9 juillet 2012
"Un monceau de pierres sans âme ni forme. Voilà ce qui reste de la porte de l’une des mosquées centenaires de Tombouctou, violée et détruite par la folie de groupes se disant "défenseurs de l’islam". Leur fureur iconoclaste rappelle celle qui a défiguré les bouddhas de Bamiyan. Elle a pourtant franchi de nouvelles bornes. En Afghanistan, les fanatiques prenaient pour cible les symboles d’autres religions. Au Mali, la surenchère va jusqu’à ravager l’entrée d’une mosquée, à coups de pioche, simplement parce qu’elle contient des symboles issus de l’artisanat ancestral et donc pas uniquement islamique de Tombouctou. Hier, il fallait détruire des mausolées musulmans à coups d’"Allah Akbar" parce qu’ils abritent le culte de saints.
Où s’arrêtera cette folie ? Elle n’a jamais eu la moindre raison. Elle n’a plus ni frontières ni limites. La "mondialisation du djihad" et sa haine de la culture visent ouvertement à "uniformiser l’islam" par la destruction. En faisant disparaître toute subtilité culturelle et bien sûr spirituelle, c’est-à-dire toute nuance au sein du monde islamique. La guerre déclarée aux Occidentaux et aux autres religions n’est qu’un prétexte, sanglant, pour masquer celle qui se livre en réalité en premier lieu contre les musulmans laïques ou athées, mais aussi contre d’autres croyants, pratiquant un autre islam. Il suffit de voir le sort réservé depuis des décennies aux Zikri, aux Hazara ou aux Hamadi au Pakistan. Ils pratiquent tous, chacun à leur manière, un islam pieux et dévot, mais qui n’est pas l’islam politique dominant, et le paient cher. Sept cents Hazara massacrés. Des lieux de culte détruits. Des lois contre le blasphème qui servent à justifier de les mettre en prison. Leur liberté religieuse est violée mais c’est bien sûr contre la laïcité à la française que la délégation du Pakistan proteste depuis des années... Une laïcité qui protège pourtant – mieux qu’aucun autre système – l’équilibre entre majorité et minorités religieuses. [...]
Même en Tunisie, la fureur iconoclaste nous rappelle que nous nous enfonçons chaque jour plus loin dans l’obscurité. A La Marsa, l’une des toiles les plus figuratives, ayant déclenché de violentes émeutes, montre un salafiste furibard, avec de la fumée lui sortant des oreilles. Ainsi donc, après avoir menacé quiconque ose représenter le prophète Mahomet, voilà donc que des groupes de furieux se mettent à ravager une exposition de peinture simplement parce qu’elle se moque des fanatiques... A croire qu’ils se prennent vraiment pour Dieu et son prophète. N’est-ce pas le pire des blasphèmes ?
Il est temps de mettre un coup d’arrêt à cette folie éradicatrice et uniformisatrice. En protégeant ces valeurs universelles que sont la liberté d’expression, la liberté de conscience et la liberté religieuse. En sauvant ces trésors culturels – tout aussi universels – que les djihadistes veulent faire disparaître de nos mémoires et de notre histoire commune."
Comité Laïcité République
Maison des associations, 54 rue Pigalle, 75009 Paris
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