Revue de presse

"Charlie Hebdo : des combattants de la laïcité cible privilégiée des islamo-gauchistes" (marianne.net , 11 jan. 15)

11 janvier 2015

"Pendant des années, "Charlie Hebdo" fut la cible d’associations, d’avocats, de journalistes de la mouvance islamo-gauchistes, et particulièrement du Parti des indigènes de la République qui qualifiait régulièrement le journal d’ "islamophobe". Jeannette Bougrab, ex-secrétaire d’Etat et compagne de Charb, a directement accusé ces milieux d’avoir mis le feu aux poudres.

« Notre condamnation est totale » écrivait le 7 janvier 2015 le Parti des indigènes de la République sur son site. « Le Parti des Indigènes de la République exprime toutes ses condoléances aux familles endeuillées et dénonce de façon ferme et définitive le massacre épouvantable qui vient d’être commis à Charlie Hebdo » écrit le PIR (sic) sans jamais oublier d’ajouter — c’est son credo — que « cet attentat odieux (…) s’inscrit dans un contexte d’islamophobie extrême mais que rien ne saurait justifier ».

L’exercice obligé de l’indignation sonne curieusement faux du côté des indigènes de la République. « L’islamophobie », c’est précisément ce dont était régulièrement accusé Charlie Hebdo dans certains milieux islamo-gauchistes et notamment par les indigènes de la République. La critique a commencé en 2006, au moment de la publication par Charlie des caricatures de Mahomet. A l’époque, en soutien à Charlie, Marianne publiera également les caricatures. Jean-François Kahn appellera en vain (excepté Le Point) les autres patrons de presse à faire de même.

Le mouvement des indigènes de la République dénoncera notamment dans un communiqué, le « consensus raciste » qui s’est manifesté, selon lui, lors du procès en 2007 contre Charlie Hebdo intenté par la Grande Mosquée de Paris et l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) : « Désormais un racisme démocratique se met en place qui, de Charlie Hebdo à Pascal Sevran, en passant par Georges Frêche et François Bayrou, prend pour cible les descendants de colonisés » commentent alors les indigènes qui dénoncent également le soutien apporté par Nicolas Sarkozy à l’hebdomadaire satirique. L’association en conclut que « le monde blanc se tient les coudes, alors que négrophobie et islamophobie sont devenues les dernières expressions, les plus chics, du courage politique ».

Dès 2006, dans un pamphlet intitulé Les habits neufs du doriotisme, la porte-parole des Indigènes, Hariane Bouteldja, dénonce ce qu’elle considère comme les « inclinaisons nationales-populistes d’un certain nombre d’acteurs de la gauche française », notamment au sein de la rédaction de Charlie Hebdo : « L’idéologie néo-doriotiste de cette gauche réactionnaire semble notamment véhiculée par une partie de la rédaction de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo. A l’origine non-conformiste et anti-bourgeois, ce périodique qui a révélé assez rapidement un antiféminisme vulgaire, se veut aujourd’hui le porte-voix décomplexé du discours islamophobe. Cette ligne éditoriale se fondant, selon ses auteurs, sur l’anticléricalisme traditionnel de la gauche française. Animé notamment par des figures vieillissantes de l’anarchisme soft de Mai 68, Charlie Hebdo semble rechercher une seconde jeunesse en chassant sur les terres balisées et gratifiantes de la guerre contre les musulmans ».

L’attaque est précise et la comparaison, imbécile et aberrante, ne doit rien au hasard : Jacques Doriot était un journaliste et homme politique français, qui commencera son parcours politique au Parti communiste avant de connaître une dérive fasciste et de fonder le Parti populaire français, l’un des principaux partis collaborationnistes. C’est à ça -un journal de gauche dévoyé dans une sorte de néo-collaborationnisme- que Les indigènes assimilent Charlie !

Outre les accusations de fascisme anti-islamique, l’auteur dénie aux dessinateurs de presse tout droit à « la dérision du sacré » : « Pour ces dessinateurs de presse, il s’agirait de hisser ces masses barbues et voilées vers la modernité en acceptant, comme pour les autres croyances, la dérision du sacré au nom de la liberté d’expression. Charlie Hebdo se présente ainsi en tant qu’héritier, en ligne directe, des tenants de la "mission civilisatrice", venus éclairer les barbaresques d’Afrique du Nord. Avec les résultats qu’on sait ».

