Revue de presse

"Au Jesus Festival, prosélytisme et pop musique" (M Le Magazine du Monde, 9 juil. 22)

12 juillet 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"REPORTAGE La petite ville pieuse de Paray-le-Monial, en Saône-et-Loire, accueille du 8 au 10 juillet la première édition de ce festival de musique chrétienne. Une opération séduction menée par l’influente communauté catholique conservatrice de l’Emmanuel.

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[...] Le festival de musique chrétienne est organisé par la communauté catholique de l’Emmanuel. Fondée à la fin des années 1970, inspirée du pentecôtisme protestant anglo-saxon, cette communauté dite « charismatique » est la plus importante de France, comptant près de 12 000 membres actifs et 270 prêtres, dont 9 ont été ordonnés en 2022.

« La sociologie de l’Emmanuel fait d’elle une communauté à part, très bien implantée dans le monde et en France, surtout. C’est d’abord une communauté de laïcs et le recrutement très élitiste de ses membres, au sein de la grande bourgeoisie et de l’aristocratie, lui assure des moyens financiers, des réseaux d’influence et une vraie dynamique entrepreneuriale par rapport à des communautés religieuses pures. Gérald Arbola, qui a dirigé la Communauté de l’Emmanuel de 1986 à 1995, était ainsi un ancien membre du directoire d’Areva », explique Samuel Dolbeau, spécialiste des religions à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Tirant ses ressources financières du versement par ses membres d’environ 10 % de leur salaire, la communauté dispose de véritables capacités d’action.

Tous les étés depuis sa création, l’Emmanuel, grand soutien de La Manif pour tous, organise à Paray-le-Monial des « sessions » de plusieurs jours où des enseignements et temps de prières sont proposés. Entre 15 000 et 20 000 personnes viennent chaque année écouter disserter sur la famille, le judaïsme ou la sexualité.

« La sociologie de l’Emmanuel est exactement la même que celle des communautés traditionalistes, comme l’Opus Dei ; ils recrutent les mêmes personnes. Ils partagent les mêmes idées conservatrices sur le mariage gay, l’avortement, le mariage des prêtres », poursuit Samuel Dolbeau.

Le livre Dieu est amour (Flammarion) des journalistes Jean-Loup Adénor et Timothée de Rauglaudre publié en 2019 révélait l’implication de la communauté de l’Emmanuel dans des pratiques s’apparentant à des thérapies de conversion, qui prétendent « corriger » l’orientation sexuelle des personnes LGBT. « L’Emmanuel a accueilli plusieurs fois des penseurs catholiques ultra-conservateurs sur la question des rapports hommes-femmes ou de l’homosexualité, qui est vue comme une source de souffrance, raconte Cyrille de Compiègne, de l’association LGBT catholique David et Jonathan. Ils ont tendance à mélanger soutien spirituel et psychique sur de nombreuses questions, c’est cela qui peut poser problème. »

Très entreprenante, la communauté n’hésite pas à assumer une démarche presque marketing pour changer son image et surtout attirer un public plus jeune. En Angleterre, le Big Church Day Out, sorte de Woodstock catho, rassemble tous les ans plus de 30 000 personnes dans le Sussex.

« C’est ce qui nous a inspiré pour le Jesus Festival. Nous ­travaillons sur le projet depuis 2017, affirme Louis-Etienne de Labarthe, directeur de la communication de l’Emmanuel. Notre festival n’a pas encore l’envergure du Big Church Day Out, mais, avec nos quatre scènes et notre budget de 280 000 euros, nous voulons faire les choses bien. » Et la formule est efficace, puisque plus de 3 000 personnes viendront applaudir, pour 75 euros le week-end, la scène pop chrétienne, parmi laquelle le groupe Hopen, contraction de « hope », espoir, et d’« open », ouverture. [...]"

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