Céline Pina

C. Pina : "Quand Mila nous écrit" (C. Pina, 17 nov. 20)

Céline Pina, essayiste, animatrice de Viv(r)e la République, ex-conseillère régionale (PS) d’Ile-de-France. 17 novembre 2020

[Les échos des initiatives proches sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Il faut lire la lettre de Mila.
Cette jeune fille de 17 ans montre une lucidité et une dignité dont gagnerait à s’inspirer une classe politique qui nous fait honte. La dernière sortie de Ségolène Royal est particulièrement abjecte, mais elle ne fait que mettre ses pas dans ceux de Nicole Belloubet et bien d’autres. Que dire aussi du représentant de l’islam modéré ? Le CFCM et M. Zekri, disant qu’elle l’a bien cherché. Rien ? C’est visiblement le choix institutionnel qui est fait.

Se coucher devant les loups et dire : « prenez mes enfants d’abord, ils sont plus juteux », voilà comment a réagi la majorité de la classe politique quand il s’est agi de défendre Mila. Mila qui aurait pu être n’importe lequel de nos enfants.
Pour avoir simplement usé de sa liberté d’expression une adolescente a vu sa vie détruite au nom de la défense de l’islam. Aujourd’hui elle n’a pas d’avenir, se cache et reste une cible. Et personne pour dire qu’une religion qui crée autant de violences est un problème ?

Pire même, les imams clairs sur la République, comme Hassan Chalgoumi sont violemment attaqués par des gens que l’on présente comme « modérés ». Telle Bariza Khiari, edile socialiste et opportuniste, qui ne reconnait pas un islamiste même quand il sévit sous son nez, mais n’hésite pas à accrocher une cible dans le dos d’un homme qui porte un islam simple loin des circonvolutions pseudo intellectuelles et franchement obscurantistes des frères musulmans.

Pendant ce temps les bourreaux de Mila se pavanent et on entend très peu parler des sanctions de cette masse de voyous qui harcèlent en meute et en toute impunité. Ils ont rétabli le délit de blasphème de fait et cela a abouti à l’assassinat de Samuel Paty. Et de combien d’autres derrière ?

Et pourquoi se gêner. Puisque le pouvoir baisse les yeux.

Ainsi les juifs ont été chassés de l’école de la République dans certains quartiers sans que cela ne suscite de réaction politique. Pourtant cela montre l’influence des islamistes sur les musulmans et le fait que leurs mots d’ordre sont suivis au-delà de leur rang par la jeunesse, ou une jeunesse sur qui le travail de radicalisation par réislamisation a été efficace. Pourquoi un tel pouvoir de pénétration de cette idéologie ? Pas parce qu’elle propose un idéal spirituel. C’est faux. Parce qu’elle promet la domination et l’humiliation de l’autre. Ce qui plait, ce n’est pas la quête intellectuelle, mais le fait de faire peur, de voir les autres baisser les yeux et tracer. Le fait que devant les revendications islamistes, les institutions se couchent, excite cette jeunesse, qui du coup, va à chaque fois un peu plus loin.

Il faut dire que l’affaire Mila a de quoi donner des ailes aux pires islamistes : vous êtes un tordu violent et harceleur, radicalisé et agressif : bienvenu à l’école de la République. Vous êtes victime de harcèlement et vos agresseurs brandissent l’islam, l’offense à leur prophète pour justifier leurs actes : on vous demande de disparaitre et ceux chargés de défendre l’intérêt général au mieux se taisent, au pire vous accrochent des cibles dans le dos.

Et les politiques se demandent encore pourquoi leur image est si abimée ? Et si c’était parce que nul n’a besoin d’élites lâches ?

Les harceleurs de Mila doivent être punis. Et nous devrions être fiers qu’ils le soient.

Quant à Mila, si on interrogeait les Français, nous serions tous d’accord pour qu’elle puisse aller étudier les arts, à l’étranger, dans une école prestigieuse, y compris privée et luxueuse. A nos frais.

Le Président devrait honorer la maturité et l’intelligence d’une telle lettre. A la différence des petits marquis poudrés qui l’entourent, cette lettre prouve effectivement que la valeur n’attend pas le nombre des années. Mais que de telles personnes sont rares.

Pourquoi essayer de trouver, quel qu’en soit le prix, un endroit où Mila s’épanouisse, un présent et un avenir enviable pour elle ? Parce qu’elle incarne le meilleur de nous, parce qu’à travers elle, c’est la prise de conscience de leur mission de protection que l’on attend des politiques. Si être ciblé par l’islam politique finit par signifier que l’on a toute la Nation debout derrière soi qui nous protège et nous prend en compte, alors le harcèlement se retourne contre le harceleur : sa victime est élevée et lui est rabaissé, renvoyé à son caniveau.

Le but étant d’envoyer un double message : aux harceleurs, qu’ils ne sont plus des nôtres. Et pour cela, il faut que de tels actes soient lourdement sanctionnés à titre individuel et par la perte du soutien de la Nation. Qu’ils perdent tout droit futur à des bourses et à la solidarité nationale, que leur famille perde leur droit au logement social et à toutes les aides. Ils ne veulent pas de notre contrat social ? Ils ne sont pas des nôtres, alors ils n’ont pas droit à notre solidarité car elle est fondée sur des idéaux et des principes partagés. Leur comportement les a rendus indignes de bénéficier de notre solidarité sociale. C’est le seul moyen de dire aux victimes que c’est tout un peuple qui les soutient et les protège !

Mila est une jeune femme dont la dignité nous honore et dont le courage nous grandit. Elle mériterait d’être notre prochaine Marianne. Ce serait une belle réponse symbolique faite au terrorisme et à ses relais islamistes."

Lire "Quand Mila nous écrit".



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