En 2011, Houria Bouteldja, Rokhaya Diallo, mais aussi des féministes, des journalistes, des avocats, des militants anti racistes signeront un texte contre le soutien à Charlie Hebdo après l’incendie des locaux de l’hebdomadaire. Le journal est précisément mis en cause dans un texte : « La disproportion entre les unes alarmistes sur l’incendie de Charlie Hebdo et les brèves de dix lignes sur les saccages de lieux de culte musulmans entretient une vision du monde raciste : si un saccage est plus grave qu’un autre, c’est que les biens des uns sont plus précieux que les biens des autres, et c’est en définitive que les uns valent plus que les autres ».

Ou encore : « Il n’y a pas lieu de s’apitoyer sur les journalistes de Charlie Hebdo, que les dégâts matériels seront pris en charge par leur assurance, que le buzz médiatique et l’islamophobie ambiante assureront certainement à l’hebdomadaire, au moins ponctuellement, des ventes décuplées, comme cela s’était produit à l’occasion de la première "affaire des caricatures" - bref : que ce fameux cocktail molotov risque plutôt de relancer pour un tour un hebdomadaire qui, ces derniers mois, s’enlisait en silence dans la mévente et les difficultés financières ».

Rokhaya Diallo tiendra le même discours sur un plateau télé, limitant presque l’incendie des locaux de l’hebdomadaire à un joli coup de pub pour un hebdo en mal de lecteurs...

Plus récemment, en décembre 2013, Olivier Cyran, ancien journaliste à Charlie qui le quittera en 2001, dénoncera sur le site Article 11 « la grandissante obsession pour l’islam » de Charlie en réponse à une tribune de Charb et Fabrice Nicolino (blessé dans l’attaque) dans Le Monde : « Non, Charlie Hebdo n’est pas raciste ».

Olivier Cyran ne mâche pas ses mots. La charge est lourde, sans nuances : « La névrose islamophobe qui s’est peu à peu emparée de vos pages à compter de ce jour-là (le 11 septembre 2001, ndlr) m’affectait personnellement, car elle salopait le souvenir des bons moments que j’avais passés dans ce journal au cours des années 1990. Le rire dévastateur du « Charlie » que j’avais aimé sonnait désormais à mes oreilles comme le rire de l’imbécile heureux qui se déboutonne au comptoir du commerce, ou du cochon qui se roule dans sa merde. Pour autant je n’ai jamais qualifié votre journal de raciste. Mais puisque aujourd’hui vous proclamez haut et fort votre antiracisme inoxydable et sans reproches, le moment est peut-être venu de considérer sérieusement la question ».

Interminable, le texte décrit Charlie comme une « machine à raffiner le racisme brut », coupable d’un « pilonnage obsessionnel des musulmans » — la formule est glaçante un an plus tard… — et d’avoir contribué « à rendre ce pays insalubre ». Bref, dans le mode de pensée binaire de ceux-là qui aiment à se complaire dans une position victimaire, s’il existe un problème musulman, Charlie en est à la fois responsable et coupable. Pas moins.

Pendant des années, Charlie Hebdo fut ainsi la cible de cette mouvance islamo-gauchiste pour qui toutes les affaires liées au foulard islamique ou la crèche Baby-Loup ne sont que de faux débats entretenus dans l’unique objectif de dénoncer la communauté musulmane dans son ensemble, quand ils ne sombrent pas littéralement dans la théorie complotiste, imaginant Charlie en bras armé et imprimé d’un pouvoir à l’époque sarkozyste.

L’ex-secrétaire d’Etat à la Jeunesse, Jeannette Bougrab, qui se présente comme la compagne de Charb, s’exprimait jeudi soir sur BFM-TV. La plupart des médias n’ont retenu que l’émotion et la dignité de son intervention. Elle n’a pourtant pas manqué de pointer du doigt une certaine extrême gauche, accusant même précisément les indigènes de la République (à partir de 11’00’’).

« Ceux qui défendent la laïcité dans ce pays sont accusés d’islamophobie. On a tous eu droit à des nominations aux "Y’a bon awards". Charb préparait un livre sur l’islamophobie pour déconstruire cela. On peut être laïc, tolérant et accepter que la religion soit dans un espace, une sphère privée. Je pense qu’ils sont coupables, qu’ils ont une responsabilité quand on dit sans arrêt qu’ils étaient racistes parce qu’ils faisaient telle une. A force de les pointer du doigt, de dire que Charlie Hebdo sont des islamophobes, qu’ils détestent l’islam. Je pense aux Y’a bon awards et aux indigènes de la République, bien sûr qu’ils sont coupables. Je le dis et j’assume mes propos. Qui est mort aujourd’hui ? Ce n’est pas un imam qui est mort, ce sont des combattants pour la liberté »."

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