20 juin 2008
Le débat sur la mixité et la laïcité a ressurgi après la programmation d’un tournoi de basket organisé par une association musulmane dans un gymnase municipal à Vigneux-sur-Seine (Essonne), finalement annulé, et l’instauration d’un créneau horaire réservé aux femmes à la piscine de La Verpillière (Isère).
Le tournoi de basket féminin inter mosquées, programmé dimanche 29 juin et dont les tracts précisaient que l’accès en était interdit aux hommes, a été annulé par le maire qui a reçu le soutien du secrétaire d’Etat à la jeunesse et aux sports, Bernard Laporte.
L’UMP, par la voix de son porte-parole Dominique Paillé, dans un communiqué, a également "tenu à saluer la décision du maire". "Nous n’acceptons pas que, pour satisfaire des coutumes religieuses ou culturelles, des pratiques discriminatoires soient mises en oeuvre pour l’occupation des lieux publics", a-t-il affirmé.
La veille, une polémique semblable avait éclaté à La Verpillère (Isère). Un créneau horaire réservé aux femmes, avec des maîtres nageurs femmes, a été instauré à la piscine municipale. Un élu d’opposition UMP a dénoncé une atteinte à la laïcité. Le maire (SE) a évoqué une expérience menée par le centre social de la ville, qui sera discutée au prochain conseil municipal le 26 juin. L’UMP a "exhorté" jeudi, dans le même communiqué, le maire "à revenir sur sa décision" et "à adopter une pratique conforme avec le principe de laïcité".
Une affaire identique avait secoué Lille en février 2004, où une heure hebdomadaire était réservée aux femmes, avec uniquement du personnel féminin, à la piscine municipale de Lille-Sud, un quartier à forte population immigrée, depuis 2000. Aujourd’hui, la piscine a toujours une heure spécifique pour les femmes. Mais les hommes ne sont plus interdits d’entrée et les maîtres nageurs qui y sont employés sont des hommes.
En Seine-Saint-Denis, la loi sur la laïcité de 2004 a conduit à la "déscolarisation contre leur gré" d’une quinzaine de jeunes qui refusent d’enlever leur turban, selon l’association United sikhs.
Dans certains endroits cependant, la séparation hommes-femmes dans les piscines se passe sans heurts, comme à Strasbourg. Les Bains municipaux accueillent hommes et femmes selon des plages horaires distinctes. La piscine dispose également depuis 1996 d’une tranche horaire réservée aux femmes et aux enfants, à la demande d’une association religieuse.
A Provins (Seine-et-Marne), Hani Deghma, professeur de danse de l’association 7 ambitions 7, avait mis en place en 2006-2007 un cours de musculation réservé aux femmes, à la demande de jeunes filles de la cité, dans la maison de quartier de Champbenoist, qui a cependant été suspendu par manque de participantes.
L’écrivain Marek Halter, interrogé par l’AFP, défend l’existence de communautés au sein de la République. "Je ne pense pas que les communautés représentent un danger pour la République", dit-il.
"Je trouve au contraire que c’est un enrichissement. Les sociétés multiculturelles sont des sociétés beaucoup plus adaptées à affronter l’avenir, la mondialisation, que les sociétés monolithiques", affirme-t-il.
Pour lui, "l’histoire de Vigneux est malheureuse parce que nous n’avons pas expliqué à mon avis à nos amis musulmans que l’islam est très bien mais à la mosquée". "Il faut respecter les traditions mais, lorsqu’on est en France, on respecte les lois françaises".
Suzy Rojtman, porte-parole du Collectif national pour le droit des femmes, "craint" une montée de tous les communautarismes et de tous les intégrismes "parce qu’en plus, on a un président de la République qui caresse bien dans le sens de ce poil-là".
"On a affaire à l’heure actuelle à tous les niveaux, politique, social..., pas uniquement concernant les femmes mais aussi le Code du travail, la Justice, à un phénomène massif de régression qui m’inquiète beaucoup", a-t-elle déclaré à l’AFP.
Lire aussi “Le gymnase interdit aux hommes relance la polémique” (Le Parisien, 19 juin 08) (note du CLR).
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