Revue de presse

L’assassin avait payé des élèves pour l’identification du prof (lemonde.fr , 19 oct. 20)

19 octobre 2020

[Les articles de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Selon les informations du « Monde », l’homme qui a décapité Samuel Paty a donné plusieurs centaines d’euros à des élèves du collège en échange d’informations pour identifier le professeur.

Par Elise Vincent et Nicolas Chapuis

Trois jours après l’attaque au couteau qui a coûté la vie à un professeur d’histoire-géographie du collège du Bois-d’Aulne, à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), et dont le corps a été retrouvé décapité, vendredi 16 octobre, non loin de l’établissement scolaire, les enquêteurs ont plusieurs pistes de travail. Mais l’un de leurs enjeux immédiats est d’essayer de comprendre comment l’assaillant, originaire d’Evreux, à plus de 80 km de là, a bien pu identifier sa victime à sa sortie des cours, en cette veille de vacances scolaires.

Le tueur, un jeune homme d’origine tchétchène âgé de 18 ans, abattu de neuf balles par les forces de l’ordre, a-t-il été renseigné très en amont de son passage à l’acte ? Ce qui impliquerait d’éventuelles complicités. Avait-il ainsi des éléments précis sur l’identité et les horaires de travail de l’enseignant de 47 ans, père d’un enfant de 5 ans, qui avait montré des caricatures de Mahomet lors d’un cours d’enseignement moral et civique quelques jours plus tôt ? Ou son assassinat au moyen d’un long couteau de cuisine de 35 cm est-il le seul résultat d’une bouffée individuelle de violence ?

A ce stade de l’enquête, les deux pistes restent ouvertes. D’après nos informations, un élément pourrait toutefois étayer la seconde hypothèse. Lorsqu’il est arrivé devant le collège du Bois-d’Aulne, vendredi, muni de deux couteaux et d’une arme de poing de type Airsoft, Abdouallakh Anzorov a en effet eu recours à un procédé inhabituel pour un terroriste : nanti de plusieurs centaines d’euros, il a abordé des collégiens en leur proposant de l’argent en échange d’informations. La somme a ensuite circulé de mains en mains. L’un des élèves, âgé de 15 ans, a pour cette raison été placé en garde à vue, dimanche.

Rien ne permet de dire à ce jour que le garçon ayant désigné Samuel Paty pouvait imaginer la suite macabre des événements. En tout cas, le mode opératoire d’Abdouallakh Anzorov contribue à rendre particulièrement délicates les investigations pour les policiers de la sous-direction antiterroriste (SDAT) de la police judiciaire et de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Elles s’inscrivent en effet dans un environnement très tendu, dans lequel beaucoup de témoins sont mineurs.

A ce stade de l’enquête, le récit des heures et des jours qui ont précédé la tuerie demeure d’ailleurs peu « stabilisé », comme le confient plusieurs sources interrogées par Le Monde. Les auditions des onze personnes actuellement en garde à vue se chevauchent et se contredisent. Notamment sur le moment du départ d’Evreux du jeune Tchétchène pour Conflans-Sainte-Honorine, ou encore sur la présence ou non dans l’établissement scolaire lors du cours de M. Paty, de l’élève de 13 ans dont le récit a incité son père à lancer un appel à la mobilisation contre l’enseignant sur les réseaux sociaux. [...]"

Lire "Attentat de Conflans : les dernières révélations de l’enquête"


Voir aussi le communiqué du CLR Mort pour la France (CLR, 17 oct. 20), dans la Revue de presse la rubrique Samuel Paty : le rôle de collégiens dans Assassinat de l’enseignant Samuel Paty (16 oct. 20) (note du CLR).


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