Par Patrick Kessel, président du Comité Laïcité République 10 décembre 2009
Le Président de la République l’affirme : « L’identité nationale est un antidote au tribalisme et au communautarisme ». Il a raison si l’identité nationale est bien synonyme de citoyenneté républicaine, fondée sur les principes de liberté, d’égalité et de fraternité pour toutes les femmes et tous les hommes qui composent la Nation, quelles que soient leurs origines, leur couleur, leurs appartenances philosophiques, religieuses et politiques. Des citoyens libres et égaux en droits et en devoirs.
Le Président, qui écrit que « les valeurs de la République sont partie intégrante de notre identité nationale », partage sans aucun doute cette éthique comme la majorité des Français, mais chacun sait aussi que l’« identité nationale », pour certains, renvoie à une couleur de peau, une foi, des racines et des lignées, un sang « pur », thèmes qui ont nourri les pages les plus noires de notre Histoire. C’est pourquoi l’ouverture de ce débat à une encablure d’élections importantes apparaît au mieux comme maladroite, au pire comme provocatrice, en donnant l’impression de vouloir instrumentaliser des peurs.
Car inquiétudes il y a, dont la votation suisse du 29 novembre dernier, comme les sondages réalisés dans notre pays sont le symptome. On aurait tort de ne pas chercher à les comprendre, car alors on risquerait d’ouvrir la voie au populisme et à la xénophobie. Inquiétudes face à la montée des communautarismes qui fragilisent la loi commune, l’égalité hommes-femmes, la laïcité des institutions, la paix civile et l’unité de la République. Le Président l’a bien compris qui dénonce le communautarisme, lequel conduit à « vivre séparément », les uns à cotés des autres quand ce n’est pas les uns contre les autres.
Mais il y a parfois loin de la coupe aux lèvres. Face aux communautarismes, y compris celui qui est majoritaire dans notre pays, il n’est d’autre choix que de faire en sorte que la République soit pleinement laïque et sociale, ainsi que le stipule l’article premier de la Constitution.
Il conviendrait de promouvoir la laïcité et non lui opposer une « laïcité moderne » qui la vide de sa substance, et dire au pays que le projet de « toilettage » de la loi de 1905 est définitivement abandonné. Faire oublier, parmi d’autres, le discours de Latran qui exaltait « les valeurs essentiellement chrétiennes de la France » et affirmait que « l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ».
Pour cela, renforcer l’école publique dont la mission est de former tous les enfants, de toutes les couleurs, à devenir des êtres libres et responsables, des citoyens, plutôt que d’accroître les financements des écoles privées. Faire oublier la malheureuse tentative de réécriture du préambule de la Constitution qui, sans la détermination de Simone Veil, aurait ouvert pour de bon la voie au communautarisme.
Il conviendrait de jeter aux oubliettes les projets de statistiques ethniques et de discriminations dites « positives », et mettre en place des politiques sociales en fonction des revenus et non des appartenances communautaires.
Il conviendrait enfin que la voix de la France se fasse encore plus nettement entendre aux Nations Unies pour défendre les principes fondateurs de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948 que certains pays s’évertuent à vider de leur sens, le plus souvent au détriment des femmes qui demeurent les premières victimes.
Alors, tous les citoyens, différents s’ils le souhaitent, mais libres et égaux en droit, pourront penser que l’identité nationale est l’autre nom d’une fraternité citoyenne.
Patrick Kessel
président du Comité Laïcité République
Comité Laïcité République
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