Revue de presse

"Comment l’Etat repère les mosquées radicalisées" (lejdd.fr , 6 déc. 20)

6 décembre 2020

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Une fois les lieux en rupture avec la République identifiés, les administrations doivent ruser pour obtenir leur fermeture.

Par Plana Radenovic, envoyée spéciale à Lille (Nord)

Les locaux, en plein chantier, sont sous les fenêtres de la mairie. Et les travaux se poursuivent, malgré l’arrêté municipal ordonnant leur suspension. Situés dans la métropole lilloise, ils abritent une association qui figure sur la liste des 76 mosquées ciblées par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, dans une note envoyée le 27 novembre aux préfets. La structure, qui ne déclare que 160.000 euros de fonds propres, en a déboursé 700.000 pour l’acquisition de ce bâtiment volumineux, qui abrite déjà un espace de prière et d’ablutions.

"Une performance de haute volée", raille le commissaire à la tête du renseignement territorial, soupçonnant des financements étrangers. Chaque week-end, les lieux accueillent 350 enfants auxquels sont dispensés des cours d’enseignement coranique. L’Education nationale a reçu plusieurs signalements faisant état d’élèves épuisés le lundi matin, les mains couvertes de bleus après deux jours à psalmodier. Dans le quartier, la police a relevé "l’omniprésence du voile islamique", et le bailleur social, lui, raconte n’avoir que des "candidatures communautaires".

Le cas de cette association a été longuement évoqué lors d’une réunion de la cellule de lutte contre l’islamisme et le repli communautaire (Clir), organisée vendredi à la préfecture du Nord. Créées en novembre 2019, ces instances pluridisciplinaires (Education nationale, CAF, Finances publiques, etc.), coprésidées par un préfet et un procureur et au nombre de 98 sur tout le territoire, ont pour mission d’identifier et de surveiller les lieux soupçonnés d’être en rupture avec la République.

Autre site, autre exemple : une association dont les locaux se trouvent dans une petite ville située en plein cœur du bassin minier. Elle aussi figure sur la liste définie par le ministère de l’Intérieur. Il y a quatre ans, ses responsables ont acheté un bâtiment désaffecté de 3.000 mètres carrés. Mais les travaux effectués n’ont pas été ceux déclarés : une salle de prière a été érigée à la place d’un lieu de réunion. Dans un autre local qui appartient à la mairie, la même association reçoit 200 enfants qui apprennent l’arabe. Et ses membres restent sourds aux demandes de l’édile qui veut récupérer les clés. La préfecture y voit "une volonté de tout contourner".

Une fois les lieux identifiés, reste à les fermer. Les services de l’Etat doivent ruser : contrôler si les locaux répondent aux normes régissant les établissements recevant du public, telles que la sécurité incendie, éplucher les comptes sociaux ou encore vérifier si l’entité est agréée pour accueillir de jeunes enfants.

"Il est temps de nommer les choses sans tabou, juge le préfet de Région, Michel Lalande. Notre job est que la République soit partout chez elle, qu’elle n’ait pas à s’excuser d’être là." Le haut fonctionnaire a déjà fait fermer trois établissements pour apologie du terrorisme. L’un d’entre eux, le centre islamique Zahra à Grande-Synthe (Nord), a rouvert clandestinement. Lors du procès de ses quatre dirigeants le 27 novembre, le procureur de Dunkerque a requis de la prison ferme. Le jugement est attendu le 27 janvier.

Mais, pour lutter contre le séparatisme, le préfet ne veut pas s’en tenir aux seules sanctions. Alors, tous les 13 juillet, il distingue une quarantaine de personnes dont le parcours "honore la République" : un migrant sorti de la jungle de Calais et désormais dentiste ou une immigrée cambodgienne issue d’un quartier pauvre de Roubaix (Nord) aujourd’hui cheffe de service au CHRU de Lille. "Pour la République, l’un des antidotes au séparatisme, c’est aussi de faire envie.""

Lire "Comment l’Etat repère les mosquées radicalisées".


Voir aussi dans la Revue de presse la rubrique Loi "Principes de la République" : lieux de culte dans Loi "Principes de la République" (2020-21) (note du CLR).


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