7 septembre 2012
"Joseph Lakanal (1762-1845) [...]. Né à Serres, en Ariège, il effectua de brillantes études à Toulouse, puis enseigna dans des écoles religieuses à Périgueux et à Bourges.
En 1792, il fut élu à la Convention, où il siégea au centre, ne voulant se joindre ni aux Girondins ni aux Montagnards. Il afficha cependant des convictions républicaines, l’amenant à orthographier son nom avec un "k" pour se distinguer de ses frères restés royalistes, et à voter la mort du roi.
Peu de temps après celle-ci, Lakanal entra au Comité de l’instruction publique (le 28 janvier 1793) où il fut particulièrement actif : il lutta contre la dégradation des monuments historiques, transforma le Jardin des plantes (créé par Colbert) en Muséum d’histoire naturelle, doublant sa surface et le dotant d’une ménagerie ; il permit la mise en place du télégraphe de Chappe, transforma les écoles militaires en établissements d’enseignement, et réorganisa l’Observatoire.
D’octobre 1793 à juillet 1794, il effectua une mission dans le sud-ouest de la France, durant laquelle il créa une manufacture d’armes à Bergerac, des écoles primaires gratuites pour garçons et filles, et imposa une "corvée patriotique" pour réparer les routes.
Fin juillet 1793, après l’exécution de Robespierre et la fin de la Terreur, il regagna Paris et devint président du Comité d’instruction publique, qui suscita les grandes mesures prises durant la dernière année de la Convention, dite "thermidorienne" (août 1794-octobre 1795) : création d’une école primaire pour 1 000 habitants (décret Lakanal du 17 octobre 1794) ; loi Daunou confiant ces écoles aux autorités civiles et laïcisant les programmes (mais revenant sur la gratuité et le caractère obligatoire de l’enseignement) ; création d’écoles normales et d’écoles centrales de formation des maîtres, du Conservatoire national des arts et métiers, de l’Ecole polytechnique, du Conservatoire de musique, de l’Ecole des langues orientales ; adoption du système métrique...
Durant le Directoire (1795-1799), Lakanal fut élu au Conseil des Cinq-Cents (l’ancêtre de l’Assemblée nationale), devint membre de l’Institut, puis organisa en 1799 la défense des départements français de la rive gauche du Rhin. Rallié à Bonaparte après son coup d’Etat du 18 brumaire, il enseigna les langues anciennes à l’Ecole normale de Paris, fut économe au lycée Condorcet, puis inspecteur général des poids et mesures.
Durant la Restauration, il fut révoqué de ses fonctions, partit aux Etats-Unis où il se vit offrir la présidence de l’Université de la Nouvelle-Orléans. Mais il revint en France en 1834, où il fut admis à l’Académie des sciences morales. Il mourut à Paris en 1845.
L’oeuvre entreprise durant la Convention fut poursuivie par Napoléon : en 1802, il créa les lycées, et en 1806 l’Université impériale, fortement centralisée et contrôlée par l’Etat. Elle se substituait aux écoles professionnelles (droit et médecine) qui avaient vu le jour en 1794 en remplacement des anciennes universités supprimées en 1793.
Puis le décret du 17 mars 1808 a précisé l’organisation du système éducatif : celui-ci se composait de l’université (comprenant les facultés de théologie, de droit, de médecine, de lettres et de sciences, avec à sa tête un "grand maître" nommé par l’Empereur), des lycées, des collèges et des "petites écoles", correspondant au primaire. Il créait aussi trois diplômes : le baccalauréat, la licence et le doctorat.
Ce grand intérêt pour l’éducation se situe dans la continuité du Siècle des lumières, qui avait vu se développer l’esprit scientifique et expérimental, l’observation de la nature (illustrés en France dès avant la Révolution par Buffon, Lavoisier, Laplace, Daubenton, l’abbé Nollet, Cuvier, les frères de Montgolfier...), les écrits de synthèse et de vulgarisation des connaissances (comme l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert).
En 1792, Condorcet avait proposé à l’Assemblée un "Rapport et projet de décret sur l’organisation générale de l’instruction publique", qui n’avait pas été retenu car il prévoyait de placer le système éducatif sous le contrôle de savants indépendants du pouvoir politique.
[...] Enfin, il s’agissait de renforcer l’attachement des classes moyennes à la République et de réduire le rôle que l’Eglise exerçait traditionnellement en matière d’éducation. [...]"
Comité Laïcité République
Maison des associations, 54 rue Pigalle, 75009 Paris
Voir les mentions légales