24 octobre 2020
[Les articles de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
Sarah El Haïry, secrétaire d’état à la jeunesse et à l’enseignement, est venue écouter, à Poitiers, 130 jeunes venus de toute la France, engagés dans le réseau des centres sociaux.
"Elle a l’énergie des trentenaires, la conviction chevillée à son maroquin et le tutoiement naturel lorsqu’elle s’adresse aux jeunes : Sarah El Haïry, secrétaire d’État à la Jeunesse et à l’Éducation auprès du ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, est allée, hier matin, à la rencontre du réseau Jeunes des centres sociaux accueillis dans les locaux de l’ensemble scolaire privé Isaac de l’Étoile.
La Fédération des centres sociaux de France installée pour une semaine de travail à Poitiers avait choisi la thématique religieuse. Le programme, arrêté en amont du terrible drame de Conflans-Saint-Honorine, a revêtu un relief singulier avec la mort du professeur décapité, Samuel Paty.
La visite ministérielle, également anticipée, a connu une acuité nouvelle dans l’échange entre la représentante du gouvernement et les jeunes gens venus de toute la France.
Volontaire, combative, Sarah El Haïry a déroulé son propos face à un auditoire souvent hermétique à son discours. « Je suis là pour vous écouter, accompagner toutes les jeunesses, pour dire comment on trouve sa place, son chemin, comment on donne les cartes pour construire son avenir ».
Des mots bien faibles à l’impact superficiel pour Nahel et Kandjoura, en terminale générale à Châtellerault : « Ce qu’on attend, ce sont des réponses concrètes, on veut des actes, elle ne répond qu’à moitié. » Et la secrétaire d’État de reprendre son bâton de pèlerin en rappelant ce qu’est l’école, « un lieu vibrant de la construction libre, sanctuaire de la République », qui permet aux adolescents de devenir des adultes capables de penser par eux-mêmes.
« Très bien », répondent en écho les intéressés mais « nous voulons affirmer nos différences, porter des signes distinctifs religieux aux lycées, avoir des espaces pour nous, ne plus vivre des discriminations. » La liste est longue. Les témoignages forts. « J’étais en seconde, la seule noire dans ma classe. J’étais mise à l’écart, je faisais tous les travaux mais sans jamais de reconnaissance », raconte l’ado.
La ministre écoute et la visite devient une leçon d’éducation civique, un cours sur la liberté, les libertés, sur la définition de la laïcité, la fameuse loi 1905. « Elle sépare les églises et l’État, la République protège ceux qui croient et ceux qui ne croient pas », « cette loi permet le débat, la critique et à chacun de dire ce qu’il pense. Nous avons le droit d’être en désaccord profond dans notre pays ».
La colère, la fatigue des jeunes, Sarah Haïry l’a ressenti et a essayé de faire le tampon avec cette génération et, pour l’unir, a chanté la Marseillaise. Personne ne s’est levé. Pas même un élu. « Je l’ai fait pour nous unir ». Peu de jeunes ont repris en chœur l’hymne national : « C’est un chant guerrier alors que les religions monothéistes prônent la paix », lui rétorquent des jeunes filles. « Le chemin est long et difficile », confiait la secrétaire d’État avant de partir à Châtellerault pour l’école de la deuxième chance."
Lire "À Poitiers, difficile dialogue entre les jeunes et "leur" secrétaire d’État, Sarah El Haïry".
Lire aussi dans la Revue de presse le dossier Rencontres des jeunes des centres sociaux (Poitiers, oct. 20) ; "Sondage Ifop : La liberté d’expression, c’est important, mais…" (Charlie Hebdo, 2 sept. 20) (note du CLR).
Comité Laïcité République
Maison des associations, 54 rue Pigalle, 75009 Paris
Voir les mentions légales