4 janvier 2015
"Alors que deux versions contradictoires s’affrontent, Jacques Toubon promet de faire la lumière sur le refus d’inhumation d’un bébé rom dont est accusé le maire de cette ville de l’Essonne.
"C’est parole contre parole", résume un défenseur des droits des Roms. Alors que le refus présumé du maire d’une commune de l’Essonne d’inhumer un bébé rom, est dénoncé par Manuel Valls comme "une injure à ce qu’est la France", la polémique a viré à la confusion ce dimanche 4 janvier. Conséquence, le Défenseur des droits, Jacques Toubon, s’est saisi de l’affaire.
# Le maire riposte et nie tout refus
Christian Leclerc, maire divers droite de Champlan, à une quinzaine de kilomètres au sud-ouest de Paris, a nié ce dimanche dans plusieurs médias avoir refusé à une famille rom installée dans un campement précaire de la commune depuis plus d’un an le permis d’inhumer leur fille de deux mois et demi.
"La commune de Champlan, et son maire en particulier, ne se sont jamais opposés à l’inhumation de cette enfant sur la commune. C’est un malheureux enchaînement de faits", témoigne sur BFM TV Christian Leclerc, en vacances au moment des faits. "J’aimerais bien que cette mascarade et cette mayonnaise qui est en train de monter dans les médias et dans les réseaux sociaux cessent tout de suite, parce que sinon j’attaquerai sur le plan de la diffamation", ajoute-t-il.
"On avait le choix [pour l’enterrement] entre Corbeil et Champlan. J’ai dit OK mercredi matin pour l’un ou l’autre des scénarios", confie-t-il à l’AFP. "La personne" en charge du dossier n’était "pas habituée", "elle s’est un peu pris les pieds dans les différents documents", raconte-t-il, invoquant "une erreur de compréhension dans la chaîne de décision".
L’édile dit-il vrai ou a-t-il fait volte-face face à l’ampleur de la polémique ? Dans "Le Parisien" de samedi, qui avait révélé l’information, l’élu soulignait pourtant l’absence de places disponibles dans le cimetière local. "Les concessions sont accordées à un prix symbolique et l’entretien coûte cher, alors priorité est donnée à ceux qui paient leurs impôts locaux", expliquait-il.
# Les défenseurs des Roms maintiennent leurs accusations
Face aux dénégations du maire, l’ASEFRR, association de soutien aux Roms en Essonne, "maintient" ses accusations et compte bien saisir le Défenseur des droits, affirme son président Loïc Gandais, président de l’association. "Les déclarations du maire ne sont pas convaincantes", estime-t-il. Quand on va dans l’entêtement, c’est difficile de revenir [...] C’est parole contre parole."
Selon l’ASEFRR, Christian Leclerc, le maire (divers droite) de Champlan, s’est opposé à l’inhumation dans le cimetière de sa ville de Maria Francesca, une petite fille rom de deux mois et demi décédée dans la nuit du 25 au 26 décembre d’une mort subite du nourrisson. L’édile aurait "prétexté", via ses services, auprès de l’entreprise de pompes funèbres "que la mort" du bébé "avait été déclarée à Corbeil-Essonnes". [...]
# Le Défenseur des droits se pose en arbitre
Pour faire la lumière sur ces deux versions contradictoires, le Défenseur des droits, Jacques Toubon, a déclaré dimanche soir qu’il allait se saisir "d’office" de l’affaire et lancer dès lundi "des investigations". "Je vais donc dès demain [lundi] matin lancer un certain nombre d’investigations et rechercher toutes les informations utiles", a-t-il indiqué sur Europe 1.
"La méthode du défenseur des droits, c’est le contradictoire, le refus d’avoir un préjugé en faveur des uns ou des autres, d’essayer de rechercher la vérité et ensuite de la qualifier, d’en tirer les conséquences, et de proposer telle ou telle sanction, par exemple un rappel à la loi", a poursuivi Jacques Toubon, avant d’ajouter qu’il pourrait "ressortir des infractions" des investigations.
# Les parents : "On rajoute de la douleur à notre deuil"
Ce dimanche, les parents du bébé sont sortis de leur silence pour exprimer leur incompréhension, dans une interview accordée au "Parisien".
"Je ne comprends pas. On ne demande rien pour nous, on ne demande même pas à la mairie de nous accepter. On veut seulement faire enterrer notre petite fille qui va monter au ciel", explique la mère, Iléana. "Avec ce qu’il a fait, il met de la douleur en plus. La tristesse de perdre notre petite était déjà immense, là, on rajoute de la douleur à notre deuil", poursuit la mère de 35 ans, soutenue par son mari, qui déclare que le maire de la commune "n’a pas de coeur".
# Valls : "Une injure à ce qu’est la France"
Les réactions du monde politique, à gauche comme à droite, et des associations ont été nombreuses dans les médias et sur les réseaux sociaux.
Après la secrétaire d’Etat à la Famille, Laurence Neuville, qui s’est émue samedi d’"une inhumaine humiliation", c’est Manuel Valls qui est intervenu à son tour sur Twitter : "Refuser la sépulture à un enfant en raison de son origine : une injure à sa mémoire, une injure à ce qu’est la France." [...]"
Lire "Bébé rom à Champlan : le Défenseur des droits se pose en arbitre".
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