10 décembre 2012
[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
Lire "De quoi la France doit-elle s’excuser ?"
"Le retournement n’en finit pas de peser : la France, qui ne s’est longtemps construite et imposée que par la glorification de son histoire, semble en être aujourd’hui embarrassée, honteuse. C’est devenu une routine, son passé resurgit régulièrement dans l’actualité.
Aujourd’hui, c’est la perspective d’un voyage présidentiel au Maghreb qui incite les autorités d’Alger à rappeler que « la colonisation a été un crime massif dont la France doit se repentir si elle envisage d’établir avec l’Algérie des relations de qualité ». Gérard Longuet, ancien ministre de la Défense de Nicolas Sarkozy, a déjà répondu par un spectaculaire bras d’honneur télévisé et des propos – « La repentance affaiblit notre pays et oppose les Français les uns aux autres » – qui ont immédiatement relancé la polémique.
Ce que doit dire François Hollande de ce rapport au passé constitue désormais l’aspect le plus délicat d’un déplacement qui comporte pourtant des enjeux diplomatiques et économiques non négligeables. Farouk Ksentini, « M. Droits de l’homme » du président algérien, Abdelaziz Bouteflika, a l’obligeance de lui préciser que « la repentance n’est ni une danse humiliante, ni un aveu » et qu’il « compren[d] mal les hésitations de l’Etat français ».
Quand ils ne sont pas sommés, lors de visites à l’étranger ou de commémorations, de prendre position sur les grandes dates de l’histoire de France, les hommes politiques en rajoutent eux-mêmes en s’invectivant à coups d’allusions historiques, de préférence dans le registre infamant : « pétainiste ! », « robespierriste ! », « collabo ! », « Versaillais ! »...
De la Saint-Barthélemy à la guerre d’Algérie, la liste est copieuse des références horrifiques d’une histoire longue, tourmentée, et dont les ombres et les lumières, projetées loin à la surface du globe, ont laissé des traces partout. Partant d’un bon principe - l’avenir ne se construit pas sans assumer le passé -, la France a connu ces dernières années une inflation mémorielle qui promettait l’apaisement mais qui ne cesse d’entretenir l’insatisfaction.
Dernier épisode en date, les propos de François Hollande sur la « sanglante répression » de la manifestation du FLN, le 17 octobre 1961, à Paris. « La République reconnaît avec lucidité ces faits », a précisé le président, rompant avec cinquante ans de silence officiel de l’exécutif sur ces massacres. Alger a trouvé cette déclaration insuffisante, exigeant des « excuses », de même que nombre de commentateurs en France ont estimé que le président était « timide » et « frileux », en refusant notamment de s’engager sur le nombre de victimes.
Inversement, Marine Le Pen a condamné un « processus de repentance » consistant « à salir la France en toutes circonstances », tandis que François Fillon déclarait « en [avoir] assez que, tous les quinze jours, la France se découvre une nouvelle responsabilité et mette en avant sa culpabilité permanente ». Christian Estrosi, deputé-maire UMP de Nice, ancien ministre de Nicolas Sarkozy, s’est raidi, dans un garde-à-vous très Algérie française (dont il avait d’ailleurs fait l’éloge le mois dernier), en déclarant qu’il n’entendait pas « faire de devoir de repentance à l’égard de l’œuvre civilisatrice de la France avant 1962 » (sic). Et Christian Jacob, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, s’est braqué dans une posture rappelant celle des antidreyfusards refusant par principe que l’on souligne une faute de l’armée, en expliquant qu’il était « intolérable de mettre en cause la police républicaine ».
Ces réactions montrent que plusieurs décennies de préoccupations mémorielles ont plus favorisé que dissipé la confusion entre repentance, reconnaissance, connaissance, histoire et mémoire, ainsi que l’a rappelé Kader Arif, ministre français des Anciens Combattants : « Il n’est pas question de faire repentance », mais de « regarder notre histoire de la façon la plus juste ».
Il faut dire que les cinq années de zigzag en la matière de Nicolas Sarkozy n’ont pas arrangé les choses : l’ancien président, qui avait eu l’idée de faire porter par chaque classe d’écoliers la mémoire d’un enfant juif disparu, disait vouloir « en finir avec la repentance, qui est une forme de haine de soi », sauf celle concernant le sort des harkis dont la France devait porter la « responsabilité historique »...
On vérifie une fois de plus dans cette actualité tous les paradoxes et contradictions des initiatives mémorielles. C’est d’avoir utilisé à propos du 17 octobre 1961 le mot juste - « reconnaissance » - qui est reproché au président de la République par ceux qui souhaitaient repentance et excuses, tout comme le fait de ne pas s’être engagé sur le nombre des victimes - qui relève des historiens - lui est reproché par les nostalgiques d’une histoire officielle d’Etat.
