Revue de presse

"Groupuscules d’extrême droite : encore un coup de com de LFI" (J.-Y. Camus, Charlie Hebdo, 30 nov. 22)

1er décembre 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"L’initiative part-elle d’une « bonne intention » ou est-ce un coup de communication sans intérêt ? En lançant une commission d’enquête sur les groupuscules d’extrême droite, La France Insoumise tombe en tout cas à côté de la plaque.

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Dans une nouvelle tentative de faire un « coup » politique, le 21 novembre, la Nupes, aiguillonnée par des élus LFI, a ­demandé la création d’une commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur « la lutte contre les groupuscules d’extrême droite en France ». Le député Thomas Portes a justifié cette initiative comme suit : « Notre responsabilité aujourd’hui, c’est de les [les groupuscules] mettre sous surveillance, de regarder qui ils sont, de les identifier pour éviter d’arriver à des drames. » Et de continuer en estimant qu’il fallait « révéler au grand jour les possibles liens de ces groupuscules avec le RN et Reconquête  !, s’ils existent ». Priorité qui serait d’autant plus urgente que les actions de ces mouvements s’inscrivent « dans un contexte de racisme et de violence exacerbée dans la société ».

L’exercice a déjà été tenté : le 20 décembre 2018, l’Assemblée nationale avait créé une commission d’enquête sur « la lutte contre les groupuscules d’extrême droite en France », déjà présidée par une députée LFI, le rapporteur étant un élu LREM. Pourquoi le renouveler quatre ans après  ? Mystère. Parce que Marine Le Pen a fait 41 % au second tour de la présidentielle et que le RN a 89 élus  ? C’est taper à côté, et les élus Nupes le savent, qui parlent prudemment de « possibles liens » du RN et de Zemmour avec l’ultradroite, ajoutant même « s’ils existent », démontrant par là qu’ils ne sont pas sûrs de leur fait.

Est-ce, comme annoncé, pour identifier et mettre sous surveillance l’ultradroite  ? Alors là, c’est pire, car c’est le rôle des services de renseignements intérieurs, pas des parlementaires. Ce travail de suivi, qui est fait et bien fait, nécessite de la discrétion. Donc, à supposer qu’elle voie le jour, la commission demandée auditionnera les services, qui donneront quelques indications générales, mais sûrement pas davantage, et c’est normal. Du coup et comme d’habitude, la confusion entre travail parlementaire et activisme antifasciste au vocabulaire périmé (« mettre au grand jour »  ; « surveiller ») échouera à répondre de la seule manière qui vaille – c’est-à-dire, politiquement – à la percée électorale de la droite extrême comme aux actions violentes des ultras, dont le poids reste suffisamment faible pour que la simple action policière et judiciaire la contienne.

Qu’il existe une montée du racisme et de la violence, soit. Que la riposte efficace consiste à épingler des groupuscules, certainement pas. Car enfin, si le racisme était cantonné à la force de frappe de l’ex-OEuvre française et des identitaires, le péril serait limité. Si la « violence exacerbée » des rapports sociaux n’était due qu’à leur agitation, la France serait calme. Or le baromètre de la Commission nationale consultative des droits de l’homme montre, pour 2020, un indice de tolérance de 36 % seulement envers les Roms : l’extrême droite n’est pas seule à avoir un préjugé anti-Roms. Les sondés sont 45 % à penser que « les Juifs ont un rapport particulier à l’argent » : tous des militants fascistes  ? Et 59 % disent que l’islam, pas l’islamisme, est une menace pour l’identité française : c’est 10 points de plus que la somme du vote Le Pen et Zemmour. Une commission de plus ne remplace pas des changements politiques et sociaux. Et puis, une commission excluant les députés RN  ? En équité, c’est impossible. Ils démonteront sans peine toutes les accusations de connivence avec l’ultradroite et sortiront des auditions plus normalisés que jamais."


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