Benjamin Morel, maître de conférences en droit public. 9 octobre 2023
[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
Lire "Autonomie de la Corse : « Le président contre la République ? »"
"Le discours du président de la République hier devant l’Assemblée de Corse marquera l’histoire, quelle qu’en soit la concrétisation. En effet, il y a loin de la coupe aux lèvres, tant il est vrai que les termes ambigus utilisés peuvent conduire à bien des mésinterprétations. Entre les nationalistes qui ont cru entendre l’obtention d’un statut à la néo-calédonienne et la droite insulaire voyant la consécration de son projet visant à adapter les lois aux circonstances locales, la distance est grande. Non, la rupture du discours d’Emmanuel Macron est peut-être plus grave et plus profonde ; elle révèle qu’une grande partie de la classe politique a définitivement rompu avec la République.
La République, c’est d’abord l’universalité de la loi, qui est la même pour tous, et ce depuis la nuit du 4 août 1789. Or, quand un chef de l’État se dit prêt à négocier « sans totem ni tabou » l’autonomie pouvant aller jusqu’à l’obtention d’un pouvoir législatif pour une collectivité territoriale, il cesse, de facto, d’exercer sa fonction de gardien des institutions. La République, c’est l’unité du législateur. Ce principe fondamental n’a été remis en cause par personne depuis la Révolution française. Un président de la République doit s’en faire le gardien le plus intransigeant. [...]
La République, c’est ensuite le rejet du communautarisme. Or, en envisageant d’inclure la Corse comme communauté culturelle, ce qui signifierait que ceux qui ne portent pas cette culture n’en feraient pas partie, le président de la République rompt radicalement avec l’universalisme. On ne pourra plus dire ensuite que l’on combat le communautarisme des banlieues au nom de la citoyenneté française qui ignore les origines et les cultures. Le ver est dans le fruit où personne encore n’avait osé l’y mettre. Cette vision d’un autonomisme au nom de revendications culturelles n’a pas été assumée uniquement par le chef de l’État. Concomitamment, Loïg Chesnais-Girard demandait pour la région Bretagne « la même chose » que pour la Corse et remettait un rapport à Élisabeth Borne sur l’autonomie bretonne. Il fut soutenu en cela par Carole Delga. [...]"
Voir aussi dans la Revue de presse le dossier Corse dans Régionalismes (note de la rédaction CLR).
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