Communiqué du Comité Laïcité République

Discrimination positive : un très mauvais signal (27 jan. 15)

27 janvier 2015

En affirmant le 21 janvier dernier à Villepinte (Seine-St-Denis) qu’il envisageait l’instauration de mesures de "discrimination positive", le ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, Patrick Kanner, renoue avec une doctrine qu’on pouvait penser abandonnée depuis la fin du quinquennat Sarkozy.

En effet, le précédent président de la République, très ardent défenseur de cette pratique anglo-saxonne, dont beaucoup de pays concernés reviennent d’ailleurs, avait souhaité dès le début de son quinquennat instaurer des mesures de discrimination positive, qui s’accompagnent invariablement de mesures statistiques établies sur des bases ethno-raciales. C’était l’époque où M. Sarkozy se flattait de nommer un "préfet musulman". Il avait même tenté de modifier le préambule de la Constitution française en substituant le concept de "diversité" au principe d’égalité. C’est une commission de réflexion présidée par Mme Simone Veil qui avait mis un terme à ces tentations d’inspiration communautariste à travers un rapport officiel rendu en décembre 2008.

François Hollande, dans son programme présidentiel, avait même indiqué qu’il souhaitait une fois élu supprimer le terme de "race" de la Constitution, ce que le Comité Laïcité République avait soutenu et n’estime pas périmé, bien au contraire.

En semblant renouer avec ce discours et cette tentation du quinquennat précédent, qui correspond à une revendication récurrente des théoriciens du différentialisme et des militants du communautarisme, le ministre de la Ville tourne ainsi le dos aux déclarations du président de la République et du Premier ministre qui, pour répondre à la situation engendrée et révélée par les assassinats des 7, 8 et 9 janvier derniers, prônaient davantage de laïcité et davantage de principes républicains.

La discrimination positive et son corollaire, les statistiques ethno-raciales, s’inscrivent bien au contraire dans une conception étrangère et même opposée aux principes républicains, qui récusent les distinctions juridiques fondées sur les origines. C’est précisément parce que ces principes républicains n’ont pas été suffisamment incarnés dans la réalité que la France connait la situation présente, de fragmentation sociale et ethnique. Instaurer la discrimination positive reviendrait à accentuer encore plus les différences, à insister sur ce qui distingue au lieu de privilégier ce qui rassemble et ce qui unit.

Le Comité Laïcité République sera par conséquent très vigilant sur les suites qui seront données à cette annonce ministérielle. Il appelle bien plutôt à appliquer de manière efficace et sans faiblesse les principes de la République laïque, qui permettent d’accéder à une pleine et entière citoyenneté.

Comité Laïcité République
le 27 janvier 2015
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