Revue de presse

Valls : "Revenir au républicanisme" (Le Monde, 4 av. 14)

3 avril 2014

[...] Revenir au républicanisme

Adepte d’une « gauche moderne », convaincu que le « socialisme » est un mot « dépassé », comme il l’affirma en 2009, Manuel Valls n’est pourtant pas réductible au rocardisme. Comme l’explique son ami politologue Zaki Laïdi, directeur de recherches au Centre d’études européennes de Sciences Po, « il y a chez lui un attachement à l’autorité républicaine qu’on ne trouve pas dans le rocardisme », et qui puise tout autant dans son passé d’enfant né Espagnol et naturalisé Français à l’âge de 20 ans, que dans son expérience d’élu de banlieue.

Essentiels chez lui, son souci de l’ordre, son amour de la nation, sa défense de la laïcité et son rejet du communautarisme l’inscrivent dans une autre filiation. Celle d’un Georges Clemenceau, dont il se dit volontiers plus proche que de Jean Jaurès. Celle, aussi, d’un Jean-Pierre Chevènement, pourtant vieil ennemi de Rocard, mais auquel il emprunte bien des traits.

Pour Zaki Laïdi, c’est dans « ce mélange de réformisme et de républicanisme » que réside « l’originalité de l’équation personnelle » de Manuel Valls. Equation dont le politologue estime toutefois que « l’élément le plus inédit » tient à la place qu’y occupe la notion d’identité. « Pour Manuel Valls, la crise de la société française n’est pas seulement économique et sociale mais aussi identitaire, si bien que sa résolution passe par une réaffirmation du pacte républicain », explique Zaki Laïdi.

« Patriote » assumé mais ouvert à la mondialisation, membre d’un parti qui se dit « socialiste » mais pourfendeur du « mythe de la société sans classes », volontiers moqueur à l’égard de ceux qui croient à la « dimension démiurgique du politique » tout en rêvant de devenir président de la République pour étancher sa soif de pouvoir, Manuel Valls échappe aux catégorisations trop schématiques.

C’est aussi le cas pour les questions de société. Parce qu’il est opposé au droit de vote des étrangers ou à la dépénalisation du cannabis, il passe pour un apostat aux yeux d’une grande partie de la gauche. Cela en fait-il pour autant un conservateur ? Non, car sur des sujets comme la procréation médicalement assistée ou la gestation pour autrui, il a pris, dans le passé, des positions que l’on peut qualifier de libérales. Même chose sur la « fin de vie » : favorable à l’instauration d’un droit à disposer d’une aide médicale à mourir, il défendit, en 2009, une proposition de loi allant dans ce sens. Difficile, sur ce terrain, de le qualifier de « droitier ». [...]"

Lire "Enquête sur les idées de Manuel Valls".


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