Revue de presse

"Iran : la force des opposantes" (Charlie Hebdo, 6 mars 24)

(Charlie Hebdo, 6 mars 24) 6 mars 2024

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Deux ouvrages parus ce mois-ci témoignent de la force et de l’engagement dont font preuve les Iraniennes dans leur combat pour la liberté.

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Lire "Iran : la force des opposantes".

Les femmes iraniennes continuent de se battre, inlassablement, contre le régime des mollahs, au péril de leur vie. Dans un livre choral puissant, on peut lire les témoignages de figures incontournables du mouvement Femme, vie, liberté et d’activistes réfugiées dans des pays étrangers [1]. Y sont rassemblés 16 récits, dont ceux de Narges Mohammadi et de Shirin Ebadi, respectivement Prix Nobel de la paix en 2023 et en 2003, de Masih Alinejad, journaliste activiste réfugiée aux États-Unis, de Shohreh Bayat, arbitre d’échecs qui, en raison d’un foulard mal ajusté, ne peut plus rentrer dans son pays et vit au Royaume-Uni, ou encore celui de Nasrin Sotoudeh, avocate qui avait été condamnée à trente-trois ans de prison et à 148 coups de fouet, aujourd’hui en liberté conditionnelle. Un livre paru d’abord en allemand, et auquel s’ajoute dans la version en français le témoignage de l’actrice résidant en France Golshifteh Farahani, qui, après avoir tourné dans un film aux États-Unis, a été considérée comme manipulée par la CIA et n’a pas pu non plus revenir dans son pays.

Au-delà de la dénonciation des exactions du régime, ces témoignages sont passionnants de par la leçon de courage et de vie qu’ils proposent. « La liberté, c’est sentir à l’intérieur de soi qu’on n’a pas peur », écrit Shohreh Bayat. Masih Alinejad livre la clé de son courage : « Ma mère racontait que l’obscurité est un monstre qui se nourrit de nos craintes. Si on en a peur, l’ombre s’étend. Elle me disait de ne jamais avoir peur du noir mais de le regarder fixement jusqu’à ce que les ombres disparaissent. » Toutes racontent l’épreuve, lorsqu’elles vivaient encore en Iran, de faire face à l’« apartheid » sexuel, de supporter les interdits multiples qui s’abattaient sur elles. Puis les menaces, la pression du régime, y compris à l’étranger, et la douleur de l’exil.

Le plus remarquable dans cet ouvrage, c’est que Narges Mohammadi a pu y participer en faisant sortir un texte clandestinement de la prison d’Evin, en Iran, où elle est enfermée. Elle y dénonce avec force les tortures et les agressions sexuelles subies par les femmes, les « interrogatoires techniques », terrible périphrase désignant les tortures. Elle publie d’ailleurs ce mois-ci Torture blanche, des témoignages qu’elle a recueillis d’autres prisonnières politiques iraniennes, ses codétenues [2]. Dans les deux ouvrages, elle appelle de ses voeux à ce que le monde entier soit au courant des exactions du régime.

C’est la seule chose que l’on puisse faire pour soutenir le mouvement Femme, vie, liberté : les lire, les écouter, propager leurs combats. Masih Alinejad, comme d’autres, le clame haut et fort : « La question n’est pas de savoir si le régime peut être renversé, mais quand ! »"

[1Nous n’avons pas peur. Le courage des femmes iraniennes, de Natalie Amiri et Düzen Tekkal (Éditions du Faubourg), traduit de l’allemand par Mathilde Ramadier.

[2Torture blanche, de Narges Mohammadi (éd. Albin Michel).


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