Revue de presse

"En Guyane, le président du conseil général a mis l’évêque à la retraite" (lefigaro.fr , 2 jan. 15)

3 janvier 2015

"Alain Tien-Liong et Mgr Emmanuel Lafont s’affrontent sur la rémunération des curés qui incombe à la collectivité depuis 1946.

Depuis le 1er janvier, l’évêque de Cayenne, Mgr Emmanuel Lafont, 69 ans, a été mis à la retraite. D’office. Ainsi en a décidé Alain Tien-Liong, le président (divers gauche) du conseil général de Guyane. Une escarmouche supplémentaire dans la guerre picrocholine qui oppose depuis plus de six mois le diocèse de Guyane au conseil général.

Actif sur les réseaux sociaux, l’évêque, ancien curé à Soweto en Afrique du Sud où il fut une figure importante de l’opposition à l’apartheid, ironise sur cette affaire « un peu ridicule » : « Il faut absolument, en 2015, relire Courteline, c’est d’actualité ! », écrit-il sur Twitter. Pour Mgr Emmanuel Lafont, cette décision « plutôt cocasse » n’est pas « réglementaire », mais il ne la contestera pas et continuera à œuvrer, davantage préoccupé par la rémunération des prêtres de Guyane que par son propre sort.

L’affaire plonge ses racines dans un particularisme local datant de l’époque de la Restauration. Comme en Alsace et en Moselle mais pour des raisons historiques différentes, la loi de 1905 sur la séparation de l’Église et de l’État n’a jamais été rendue applicable en Guyane. Une ordonnance royale de Charles X, prise en 1828, concernant la rétribution des membres du clergé catholique reste d’actualité. Depuis 1946 et la départementalisation, la rémunération des prêtres relève des dépenses obligatoires du conseil général de la Guyane. L’évêque est un agent de catégorie A, les prêtres de catégorie B. En Alsace et en Moselle, outre les prêtres, les pasteurs et les rabbins sont également rémunérés mais par l’État.

Cette situation guyanaise unique est anachronique aux yeux d’Alain Tien-Liong. Depuis 2011, il a décidé d’en finir, d’autant plus que le nombre de prêtres tend à augmenter en Guyane depuis dix ans. Ce sympathisant du Mouvement de décolonisation et d’émancipation sociale (MDES), qui a compté Christiane Taubira parmi ses militants, avance notamment des problèmes de trésorerie. « Le conseil général n’est pas la représentation du Vatican en Guyane. Le problème du président du conseil général, c’est l’enfance en danger, la construction de collèges, les enfants handicapés, le RSA. Nous n’avons aucune dotation de l’État pour cette rémunération », ne cesse-t-il d’affirmer dans la presse [...].

Mgr Lafont n’est cependant pas opposé, à terme, à une sortie progressive de ce système. Dans La Croix, il a expliqué« qu’il serait bon que l’Église renonce d’elle-même à un privilège plutôt que d’attendre qu’il lui soit enlevé » et que « cette situation ne correspond plus à la société multiculturelle dans laquelle nous vivons ». De fait, en Guyane, les autres religions et les athées critiquent régulièrement cet avantage. Comme en Alsace, où quelques associations proches de la Libre Pensée applaudissent la décision du conseil général guyanais, espérant qu’elle fasse tache d’huile. [...]"

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