quoi la République aurait à se préoccuper de l’islam ! La République ne se mêle en aucune sorte du contenu des religions dont elle garantit le libre exercice du culte. Elle n’a pas d’opinion sur la foi. Libre à chaque citoyen de croire que les eaux se sont ouvertes devant Moïse et son peuple, que Mohamed est monté au ciel sur une jument blanche, que Jésus a ressuscité, ou bien de n’y pas croire ! Libre aux chrétiens de dire la messe en latin ou en grec, aux juifs de prier en hébreu, aux chaldéens en araméen, aux bouddhistes en japonais, tibétain ou chinois et aux musulmans en arabe ! Libre à chacun de changer de culte, de n’en avoir aucun et aussi de blasphémer.
La foi musulmane, au même titre que les autres croyances, ne concerne pas la République qui ne décerne pas de diplôme de bonne ou de mauvaise religion ! Si l’islam doit évoluer dans l’interprétation théologique de ses textes fondateurs, c’est l’affaire des musulmans et d’eux seuls !
En revanche, la République est concernée par le respect, par tous les citoyens, des principes inscrits dans l’article premier de la Constitution comme dans la loi de 1905. L’État a mission de faire respecter le principe d’égalité devant la Loi, quels que soient les origines, la couleur, le sexe, les appartenances culturelles, religieuses, philosophiques, d’assurer la séparation des églises et de l’État... et non d’encourager les communautarismes qui menacent la paix sociale.
Il n’ y a donc pas de débat spécifique à ouvrir sur l’islam qu’il ne faut pas confondre avec l’islamisme, mouvement politique menaçant pour la démocratie, qui doit être combattu en tant que tel ! Pas de débat sur la prière dans les lieux publics, qui est réglementée. Pas de débat sur le financement de la construction de mosquées, qui relève de l’engagement des croyants et pour lequel existent des solutions connues sans qu’il soit nécessaire de modifier la loi. Pas d’hésitation sur le respect de la laïcité à l’école ou dans les hôpitaux publics. Pas de petits arrangements avec des associations culturelles, souvent « faux nez » d’associations cultuelles. Pas de dérogation sur la dignité des femmes et l’égalité hommes-femmes. Pas de débats stériles et malhonnêtes pour savoir si la laïcité devrait être « modernisée », « renouvelée », « ouverte », arlésienne de ceux qui veulent la vider de son contenu pour mieux la combattre ! Pas de ces débats manipulateurs qui brouillent les idées et permettent à l’extrême droite de faire le casse du siècle en se posant en défenderesse de la laïcité, quand elle défend depuis toujours une France blanche, catholique, apostolique et romaine.
Les manquements graves aux principes de laïcité, à l’origine des dysfonctionnements qui menacent la citoyenneté républicaine, sont la conséquence des compromissions, des manquements et des transgressions successives depuis de longues années. Les partis républicains doivent enfin prendre leurs responsabilités et, de ce point de vue, la gauche a une mission historique. Ce sera un des grands enjeux de la prochaine élection présidentielle. Les électeurs qui votent, comme ceux qui s’abstiennent, attendent que la politique fasse sens et soit porteuse de valeurs et de projets répondant à leurs difficultés quotidiennes.
Il n’ y a pas de débat à ouvrir sur la Laïcité mais à faire appliquer la loi de 1905, toute la loi de 1905, rien que la loi de 1905.
Patrick KESSEL
Président du Comité Laïcité République
Comité Laïcité République
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