Revue de presse

"Dix ans après les attentats de janvier 2015, les Français sont-ils toujours Charlie ?" (Le Figaro, 7 jan. 25)

(Le Figaro, 7 jan. 25) 7 janvier 2025

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Si un sondage mené par l’Ifop montre que l’attachement de la population à la liberté d’expression grandit, une partie de la jeunesse s’éloigne de la vision portée par le journal satirique.

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[...] « Contrairement à ce qu’on aurait tendance à penser - nous, membres de la rédaction de Charlie, compris -, le dessin de presse, la caricature, la liberté d’expression sont beaucoup plus importants pour les Français qu’il y a treize ans », se félicite Gérard Biard, le rédacteur en chef de l’hebdomadaire. « Depuis l’attentat, les Français se sont rendu compte à quel point le droit à la caricature et la liberté d’expression, y compris le droit au blasphème, sont menacés. Ils y tiennent plus qu’ils ne le pensent. »

Un petit réconfort, alors que ce 7 janvier marque le dixième anniversaire de l’attaque qui a coûté la vie à douze personnes, dont huit membres de la rédaction, que l’immense mouvement de soutien qui avait suivi l’attentat s’est peu à peu étiolé et que l’hebdomadaire est vivement contesté dans certains milieux. « Je prends acte d’une fracture avec une partie de la gauche (lire notre article ci-dessous), qui abandonne ses valeurs fondatrices que sont la laïcité, l’universalisme, la défense des droits de tous les opprimés. C’est elle qui n’est plus de gauche, ce n’est pas nous ! », réagit Gérard Biard. [...]

Malgré tout, les amoureux du journal l’assurent : contre vents et marées, l’esprit « Charlie » subsiste. « L’esprit “Charlie”, on peut y mettre beaucoup de choses. En janvier 2015, quand des millions de personnes clamaient : “Je suis Charlie”, chacune l’incarnait à sa façon. Pour moi, le premier moteur, c’est qu’on fait d’abord ce journal pour se marrer. Même si ce n’est pas toujours évident, on ne peut pas faire Charlie si on ne s’amuse pas », reprend le rédacteur en chef. « Dans l’ADN de Charlie, il y a le rire. C’est important de savoir rire, notamment de soi, ça fait réfléchir », abonde Marika Bret, ancienne DRH du journal, ex-compagne du dessinateur Charb, tué lors de l’attaque, et aujourd’hui présidente du Printemps républicain.

« L’esprit “Charlie”, c’est aussi la liberté d’aborder tous les sujets, sans tabous, sans barrières. C’est accepter la définition du dessin de presse de François Cavanna (fondateur du journal, NDLR) : un bon dessin de presse, c’est un coup de poing dans la gueule. Ça ne veut pas dire qu’on est d’accord avec l’opinion énoncée, mais c’est accepter ça. C’est aussi, bien sûr, le droit au blasphème, à défendre absolument, envers et contre tout, pendant que d’autres mènent un combat inverse », continue Marika Bret.

Dix ans après le drame, la sexagénaire se dit « inquiète ». « Le 11 janvier 2015, on proclamait : “Je suis Charlie”, “Je suis flic”, “Je suis juif.” Aujourd’hui, que reste-t-il de ce slogan ? L’attachement au journal est toujours là. Mais je crains que ce ne soit qu’un attachement affectif, qui ne dure pas. Il y a un combat à mener pour faire persister l’esprit “Charlie”. » Notamment auprès de la jeune génération. Selon le sondage de l’Ifop, les 18-24 ans sont ainsi les plus nombreux - 31 % - à considérer que l’hebdomadaire n’aurait pas dû publier les caricatures de Mahomet en 2006. 46 % d’entre eux se disent par ailleurs « choqués » par la une de Cabu faisant dire au prophète « C’est dur d’être aimé par des cons… » « Le fait que la catégorie la plus opposée à Charlie soit les jeunes montre que, sur le long terme, le combat reste entier à mener », glisse François Kraus, directeur du pôle politique de l’Ifop. [...]"


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