Revue de presse

La guerre aux musulmans, ce sont les islamistes qui la mènent (R. Dély, Marianne, 1er déc. 17)

Renaud Dély, directeur de la rédaction de "Marianne". 15 janvier 2017

[Les articles de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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Lire "La (vraie) guerre aux musulmans et aux autres".

"La guerre contre les musulmans. La vraie. Pas celle que fantasme le Parti des indigènes de la République de Houria Bouteldja dès lors qu’il s’agit d’accabler la France de tous les maux au nom de son passé colonial. Pas celle qui mobilise les « islamo-gauchistes » complices du double langage de Tariq Ramadan qui ont encore uni leurs forces pour publier une tribune indécente dans Libération la semaine dernière. Pas davantage l’accusation qu’Edwy Plenel a osé jeter à la face de nos amis de Charlie Hebdo diffamés par cet apprenti sorcier au moment même où ces vigies de nos libertés, une nouvelle fois menacées, ont tant besoin de notre soutien et de notre solidarité. Pas non plus, enfin, l’insupportable indignation de quelques syndicalistes égarés de SUD-Education 93 et de leurs compagnons de déroute qui accusent notre démocratie de pratiquer un « racisme d’ Etat » pour mieux justifier l’organisation de réunions dites de « non-mixité raciale » qui sont, elles, officiellement racistes, puisqu’elles en excluent les Blancs.

Non, la guerre aux musulmans, la vraie, celle qui opprime et qui tue, ce sont les islamistes qui la mènent.

Ils viennent d’en faire une fois encore la preuve sanglante en assassinant 305 personnes, hommes, femmes et enfants, dans la mosquée d’Al-Rawda, dans le nord du Sinaï égyptien. La simple existence de ces adeptes du soufisme, version mystique et pacifique de l’islam, était insupportable au commando djihadiste qui les a massacrés. Oui, c’est vrai, en Egypte, en Irak, en Tunisie, en Turquie et ailleurs aujourd’hui, comme en Algérie hier au cours de la terrible décennie des années 90, ce sont des hommes et femmes de confession, ou simplement de culture, musulmane qui sont les premières cibles, et donc les premières victimes du terrorisme islamiste.

Celui-là fait la guerre aux musulmans, comme il fait la guerre aux juifs, aux chrétiens, aux agnostiques, aux athées, et aux autres, bref, à tous ceux qui ne se soumettent pas à l’ordre totalitaire qu’il prétend imposer.

Les suppôts de l’islamisme et les tenants de l’extrême droite raciste et identitaire communient autour d’une même illusion qui conforte leurs projets respectifs, celle d’une guerre de civilisations, c’est-à-dire d’un conflit qui opposerait deux civilisations concurrentes, l’une qui serait musulmane et orientale et l’autre, chrétienne et occidentale.

Il faut éradiquer ce mensonge fondateur cultivé par ces propagateurs de haine en apparence ennemis, mais au fond si complices. Depuis le 11 septembre 2001, et même avant, nous ne vivons pas une guerre de civilisations, mais une guerre entre la barbarie islamiste et la civilisation, quel que soit le monothéisme auquel cette civilisation se rattache de loin en loin et puise ses racines.

Et c’est bien parce que les islamistes leur mènent la guerre que les musulmans doivent se défendre, d’abord en les dénonçant sans relâche ni aucune forme d’indulgence, ensuite en adhérant au projet laïque qui garantit l’exclusivité du pouvoir temporel et écarte toute influence d’un quelconque pouvoir spirituel au sein de la sphère publique. Seule la laïcité, principe d’émancipation de chacun et de tolérance de tous, apparaît comme une réponse efficace à long terme pour repousser les assauts de l’islam politique.

A charge pour la République de permettre aux musulmans de pratiquer leur foi dans la sphère privée, mais aussi de vivre pleinement leur citoyenneté dans le cadre du respect de la loi. L’écrasante majorité de nos compatriotes, de culture ou de confession musulmane, le démontrent chaque jour : l’islam est parfaitement compatible avec la République. A condition que ses adeptes combattent eux aussi, en première ligne, le cancer intégriste qui les menace, les ronge et les tue.

A l’inverse, les démagogues qui caressent les musulmans dans le sens du communautarisme font le lit du pire. Grimés en faux anges gardiens, ils sont leurs vrais mauvais génies. Tolérer les prières de rue, le port du voile intégral ou celui de signes religieux ostentatoires à l’école ou dans les services publics, c’est encourager une frange de la communauté musulmane à défier l’ordre public. L’inciter ainsi à combattre l’universalisme laïque et républicain, c’est l’assigner à résidence en l’enfermant dans une identité purement religieuse quand la laïcité, elle, doit garantir la liberté de croire, ou de ne pas croire.

Exonérer l’islam de toute responsabilité et de tout lien avec la montée de l’intégrisme, ce n’est donc pas protéger les musulmans. C’est au contraire les désarmer, les condamner à une solidarité suicidaire avec leurs tortionnaires, et les livrer, pieds et poings liés, à leurs véritables ennemis. C’est servir, au fond, de complices à ceux qui leur mènent vraiment la guerre, les islamistes."


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