Et l’on retrouve aussi dans cet épisode un réflexe pénible : le soupçon d’inauthenticité porté sur chaque parole mémorielle. Ainsi, selon Marine Le Pen, la déclaration de François Hollande ne s’explique que par son prochain voyage au Maghreb, tandis que, à Alger, il a été immédiatement souligné que le ministre Kader Arif était un fils de harki, pour déconsidérer ses propos invitant les Algériens à être « eux aussi capables de faire des gestes ». Avec une ironie aigre, le Quotidien d’Algérie, le 1er novembre, a ainsi reproché à François Hollande d’avoir « fait resurgir l’affrontement » en « nommant au ministère des Anciens Combattants Kader Arif, dont les parents ont ouvertement choisi le camp de la civilisation contre les barbares et les indépendantistes ».
Quant à la confusion des mots, il faut comprendre pourquoi le terme de « repentance » s’est imposé alors qu’il est inapproprié. La repentance est une notion chrétienne qui ne peut s’appliquer qu’à l’auteur d’un acte qu’il se reproche à lui-même. Elle a un sens dans la bouche du général Massu quand, peu avant sa mort, il présente ses excuses pour la torture en Algérie, ou dans celles de ces terroristes de l’IRA qui ont regretté publiquement « les souffrances et la douleur » qu’ils avaient causées. Mais se repentir sur le dos des autres est un péché ! Or, c’est devenu le péché mignon de bien des hommes politiques et des médias. La contrition est photogénique et il semble devenu plus facile à certains de pardonner que de donner. Il faut avoir connu, dans les années 80, l’abandon officiel et la solitude désolante des sites des camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande, lieux de la souffrance de près de 4 000 enfants juifs de la rafle du Vél d’Hiv séparés de leurs parents avant leur déportation, et les comparer, depuis, au tourbillon annuel des limousines officielles et des discours empesés des notables locaux, pour comprendre à quel point la repentance est devenue pour certains édiles la forme contemporaine de « l’oblique génuflexion des dévots pressés » raillée par Flaubert.
D’où une tendance à ne plus voir que les heures noires de l’histoire de France dont la plus troublante illustration est fournie par la manière dont a été transformé le célèbre discours de 1995 de Jacques Chirac à propos, précisément, de Vichy et de la rafle du Vél d’Hiv. Modèle de nuance historique, ce long texte rédigé par Serge Klarsfeld et Christine Albanel (future ministre de Culture et alors conseillère à l’Elysée) évoquait subtilement l’existence, sous l’Occupation, de « deux France », l’une, celle de Pétain, qui « accomplissait l’irréparable », et l’autre, qui « n’a jamais été à Vichy », mais dans les « sables libyens et partout où se battent les Français libres », « à Londres, incarnée par le général de Gaulle » et « dans le cœur de ces Français, ces justes parmi les nations qui, au plus noir de la tourmente [...], ont donné vie à ce qu’elle a de meilleur, en sauvant au péril de leur vie les trois-quart de la communauté juive ». De ce discours contradictoire, fidèle reflet de la complexité de la France sous l’Occupation, en proie à une guerre civile morale et politique, presse et élus n’ont souvent retenu que le thème de la « France coupable », qui a fini par s’imposer, alors que le texte intégral répondait parfaitement à l’exercice de vérité que recommandait Albert Camus : « Il est bon qu’une nation soit assez forte de tradition et d’honneur pour trouver le courage de dénoncer ses propres erreurs. Mais elle ne doit pas oublier les raisons qu’elle peut avoir encore de s’estimer elle-même. Il est dangereux en tout cas de lui demander de s’avouer seule coupable, et de la vouer à une pénitence perpétuelle. »
De la colonisation à 1914-1918, de l’Occupation à la guerre d’Algérie, ce fut, depuis vingt ans, la même insistance sur les défaillances et les crimes au détriment de ceux qui s’y sont opposés. En ne s’intéressant qu’aux ombres de l’histoire de France, on finit par la noircir, au point de ne plus voir, par exemple, dans la Résistance qu’un panier de crabes, une affaire de marginaux agités et divisés à qui l’on reproche la légende mensongère d’une France résistante, ce qu’avait d’ailleurs bien prévu le philosophe Vladimir Jankélévitch : « Demain, la Résistance devra se justifier pour avoir résisté. » Et ce qui a fait dire à l’historien Pierre Laborie, l’un des meilleurs connaisseurs de l’Occupation, que cette obsession de la repentance lui rappelait « les délires d’expiation de Vichy et l’exaltation jubilatoire de certains collaborationnistes à célébrer l’abaissement de la France ».
