Rebond

Voile : la France ne reconnaît pas l’article sur lequel s’appuie le Comité des droits de l’homme de l’ONU

par Jean-Pierre Sakoun, président du Comité Laïcité République. 11 octobre 2018

« L’ONU s’apprête à condamner la France » à propos de l’interdiction du port de la burqa, nous dit hier La Croix, à la suite de L’Obs il y a quelques jours à propos de l’affaire Baby Loup...

Rappelons à ces exemples d’un journalisme objectif que la loi française de 2010 ne concerne pas les signes religieux en particulier, puisqu’elle vise l’interdiction de cacher son visage pour des raisons de sécurité publique, sauf à considérer que le casque intégral et la cagoule sont des signes religieux dont l’interdiction du port bride la liberté religieuse des black blocks et de l’extrême-droite dans les manifestations.

En outre, le « Comité des droits de l’homme, organe de surveillance du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, responsable du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et ses protocoles facultatifs », qui ne doit pas être confondu avec le « Conseil des droits de l’homme des Nations unies » ou avec le « Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme », a fortiori avec « l’ONU », n’a strictement aucune compétence juridique.

Ce d’autant que, si le dit pacte qu’il est censé surveiller a été signé par la France, ce fut avec une réserve fondamentale, que la France était en droit de faire, sur son article 27.

Voici l’article 27. « Dans les États où il existe des minorités ethniques, religieuses ou linguistiques, les personnes appartenant à ces minorités ne peuvent être privées du droit d’avoir, en commun avec les autres membres de leur groupe, leur propre vie culturelle, de professer et de pratiquer leur propre religion, ou d’employer leur propre langue. »

Voici la réserve française. La France a émis une réserve à l’article 27, au nom de l’universalisme républicain, rappelant le fait que, étant une république "une et indivisible", les minorités (ethniques, culturelles, linguistiques ou religieuses) n’ont ni plus de droits ni moins de droits que leurs concitoyens : en effet la France ne "fiche" pas ses résidents par catégories raciales, etc.

Aussi, outre le fait que dans la hiérarchie des normes juridiques, les recommandations de ce comité ne valent strictement et littéralement rien face aux décisions de la Cour européenne de justice et de la Cour de cassation, cette recommandation particulière, comme la précédente émise par le même comité à propos de Baby Loup, s’appuie sur un article que la France... ne reconnaît pas !

Nous engageons nos lecteurs à lire jusqu’au bout l’article publié par le CLR à propos de l’agression de ce comité multiculturaliste et anti-universaliste contre Baby Loup pour comprendre la perversion de ces attaques.

Nous engageons la presse française, même la plus hostile à la Laïcité, à cesser de jouer contre son pays et d’attiser les peurs et les tensions en donnant des présentations au mieux erronées, au pire manipulatrices, de ces affaires.

Enfin, alors que la décision des dix-huit « experts » constituant l’obscur comité soudain magnifié par une certaine presse n’est même pas prise, peut-on sérieusement douter que cette « fuite » orchestrée ne soit pas une tentative paniquée des islamistes les plus rétrogrades de faire contre-feu à la désastreuse (pour eux) affaire Redoine Faid, qui s’est déplacé pendant sa cavale sous une burqa, et de tenter de recentrer la lumière des projecteurs de ce fait divers éloquent sur la « culpabilité » de la France ? Souvenons-nous de l’affaire du burkini, qui, quelques jours après la boucherie de Nice, a permis aux intégristes fanatiques qui n’ont jamais condamné ce massacre, de se victimiser aux yeux de tous les naïfs consentants...

Jean-Pierre Sakoun
président du CLR

[La Croix indique que "En février 2018, le Comité laïcité République, une association en pointe sur la défense de la laïcité, a ainsi lancé une pétition contre le Conseil des droits de l’homme". Le CLR ne boude pas son plaisir d’être ainsi salué, de surcroît par La Croix. Néanmoins, pour l’édification du lecteur, précisons que l’appel en question n’a pas été lancé par le CLR mais par la Licra, et que ce n’était pas en février 2018 mais dix ans plus tôt (excusez du peu), comme c’est indiqué clairement, par exemple, sur le site du CLR : Pétition : “L’ONU contre les droits de l’homme” (Le Monde, 28 fév. 08). Note de la rédaction.]



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