Revue de presse

"Enseigner après la mort de Samuel Paty" (Le Monde, 28 sept. 24)

(Le Monde, 28 sept. 24) 28 septembre 2024

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

Samuel Paty, l’école face au terrorisme, podcast de Sara Ghibaudo et Sonia Princet (Fr., 2024, 8 × 28 min) réalisé par Fabrice Laigle, Séverine Cassar, Josepha Lebrun, Charles de Cillia et Fanny Bohuon. Disponible à la demande sur France Inter et sur toutes les plates-formes d’écoute habituelles.

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« Samuel Paty, l’école face au terrorisme », sur France Inter : continuer à enseigner après le traumatisme

Quatre ans après l’assassinat par un islamiste radical de ce professeur d’histoire-géographie, les journalistes Sara Ghibaudo et Sonia Princet prennent le temps d’un podcast pour raconter les faits et penser la suite.

Par Emilie Grangeray

Souvenons-nous. Le 16 octobre 2020, un professeur d’histoire-géographie était assassiné par un islamiste radical à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), après avoir été la cible d’une campagne de haine pour avoir montré des caricatures de Mahomet lors d’un cours d’éducation civique sur la liberté d’expression.

Quatre ans plus tard, les journalistes de France Inter, Sara Ghibaudo et Sonia Princet, reviennent sur l’attentat terroriste qui a coûté la vie à Samuel Paty, dans un podcast de huit épisodes d’une demi-heure chacun. Et c’est important de le souligner tant le temps long permet tout à la fois de rendre hommage à l’homme qu’il était, d’écouter les professeurs, élèves et parents du collège du Bois-d’Aulne, de raconter l’engrenage qui s’est mis en place avant l’attentat et d’interroger, dans les derniers épisodes, comment il est possible de continuer à enseigner quand l’école devient clairement une cible.

Pédagogues, les deux journalistes rappellent d’abord quelques faits, dont ce 19 mars 2012 quand le djihadiste Mohammed Merah tuait quatre personnes, dont trois enfants, devant l’école Ozar-Hatorah à Toulouse. Elles disent aussi que nombre de leurs interlocuteurs ont préféré changer de prénoms, que la crainte est diffuse, mais présente.

Dénonciation sur Facebook

Le premier épisode permet de dresser un portrait de Samuel Paty, un homme de 47 ans, discret, un père attentif, professeur dans un collège tranquille qui avait choisi de se mettre au service de l’enseignement et de ses élèves qu’il souhaitait faire réfléchir, en cette rentrée 2020, sur la liberté de la presse. Comment alors une élève réputée difficile ment à ses parents, accusant le professeur de discrimination envers les musulmans, ce qui pousse son père à dénoncer Samuel Paty sur Facebook et à s’allier avec Abdelhakim Sefrioui, militant radical, antisémite notoire et fondateur d’un collectif Cheikh-Yassine, un mouvement pro-Hamas.

Comment les vidéos diffusées par Abdelhakim Sefrioui aggravent les tensions au point que Samuel Paty porte plainte pour diffamation et prend des précautions pour sa sécurité (épisodes 2 à 4). Comment Abdoullakh Anzorov, un jeune musulman d’origine tchétchène, décide de passer à l’acte, assassine et décapite Samuel Paty (épisodes 3 et 5). Comment certains professeurs ne reviendront jamais au collège quand d’autres découvrent avec effroi l’implication de certains élèves dans le drame (épisode 6) et comment l’assassinat, le 13 octobre 2023, de Dominique Bernard, professeur de français dans un collège d’Arras lors d’un attentat djihadiste, vient souligner que tous les enseignants sont désormais des cibles potentielles (épisode 7), et ce qu’il reste dès lors à penser et à faire (épisode 8).

Dans ce dernier épisode, Sonia Princet précise que, depuis 2020, les principes de laïcité sont plus fréquemment remis en cause. Ce que confirme un rapport parlementaire publié en mars. Comme le rappelle Sara Ghibaudo, « lorsque l’on dit que 0,2 % des enseignants des collèges et lycées ont été menacés avec une arme, cela représente 900 enseignants, soit quatre par jour ». Un rude constat mais qu’il faut écouter et entendre.


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