25 octobre 2022
[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
Lire "Emmanuel Macron aux religieux : « J’ai besoin de vous… »".
"[...] Lors du sommet pour la paix de Sant’Egidio, Emmanuel Macron a eu l’opportunité de préciser à nouveau la façon dont il concevait la place des religions, et leur apport dans un monde en plein bouleversement.
Andrea Riccardi a lancé le débat, dans une adresse musclée. « Les religions ne sont pas des fossiles. Ce sont des organismes vivants. Elles rassemblent des communautés enracinées dans des terres proches de la douleur, de la joie, de la sueur. Les religions ne s’enferment pas dans des bulles. Lorsque l’on veut détruire l’âme d’un peuple, on s’attaque d’abord aux lieux sacrés. »
Ces rencontres de Sant’Egidio – qui drainent la foule et mélangent religieux et religieuses chrétiens, rabbins, représentants musulmans, bouddhistes – se situent dans lignée de la rencontre interreligieuse d’Assise, lancée en 1986 par le pape Jean Paul II, avant la chute du mur de Berlin, dans un temps qui fut encore celui de la guerre froide, et qui a eu un grand retentissement.
Perpétuant cet « esprit d’Assise », l’historien Riccardi a invité les responsables publics à l’imagination et au rêve, parce que « les rassasiés ne savent plus rêver », parce que « la politique a besoin d’imagination », et qu’« une politique réaliste n’est rien sans vision d’ensemble, plus ample, plus vaste ».
Le fondateur de Sant’Egidio a interpellé le président français en s’appuyant sur son discours de 2018 au collège des Bernardins, porté par un grand souffle spirituel, mais qui avait été sévèrement critiqué par les gardiens de la laïcité. Dans le livre qu’il publie ces jours-ci, L’Église brûle (Éditions du Cerf, septembre 2022), Riccardi parle, à propos de ce discours, de « main tendue » par le président français vers les catholiques.
D’emblée, devant le vaste auditorium plein à craquer de l’immense palais des congrès de La Nuvela, le chef de l’État français a relevé, non sans humour, la curieuse idée qui consistait à « inviter le président d’une République laïque qui a parfois une relation complexe avec les religions ».
Improvisant en partie son discours, Emmanuel Macron s’est lancé dans une vigoureuse défense des apports spirituels, dans un monde qui tend à les oublier. « Si la parole politique peut beaucoup, elle est touchée par la défiance, a-t-il souligné. Ni les lois, ni les décrets, ni les décisions politiques ne suffisent. Les âmes des peuples ne s’administrent pas. Les religions construisent la trame d’une société et se situent dans le temps long. »
Parce que les religions incarnent « le don de sagesse, d’engagement et de liberté », et surtout parce qu’« elles ont un rôle de résistance face à la folie des temps ». Des religions pour cultiver « l’enracinement et le salut », pour « défendre la dignité de chacun », à condition de « ne jamais céder à la pulsion de la pureté ».
Emmanuel Macron a voulu mettre en avant le « message d’universalisme » des religions, qui représente « le meilleur antidote contre le relativisme contemporain et la fracturation du monde ». Et le président français, dans un envoi osé, de citer le pape Paul VI, qui parlait du développement comme d’un nouveau langage de paix, pour « rééquilibrer le monde ».
« J’ai besoin de vous… », a lancé le chef de l’État, à l’adresse des centaines de religieux, de toutes obédiences, et laïcs croyants qui l’écoutaient attentivement dans le grand auditorium, célébrant « le courage de l’intranquillité qu’il faut pour bâtir la paix ». « Il y a un projet humaniste possible, a assuré Emmanuel Macron. Et pour ce projet qui est à réinventer, les religions, les courants spirituels et philosophiques ont leur rôle à jouer. » À contre-courant des temps."
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