Revue de presse

"Des sénateurs dénoncent une perte des repères républicains à l’école" (lefigaro.fr , 8 juil. 15)

10 juillet 2015

"Une commission d’enquête propose le port de l’uniforme, l’interdiction des tablettes, l’interdiction des signes religieux ostensibles lors des sorties scolaires et le retour de la modulation des allocations familiales.

Parmi vingt propositions pour « Faire revenir la République à l’école », des sénateurs prônent ce mercredi la mise en place d’une « tenue d’établissement », l’uniforme permettant, selon le sénateur Jacques Grosperrin, « de lutter contre les tenues cultuelles ». « La tenue devrait être aussi proche que possible des vêtements usuels des jeunes, composée par exemple de polo, sweat-shirt, casquette et bandanas, acquis par les parents d’élèves », indique le rapport sénatorial adopté par 11 voix pour, 8 contre et 1 abstention..

Après les incidents de janvier pendant la minute de silence organisée dans les écoles en solidarité aux victimes des attentats de Charlie Hebdo, le Sénat avait créé une commission d’enquête à l’initiative du groupe Les Républicains « pour mieux cerner l’ampleur du phénomène et les problèmes de fond qu’ont révélés ces incidents ». La commission souhaitait aussi recueillir le témoignage des enseignants « sur leurs difficultés au quotidien, pour proposer des solutions concrètes de nature à y remédier ».

Cette dernière « confirme le diagnostic d’un profond malaise de l’École, d’une perte des repères républicains et, chez beaucoup d’élèves, d’un inquiétant délitement du sentiment d’appartenance à la nation : un constat déjà dressé il y a plus de dix ans mais qui, dans le contexte actuel, prend un tour alarmant ». Le ministère avait estimé le nombre d’incidents pendant la minute de silence à 200. « La réalité est très supérieure », affirment les Sénateurs. À partir de documents et d’informations obtenues à l’occasion de ses déplacements, la commission d’enquête a eu connaissance d’au moins 400 incidents. Plus globalement les Sénateurs s’inquiètent de « l’arrimage incertain » d’une partie de la jeunesse à sa propre nationalité. « Les relevés d’incidents à l’occasion de la minute de silence du 8 janvier 2015 font ainsi état de nombreux cas de discours tenus par des élèves de tous âges opposant les « Français » d’un côté, et, de l’autre les « musulmans ».

Dans un établissement parisien, des messages ont été diffusés sur les téléphones portables d’élèves les incitant à se défendre contre les Français qui « attaquaient les mosquées ». Dans une école de Villeurbanne, des enseignants confient qu’alors que la plupart des élèves ont la nationalité française, ils ne s’identifient qu’à la nationalité d’origine de leurs parents ou, dans le cas des binationaux, qu’à leur seconde nationalité. D’après une enseignante, « les enfants ne savent pas qu’ils sont Français, ils se disent musulmans ou arabes comme s’il s’agissait d’une nationalité ». De même, dans l’académie de Toulouse, des écoliers ont évoqué à la suite des attentats « des Algériens qui ont tué des Français ». Des enseignants ont regretté ce qu’ils percevaient comme un étiolement du sentiment d’appartenance à la nation, signalant que dans certains établissements, se faire traiter de Français était une insulte.

Parmi leurs autres « mesures fortes », les sénateurs souhaitent interdire les signes ostensibles religieux pour les accompagnateurs lors des sorties scolaires. Sur ce sujet, rappellent-ils, le message est brouillé, l’État ayant changé quatre fois d’avis au gré des trois derniers ministres qui se sont succédé. La responsabilité de la décision repose uniquement sur l’appréciation des directeurs d’école et des chefs d’établissement. Les professeurs des écoles ont fait état de la nécessité d’une position claire et pérenne sur le sujet. « Beaucoup ont tenu à souligner qu’il était difficile de distinguer les comportements relevant du prosélytisme. D’autres chefs d’établissement ou directeurs d’école autorisent l’accompagnement par des mères voilées sans discernement, de peur d’envenimer les relations avec les parents d’élèves et d’être taxés d’islamophobie, voire de subir des poursuites judiciaires - les collectifs « contre l’islamophobie » étant particulièrement actifs. », détaille le rapport.

Dans une proposition qui va à l’encontre des programmes scolaires actuels, le rapport demande l’interdiction des tablettes au primaire et le brouillage des téléphones jusqu’au lycée. Ils accusent l’influence négative de l’hyperconnexion des élèves sur leur capacité d’attention et craignent que la numérisation de la société favorise le développement d’une forme de « paresse intellectuelle » chez les élèves. Au cours d’un déplacement à Villeurbanne, l’équipe pédagogique de l’école élémentaire Berthelot a indiqué à la commission d’enquête que de nombreux enfants étaient laissés trop longtemps devant des écrans sans que les parents ne leur lisent d’histoire, engendrant ensuite, dans le cadre scolaire, d’importantes difficultés de concentration. « Une mention particulière doit être réservée aux téléphones portables, dont l’utilisation systématique dès l’école élémentaire est source de nombreuses difficultés, perturbation des classes et distraction des élèves », écrivent-ils. L’initiative annoncée par le Président de la République de fournir à l’ensemble des élèves de 5ème une tablette numérique à la rentrée 2016 « semble, à cet égard, coûteuse et inefficace » critiquent-ils.

Les sénateurs proposent encore des mesures assez classique à droite comme le rétablissement de la modulation des allocations familiales en fonction de l’absentéisme ou la création dans chaque département d’un établissement pour les enfants perturbateurs... Ils réclament une évaluation barrage en CM2 « pour éviter toute sortie de l’école primaire sans une maîtrise suffisante de la lecture et de l’écriture ». Les sénateurs veulent aussi recentrer les programmes d’Histoire autour du « roman national » et demandent « le rappel chaque semaine par le chef d’établissement des valeurs citoyennes autour de sujets d’actualité » et un « serment d’entrée en fonction » pour les enseignants. « Bien entendu, il ne s’agirait en aucune manière d’un serment d’allégeance à l’État, mais d’un engagement de servir dans le respect loyal des principes déontologiques et pédagogiques qui doivent animer tout éducateur au plus noble sens du terme. », détaillent-ils. [...]"

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