Edito

Appel aux élus pour une laïcité émancipatrice (J.-P. Sakoun, 7 juil. 17)

par Jean-Pierre Sakoun, président exécutif du Comité Laïcité République 7 juillet 2017

Le CLR a pris, depuis 1989 et l’affaire du voile, la mesure du danger qui guette la laïcité, clé de voûte de notre République.

Ni dogmatique ni intégriste, la laïcité est le cadre dans lequel un individu est libre de pratiquer ou non une religion ; de critiquer ou non un dogme ; de croire ou non en une vérité révélée...
Elle est le garant des libertés individuelles et de l’égalité des droits. Elle constitue le fondement indispensable de l’harmonie sociale et de l’unité de la Nation. En défendant ces droits, la laïcité contribue à la construction d’un humanisme moderne qui donne à chaque femme et à chaque homme un accès égal aux connaissances et aux responsabilités, aux mêmes Droits et aux mêmes Devoirs.

Ces principes se sont construits au cours d’une longue histoire et ont imprégné notre culture et notre société. On ne peut les balayer d’un revers de main.

Mais notre laïcité à des ennemis : une extrême-droite identitaire qui agite le drapeau républicain pour en faire le symbole de sa xénophobie et de son racisme contre tout ce qui n’est pas la France catholique, blanche et conservatrice qui est son terreau ; les intégristes islamistes, fanatiques ayant mis leur religion au service d’un projet politique régressif, séparatiste, hostile à l’égalité entre femmes et hommes, antisémite, antilaïque, contre tout ce qui n’est pas une forme terroriste et dictatoriale de l’islam.
Elle a aussi des adversaires, tous ceux qui, par opportunisme politique, clientélisme, confusion intellectuelle, laissent se propager ces idées voire les soutiennent.

Nous ne le répèterons jamais assez, l’immense majorité des Français est attachée à une laïcité forte et ferme. 81% d’entre eux se reconnaissent dans ses principes (enquête du CNAL, 11-13 décembre 2015). Un sondage publié le 3 juillet 2017 (Sopra-Stéria, Ifop, Institut Montaigne, Sciences Po et Le Monde) montre que 61% de nos concitoyens considèrent que l’islamisme radical est le problème le plus important du pays, bien avant le chômage.

C’est pourtant dans ce contexte que la laïcité, cette pratique de neutralité active et bienveillante, est battue en brèche par nos dirigeants. Messes ou offices divers, hommages communautaires rendus en présence de dignitaires alors que la République qu’ils représentent ne reconnaît aucun culte, arrangements locaux avec les groupes de pression religieux, financement des cultes… le pacte laïque et républicain a reçu plus que son lot de coups de canif voire de poignard…

Le danger serait de substituer à l’intégration républicaine la coexistence des communautés, rebaptisée « vivre ensemble », qui, si l’on y réfléchit, consiste justement à ne plus vivre ensemble… Quels tourments, chez toutes ces femmes, tous ces laïques qui ne veulent qu’échapper à l’assignation ethnico-religieuse à laquelle veulent les condamner les groupes cléricaux ou identitaires les plus régressifs !

C’est pourquoi, à l’aube de ce mandat, nous appelons le président de la République, le gouvernement et les représentants du peuple à œuvrer pour que la laïcité soit réellement respectée dans le service public et que soit ouverte une réflexion de fond pour aboutir à la neutralité dans les autres secteurs de la société, comme le réclame le CLR depuis longtemps.

Jean-Pierre Sakoun,
président exécutif du Comité Laïcité République



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