Revue de presse

E. Lévy : "L’école pour personne" (Causeur, juin 15)

Elisabeth Lévy, fondatrice et directrice de la rédaction de "Causeur". 7 juillet 2015

"[...] De René Haby à Najat Vallaud-Belkacem, toutes les réformes procèdent de la même inspiration pseudo-égalitaire, reposent sur les mêmes conceptions pédagogistes et introduisent les mêmes « innovations », comme les travaux de groupe et les enseignements pluri-disciplinaires. L’élève doit être au centre du système et l’école ouverte sur le monde. Les pères fondateurs de l’école républicaine pensaient exactement le contraire : pour eux, l’école devait être un sanctuaire, où le bruit de la société ne parvient pas. Aujourd’hui, le monde est sans cesse invité à l’école, c’est-à-dire qu’au lieu d’offrir aux élèves ce qu’ils ne trouveront pas à l’extérieur (la littérature ou les maths), on veut les doper au numérique et leur faire étudier Djamel Debbouze. L’école n’est plus ce lieu singulier situé « entre les murs » : il n’y a plus de murs.

Or, les réformateurs eux-mêmes sont bien obligés d’admettre que l’école est aujourd’hui moins égalitaire qu’il y a quarante ans et qu’elle offre une instruction de moins bonne qualité. Même les sociologues les plus audacieux n’oseraient plus prétendre que « le niveau monte », ainsi que le proclamait un livre publié en 1989 qui déclencha une polémique mémorable. Dans un discours prononcé à Carcassonne, François Hollande a observé que, « depuis la décennie 2000, la proportion d’élèves qui ne maîtrisent pas la lecture était passée de 15 à 20 % ». Et il faut noter que cette baisse du niveau concerne aussi les profs. Au final, plus on réforme, moins l’école est en mesure de remplir sa mission. Tant pis, il faut tenir le cap. En somme, on prétend remédier aux difficultés en menant les politiques qui les ont créées. Drôle de logique. [...]"

Lire "L’école pour personne".


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