Revue de presse

"Pour les profs, y a-t-il un danger à s’afficher sur les réseaux sociaux ?" (Marianne, 30 juin 22)

"Du carnet de notes au journal intime." 3 juillet 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Cumulant un nombre vertigineux d’abonnés sur la plate-forme TikTok, ils sont devenus les nouvelles coqueluches des marques et des médias : les professeurs influenceurs ont le vent en poupe. De courtes vidéos les montrent en train de faire cours, mais aussi de piéger leurs élèves en classe ou de s’épancher sur leur vie intime.

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[...] Un autre professeur de physique-chimie déchaîne lui aussi les foules, et même les médias. @Timthc, Timothée de son vrai nom, suivi par 1 million d’abonnés, s’est fait connaître avec sa lutte contre l’homophobie. Ce trentenaire auvergnat évoque ouvertement son homosexualité afin de « dédramatiser le coming out », comme l’ont loué nos confrères du Monde. Lutter contre les discriminations n’est pas un mal, mais, là où le bât blesse, c’est quand on observe de plus près l’intégralité de son contenu. Dans « Un de mes élèves », Timothée se filme au lit, l’air hagard. Il raconte : « Accepter de finir la soirée chez lui, même s’il habite encore chez ses parents… », « Partir le lendemain en tombant sur son frère… ». Le fameux frère étant… son élève. Si ce dernier ne semble pas s’être formalisé, d’aucuns pourraient être surpris par d’autres contenus : ceux où Timothée se filme en boxer en train de danser ou de se faire percer le téton, ou encore en train de jouer à « J’ai déjà/je n’ai jamais ». Où l’on apprend que ce dernier a déjà « couché juste pour un soir » « volé », ou « pris une cuite ». Ce qui ne manque pas de provoquer les commentaires hilares de ses jeunes abonnés. Élu Mister Auvergne-Rhône-Alpes 2021 en novembre, il a finalement été destitué par le comité en raison de ses publications « trop explicites », jugées vulgaires et insultantes. On ne peut toutefois nier l’affection sincère qu’il semble porter à ses élèves… ainsi que son investissement pédagogique.

Un professeur a-t-il le droit de se mettre en scène et de raconter sa vie intime sur Internet ? Pour Bruno Bobkiewicz, chef d’établissement et secrétaire général du Syndicat national des personnels de direction de l’Éducation nationale (SNPDEN), il y a des limites à ne pas franchir : « Chaque enseignant a une obligation de réserve, mais s’il ne fait pas état de son activité professionnelle sur les réseaux sociaux, ce n’est pas un problème. » Il tient d’ailleurs à préciser qu’il n’y a aucun contrôle sur la vie privée des enseignants, « à condition que cela n’ait pas d’impact sur la vie de l’établissement ». Même lorsque les enseignants tiktokeurs font de leur statut de profs une marque de fabrique ? « Que les enseignants se mettent en scène pour aider des élèves ou des collègues, pourquoi pas ? Quand ils commencent à déraper, c’est non. Il y a ici un mélange des genres démagogique : certains d’entre eux font cela pour se faire aimer, ce qui contribue à dégrader l’image de l’enseignant, qui n’a pas besoin de ça » clarifie Bruno Bobkiewicz, un brin agacé.

Des propos que corrobore Jean-Rémi Girard, président du Syndicat national des lycées, collèges, écoles et du supérieur (Snalc) : « Un personnel de l’Éducation nationale a parfaitement le droit d’être sur les réseaux sociaux. En revanche, il y a une réserve attendue comme pour tous les fonctionnaires » explique-t-il. Les enseignants y sont soumis, surtout s’ils se filment avec leurs élèves. C’est le cas du professeur de sport @bboy.rominou, fort de ses 1,4 million d’abonnés. Ses vidéos atteignent plusieurs millions de vues. Comme celle du challenge « 3 heures de colle si mes élèves rattrapent pas mon téléphone », accompagnée d’une musique aux paroles « intriguantes » : « Elle donne son cul, j’profite pas d’elle, grosse passe à Abdel ». La question du droit à l’image se pose : « Si les parents n’ont pas signé d’autorisation, c’est anormal ! » Faut-il pour autant vouer aux gémonies l’ensemble des professeurs tiktokeurs ? Non. Certains arrivent à ménager la chèvre et le chou, la pédagogie et le réseau social. Athéna, @athenasol, est tiktokeuse et professeure agrégée de français. Suivie par 700 000 personnes, elle allie un amour communicatif pour la langue française et un engagement sans faille contre l’homophobie. Remettant au goût du jour des expressions françaises et leur histoire, elle rencontre un franc succès grâce à un format plein d’humour. [...]"

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Voir aussi dans la Revue de presse les rubriques Ecole et "Réseaux sociaux" (note du CLR).


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