Revue de presse

H. Pena-Ruiz : “Il n’y a pas de morale laïque, mais un rapport laïque à la morale” (nouvelobs.com , 14 fév. 08)

18 février 2008

"Au regard de ses différents discours, Nicolas Sarkozy défend-il, selon vous, la laïcité ?

A mes yeux, il remet radicalement en question cette notion. Les trois grands fondements de la laïcité sont : la liberté de conscience, qui signifie qu’aucun credo n’est imposé ni interdit, l’égalité de droit, et le fait que la puissance publique doit se préoccuper de l’intérêt général et faire silence sur tout ce qui est particulier. Nicolas Sarkozy remet en cause les deux derniers principes, puisqu’au nom de la laïcité "positive", il pose une hiérarchie entre croyants et athées, qui fait que ceux qui ne sont pas croyants se sentent discriminés. De plus, la puissance doit se taire, c’est son rôle.

En envisageant de "toiletter" la loi de 1905, il brouille les frontières entre les domaines culturels et cultuels, dans le but de rendre possible le financement public des cultes. Mais ils n’ont pas à jouir d’une reconnaissance publique.

Nicolas Sarkozy affirme que la morale laïque et la morale religieuse sont "complémentaires". Partagez-vous son avis ?

Je ne vois pas ce que cela ce que cela veut dire. C’est très confus. Je pense qu’il essaye de se racheter après ses propos sur l’instituteur qui ne pourra jamais, selon lui, "remplacer le curé ou le pasteur". On peut trouver qu’il y a des principes communs : le respect d’autrui par exemple, qui est peut être fondé sur la croyance en un dieu ou bien sur la solidarité entre les hommes. Mais même si l’on peut admettre qu’il existe un fondement religieux, je n’ai pas besoin de savoir sur quoi se fonde la morale. Elle est universelle. De plus, il ne faut pas confondre morale humaniste athée et laïcité. Il n’y a pas de morale laïque, mais un rapport laïque à la morale.

Que pensez-vous de l’idée du président, qui propose de confier à chaque élève de CM2 "la mémoire" d’un enfant français victime de la Shoah ? Est-ce un bon moyen de sensibiliser les enfants sur cette question ?

C’est une fausse bonne idée. Le devoir de mémoire est fondé sur la connaissance historique. Or, Nicolas Sarkozy propose ici une action affective plutôt que rationnelle. Les victimes de la Shoah méritent de la pudeur et de la retenue plutôt qu’une instrumentalisation du fait historique."

Lire Henri Pena-Ruiz : « Sarkozy remet radicalement en question la laïcité ».



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