Revue de presse

G. Konopnicki : "L’impossibilité d’une gauche" (Marianne, 1er juin 18)

20 juin 2018

"Le mois de mai 2018 s’est achevé sur l’échec relatif d’une mobilisation annoncée comme une marée humaine, une déferlante de nature à ébranler le pouvoir politique. La manifestation parisienne n’était pas insignifiante, mais les organisateurs payent leur propre irréalisme. On pouvait jadis reprocher à la CGT et aux communistes de gonfler les chiffres des manifestants. Au moins le faisaient-ils après les rassemblements et non avant. L’emphase permanente de Jean-Luc Mélenchon laisse croire à l’isolement du pouvoir, au rejet du président, à la convergence des luttes et à l’imminence du Grand Soir.

En vérité, il y a fort peu de grèves, en dehors de la SNCF et des sempiternelles journées d’action de la fonction publique.

Les réformes de la scolarité et les nouvelles modalités d’accès aux études supérieures provoquent bien quelques mouvements de jeunes et d’étudiants, mais nous sommes loin des grandes révoltes de la jeunesse. Les syndicats et les organisations de gauche défilent sur des parcours communs, mais sans unir les manifestants sur des objectifs partagés par tous. Chaque groupe porte ses propres mots d’ordre ; dans une même manif, on croise des féministes revendiquant l’égalité et des femmes voilées, des antiracistes et des « racialisés », de vieux marxistes et de jeunes anars.

Les manifestants réclament tout à la fois, le cortège du 26 mai portait toutes les exigences, les revendications des salariés et celles des Palestiniens dont le drapeau surgit à tout propos, la libération du cannabis et le maintien du statut des cheminots, la démission d’Emmanuel Macron et celle de Donald Trump. Comment dès lors rassembler au-delà d’un patchwork de grandes et de petites organisations ? Les deux manifestations de mai 2018 se caractérisaient par l’absence d’objectifs précis et présentaient un incroyable zapping de toutes les causes possibles de mécontentement. Ces manifestations n’avaient d’autre but que d’exister afin de démontrer qu’une partie du peuple est hostile à Emmanuel Macron. C’est un peu court. [...]

Les électeurs de gauche pouvaient se reconnaître dans les discours du candidat Mélenchon en 2017, qui les ramenaient aux principes oubliés du socialisme républicain. L’agitation permanente, la confusion des objectifs et les tartarinades ruinent chaque jour le crédit obtenu il y a un an. [...]"

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