27 juillet 2009
"La sous-préfecture de l’arrondissement d’Antony, dans les Hauts-de-Seine, refuse de délivrer un passeport à Marlène S., au motif que cette dame n’a pas fourni la preuve de sa nationalité française. La carte d’identité nationale, en cours de validité, délivrée par le même service de la même sous-préfecture, à une personne demeurant toujours à la même adresse, n’est pas une preuve de nationalité française. Pas plus que l’acte de naissance de Marlène S., née le 12 octobre 1936 à Metz, Moselle, de parents français. Certes, Marlène S., réside à Bagneux - commune qui défraye la chronique judiciaire -, mais il ne semble pas qu’elle soit suspecte de délinquance juvénile. Peut-on imaginer qu’elle tente d’abuser de la République en se faisant délivrer un passeport alors même que les fonctionnaires n’ont pas eu la preuve de sa nationalité ?
Marlène S. est elle-même fonctionnaire et, à ce titre, elle a été chargée d’enseigner le français. Agrégée de lettres modernes, elle a fourni la preuve de sa nationalité française lorsqu’elle s’est présentée au concours. Depuis lors, elle a reçu des lettres de nomination et des bulletins de salaire en tant que fonctionnaire. Ces papiers devraient logiquement suffire, puisqu’on ne peut accéder à la fonction publique sans être français. Marlène S. n’a pas servi l’Education nationale dans un territoire lointain, mais au lycée de Chatenay-Malabry, à deux pas de la sous-préfecture d’Antony. Donc les fonctionnaires de la sous-préfecture d’Antony estiment ne pas détenir la preuve de la nationalité française d’une collègue ayant exercé au lycée de Châtenay-Malabry, qui se trouve dans leur juridiction.
Marlène S. a assuré sa mission de l’agrégation à la retraite, sans autre interruption que les congés de maternité, rendus nécessaires par la conception de trois enfants avec l’aide d’un autre fonctionnaire de l’Education nationale. Naturellement, deux filles de Marlène S. sont à leur tour fonctionnaires de l’Education nationale. Toute une famille laïque, obligatoire et gratuite ! Marlène S. est assez laïque pour assurer bénévolement l’enseignement du français aux étrangers. Cette action, soutenue par la mairie de Bagneux, devrait retenir l’attention d’Eric Besson, ministre de l’Intégration, qui considère la maîtrise de la langue comme une condition nécessaire des naturalisations. Marlène S. s’est sentie un peu désintégrée quand on lui a demandé de prouver sa nationalité française.
Pourquoi éveille-t-elle les soupçons de l’administration ? Ses deux parents sont nés à l’étranger ! Ils étaient Français avant sa naissance, mais l’un est né en Pologne et l’autre en Allemagne. On ne peut délivrer un passeport de l’Union européenne, avec de tels lieux de naissance.
Le nom d’épouse de Marlène, Steinberg, pourrait encore passer. La France a fait la guerre pour récupérer Schiltigheim et Altkirch ! Seulement, son nom de jeune fille, c’est Konopnicki ! C’est normal, c’est ma grande soeur, Marlène. Une autre sous-préfecture, celle de Boulogne-Bilancourt, m’a sommé de la même manière de prouver ma nationalité. Né en France, de parents français, les mêmes. Ils ont eu le temps de prouver qu’ils étaient Français. Avoir une mère titulaire de la Croix du Combattant ne prouve pas qu’on est Français. Elle n’avait pas à naître chez les Boches ! Un père polak, naturalisé en 1929, médaille militaire, Légion d’honneur, c’est quand même un Polak !
Devoir prouver sa nationalité française, à chaque renouvellement de passeport, c’est une discrimination. Français de naissance, nous saisissons donc la Halde. Ca peut rendre service. Imaginez un peu qu’un type dont le père est né en Hongrie demande un passeport. On risque de lui refuser, surtout s’il est marié à une Italienne !
Guy Konopnicki"
Comité Laïcité République
Maison des associations, 54 rue Pigalle, 75009 Paris
Voir les mentions légales