Mais il faut comprendre que cette insistance n’est pas forcément du masochisme, et s’explique souvent par l’idée sincère que ce regard sur les pages noires de l’histoire aura un effet bénéfique pour le présent. L’idée, c’est que plus la France aura honte de ses crimes, plus les problèmes actuels de ceux qui s’identifient à ses victimes du passé se résoudront. La lumière braquée sur la collaboration vichyste à l’extermination devait permettre d’en finir avec l’antisémitisme et le négationnisme. Le retour sur la colonisation, l’esclavage et la guerre d’Algérie devait permettre de surmonter les ratés de l’intégration.
Mais, ces dernières années, de nombreuses voix juives ont fait l’amer constat que, malgré l’intensité du devoir de mémoire - « plus jamais ça » -, l’impensable revient en France avec la montée de l’antisémitisme, l’impossibilité de parler d’Auschwitz dans certaines classes, et maintenant l’assassinat d’enfants juifs sur le sol français.
La crainte commence à poindre de connaître la même déception sur le terrain de l’intégration. Considérer, comme l’a fait Jack Lang, que les émeutiers de banlieue sont les « enfants ou les petits-enfants de la colonisation » est peut-être plus confortable que de reconnaître qu’ils sont victimes de trente ans de politiques urbaines et scolaires qui les ont exclus dans des ghettos abandonnés, mais pourrait avoir des effets contraires à ceux recherchés. Il est risqué de se servir du passé de cette manière dans un pays qui s’est forgé autour d’une histoire commune : la découper par appartements pour y loger autant de mémoires communautaires favorise leur concurrence.
Et sur chaque événement historique s’écrivent de plus en plus, chacune dans leur coin, des mémoires différentes, mais chacune pleine de trous de mémoire, comme on le constate désormais à propos de la guerre d’Algérie, avec la juxtaposition de la mémoire pied-noir, la mémoire harkie, la mémoire OAS, la mémoire des militaires et appelés du contingent, la mémoire FLN et la mémoire MNA (le Mouvement national algérien qu’écrasa le FLN au terme de tueries qui firent plusieurs milliers de morts en métropole).
Ce morcellement remonte le temps, et de nombreuses associations disent représenter des « victimes de l’histoire ». Dieudonné et Les Indigènes de la République ont ainsi avancé l’expression (très problématique) de « descendant d’esclave », titulaire d’une dette dont devrait s’acquitter la France. Empruntée à certains mouvements noirs américains - chez qui elle correspond à une réalité historique -, cette notion ne peut, avec des nuances, s’appliquer en France qu’aux populations originaires des départements d’outre-mer, mais pas à celles de l’immigration africaine, n’ayant aucun rapport généalogique avec l’esclavage, sinon une éventuelle filiation avec des marchands d’esclaves. Et quand la généalogie est établie, que signifie revendiquer une identité victimaire après cinq ou six générations de décalage ? Est-ce assimilable aux souffrances et traumatismes transmis ou vécus directement, d’une génération à l’autre ou entre contemporains, qu’ont connus juifs, Arméniens, Bosniaques, Rwandais ou victimes du communisme ? Il n’y a pas de transmission héréditaire du statut de victime et de bourreau, sauf à renouer avec l’essentialisme dont Charles Maurras fut le dernier représentant en France. Ce souci de repentance attentif à l’écho qu’il aura sur certaines communautés a pour conséquence de malmener l’histoire en la découpant en fonction des clientèles visées.
Cette réécriture a fini par inquiéter les historiens qui ont tiré la sonnette d’alarme à propos de la loi Taubira de 2001 choisissant de ne qualifier de « crime contre l’humanité » que « la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l’océan Indien, d’une part, et l’esclavage, d’autre part, perpétrés à partir du XVe siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l’océan Indien et en Europe ». D’une tragédie - l’esclavage et son commerce - qui appartient à la longue histoire de l’humanité, la loi Taubira ne sélectionnait, sur une séquence courte, que les faits imputables aux seuls Européens, laissant de côté la majorité des victimes de l’esclavage. Car la terrible traite transatlantique, du XVe au XIXe siècle, ne constitue malheureusement qu’une partie de l’histoire de l’esclavage, qui comprend la traite arabo-musulmane, laquelle a duré du VIIe au XXe siècle, et la traite intra-africaine, toutes deux plus meurtrières.
Cette loi de repentance apparut aux historiens emblématique d’une relecture du passé en fonction des enjeux du présent, ce que Christiane Taubira assuma franchement en précisant qu’elle n’évoquait pas la traite négrière arabo-musulmane pour que les « jeunes Arabes ne portent pas sur leur dos tout le poids de l’héritage des méfaits des Arabes ». Les historiens sont d’autant plus inquiets de cette instrumentalisation de l’histoire qu’elle s’est traduite pénalement : leur collègue Olivier Pétré-Grenouilleau, un des meilleurs spécialistes mondiaux des traites négrières, a été attaqué en justice au nom de la loi Taubira.
