Revue de presse

"Pragmatique ministre des cultes" (I. de Gaulmyn, la-croix.com , 26 sept. 12)

28 septembre 2012

"En une semaine, Manuel Valls sera allé dans trois lieux de culte. Aujourd’hui une mosquée, celle de Strasbourg. Samedi dernier, la cathédrale de Troyes, pour la béatification du P. Louis Brisson, dont il a vanté l’engagement social. Et dimanche, la synagogue de la Victoire, pour le nouvel an juif.

Depuis quelques jours, le ministre de l’intérieur, Manuel Valls, multiplie les signes à l’encontre des responsables religieux de France, fort de cette conviction, exprimée dimanche, que si « la République ne reconnaît aucune religion, en même temps elle les accepte ». Le locataire de la Place Beauvau rappelle ainsi qu’il est aussi ministre des cultes.

La démarche est avant tout pragmatique. Alors que le film anti-islam et les caricatures de Charlie Hebdo ont profondément heurté la communauté musulmane, il a dû compter sur ses représentants pour appeler les fidèles à une « attitude responsable ». Et dans ce contexte, il était important de montrer qu’il n’y a pas en France une seule religion qui bénéficie de l’attention des pouvoirs publics. Manuel Valls reconnaît ainsi que l’ensemble des religions concourent à l’équilibre de la société.

Cette conversion à la « laïcité positive » tant décriée de Nicolas Sarkozy est savoureuse. On se souvient que l’actuel président de la République avait promis, il y a moins d’un an, d’inscrire la loi de 1905, « celle qui sépare les Églises de l’État », dans la Constitution, sous le prétexte que « la démocratie devait être plus forte que les religions ». Elle est d’autant plus savoureuse, d’ailleurs, que la mosquée inaugurée aujourd’hui par Manuel Valls doit son existence au droit local concordataire – qui échappe à la loi de 1905 et qui autorise les municipalités à financer les lieux de culte ! Justement, le financement des lieux de culte dans l’Hexagone (hors terres concordataires), et pas seulement pour les musulmans, mais aussi les protestants évangéliques, tout comme la formation des imams ou la pérennité des instances de représentation d’un « islam de France » indépendant des pays étrangers, sont autant de dossiers en attente. Le ministre de l’intérieur et des cultes doit désormais, au-delà des symboles, faire fonctionner au quotidien cette fameuse « laïcité positive ».

Isabelle de Gaulmyn"

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