Revue de presse

I. Barbéris : "La désuétude du patriarcat ne doit pas masquer l’émergence de nouvelles formes de haine des femmes" (marianne.net , 16 sept. 21)

Isabelle Barbéris, maître de conférences en arts du spectacle à l’université Paris Diderot. 17 septembre 2021

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Invité sur France inter, le philosophe Alain Finkielkraut a expliqué que le patriarcat n’existe plus. L’universitaire Isabelle Barbéris explique que si c’est exact juridiquement, l’égalité entre les hommes et les femmes n’est pour autant pas gagnée.

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[...] Ce néovirilisme, que j’appelle masculinisme, est devenu un thème latent de la campagne présidentielle à travers la figure d’Éric Zemmour. Ce dernier a construit une partie de sa popularité à partir d’une critique de l’effémination de la France, la perte de souveraineté au foyer étant chez lui directement liée à débandade politique. Il n’a pas inventé grand-chose et tout se trouvait déjà dans un best-seller masculiniste de l’après mai 1968, L’Homme subjugué.

Bref, la nouvelle donne du masculinisme vient de sa dimension géopolitique clairement assumée : aux yeux du grand remplaciste, qu’il soit du bord décolonial ou du côté des « remplacés », le ventre féminin est d’abord un outil tactique. Bien que tout ceci soit maquillé par de touchantes odes à la tradition. La solution géopolitique passe donc par le contrôle biopolitique, moyennant quelques ternes rétributions : célébration de la pureté chez les décoloniaux, ou bien de l’éternel féminin dans les ultradroites. [...]

En pleine guerre des sexes, orchestrée en même temps que celle des « races » (les deux nous vendent le même « choc des civilisations »), le bilan des combats féministes se perd dans le brouillard… Décorsetées, les femmes ont désormais la possibilité d’expérimenter la vie, tout simplement. Le renoncement aux systèmes de protection traditionnels, dénoncés comme des prisons dorées, s’est fait au prix d’un redoublement de violence qui n’était sans doute pas escompté, et qui alimente d’ailleurs les ricanements masculinistes. Le cynisme, l’instrumentalisation des corps, la déchettisation de la civilité entre les sexes font-ils partie du prix à payer ? [...]"

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