Estimant que ces lois de repentance mettaient en danger la recherche historique, une majorité d’historiens se sont regroupés au sein de l’association Liberté pour l’histoire, présidée par Pierre Nora. Lequel s’inquiète d’un processus de « criminalisation générale du passé, surtout national », que constitue cette repentance européo-centrée proclamée par la loi Taubira. Il relève notamment ce paradoxe de l’utilisation du concept de « crime contre l’humanité », catégorie pénale dont l’objet est la poursuite de criminels, dans une loi traitant de faits limités à l’Europe et remontant au XIXe siècle, alors qu’elle exclut soigneusement d’autres parties du monde où l’esclavage existe encore (Soudan, Niger, Mauritanie) et où ses responsables, qui pourraient être poursuivis, sévissent en toute impunité, malgré les efforts de quelques militants antiesclavage isolés.
Moustapha Kadi Oumani, par exemple, souligne les contradictions de cette repentance à deux vitesses en conclusion de son livre Un tabou brisé. L’esclavage en Afrique (L’Harmattan, 2005) : « Il apparaît bien paradoxal, au moment où l’Afrique attend des excuses pour les effets dévastateurs qui ont laminé son potentiel économique, déformé les systèmes politiques, sapé les pratiques morales et civiques, qu’elle continue à pratiquer elle-même l’esclavage. »
Ce genre de contradictions sert d’argument à ceux qui ne créditent même plus les initiatives de repentance de vouloir réparer les problèmes du présent mais plutôt de les fuir, comme le philosophe Peter Sloterdijk, qui dénonce, dans la transformation de l’histoire en « spectacle immonde », une volonté de faire diversion afin de permettre aux « sociétés contemporaines de ne pas résoudre leurs véritables problèmes en les entraînant dans des débats artificiels ».
Alain Finkielkraut diagnostique de son côté une « arrogance du présent » qui colonise non plus l’espace mais le passé, en imposant de manière anachronique les valeurs morales actuelles à des événements anciens que l’on ne cherche plus à comprendre mais à juger. Ce complexe de supériorité transforme toutes les grandes figures de l’histoire de France en suspects. Le courage des poilus ? On préfère ne voir en eux que des victimes aliénées, plutôt que de faire l’effort de comprendre ce que fut le patriotisme. Les Alliés sont coupables de ne pas avoir libéré Auschwitz avant d’avoir débarqué en Normandie. Les cheminots résistants fusillés ? Que n’ont-ils fait pour arrêter les trains de déportés ? Cet anachronisme dévore tout, et bientôt l’on reprochera à Jean Moulin de ne pas avoir institué la parité dans la Résistance.
Les ravages de cette tendance à ne plus voir que l’histoire en noir et à ne plus la comprendre ont d’ailleurs incité Serge Klarsfeld à passer du rôle de perturbateur qu’il avait quand le passé vichyste de la France était enfoui, pour celui de modérateur, quand il prit une dimension caricaturale. Il fut ainsi vigilant à rappeler le rôle premier des nazis, à s’opposer à la légende de l’ampleur des dénonciations sous l’Occupation, et ne cesse de préciser que si « les juifs ont moins souffert en France, c’est parce qu’ils y ont rencontré plus de gens secourables ».
Jacques Chirac a d’ailleurs tenté de rééquilibrer en 2004 la perception hémiplégique de son discours sur le Vél d’Hiv de 1995 par celui du Chambon-sur-Lignon, où de nombreux juifs furent sauvés par des paysans protestants et un sous-préfet bienveillant, en insistant sur la « mémoire du bien » qui « a grandi la France » et à laquelle « trop peu de place a été accordé au regard de la mémoire du mal ».
Ces tentatives de rééquilibrage n’ont pas empêché l’inflation pénitentielle sur le dos des ancêtres de constituer la vulgate commune du panurgisme médiatique et de quelques céliniens mondains se délectant de dénoncer la « France moisie ». Dès ses débuts, cette facilité avait fait réagir notre ami Jacques Julliard, se demandant s’il n’y avait pas « quelque chose de pire que la lâcheté des époques précédentes : la bonne conscience de la nôtre. Messieurs les Redresseurs de torts du passé, allez demander pardon aux Cambodgiens, aux Bosniaques, aux Soudanais, aux Rwandais. Après, vous aurez le droit de pleurer les juifs, les Tsiganes, les Algériens. Nous avons bonne mine, les pieds dans le sang, avec notre devoir de mémoire. Ah non, les morts du passé ne sont pas morts pour rien, puisque leur souvenir sert à étouffer les cris de ceux que l’on est en train d’égorger »."
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