Revue de presse

Services publics : "Meurtre avec préméditation" (J. Dion, Marianne, 7 juil. 22)

Jack Dion, directeur adjoint de la rédaction de "Marianne". 25 juillet 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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"Depuis belle lurette, les ministres de la Santé expliquent qu’il faut gérer l’hôpital public « comme une entreprise » et que l’univers de la santé doit entrer dans le monde merveilleux du business. Adieu l’esprit d’un service où l’on pense à soigner d’abord et à compter ensuite, vive la « nouvelle gouvernance » de l’hôpital, avec tarification des actes hospitaliers, comme si une intervention chirurgicale était un acte marchand comme un autre ! Cette logique, lancée au début des années 2000, a débouché sur une crise sans précédent du système de santé.

La méthode est appliquée avec une rare efficacité dans tous les domaines. On commence par priver les services publics de moyens et par leur confier des objectifs à l’opposé de leurs missions. En vertu de quoi ils s’étiolent. On en conclut alors qu’ils ne fonctionnent pas, que l’État est inefficace, qu’il faut laisser agir la main invisible du marché et que le privé est un modèle d’efficacité, comme l’a prouvé avec éclat la magnifique gestion des Ehpad à la sauce Orpea, à vanter dans toutes les écoles de management.

Ainsi a-t-on inoculé l’esprit McKinsey dans l’administration, à croire que celle-ci ne serait qu’un ramassis de fainéants. On a obligé EDF à brader de l’électricité à ses concurrents privés pour qu’ils puissent se faire une place au soleil boursier. On a poussé la SNCF à s’enfoncer dans le bourbier du sous-investissement tout en accusant les cheminots d’être des nantis. On a ouvert les portes de l’école publique à la privatisation rampante et organisé la mise en concurrence entre les établissements. On a laissé la recherche péricliter au prix d’une fuite systématique des cerveaux. Chaque fois, on a expliqué que l’esprit du service public était ­antinomique avec le progrès, la souplesse, la modernisation et la sacro-sainte compétitivité. Qui veut tuer son chien l’accuse de la rage, dit le proverbe. De même, qui veut assassiner le service public l’accuse d’incompétence après l’avoir étouffé. [...]"

Lire "Le modèle social français a été saboté de l’intérieur par les intégristes du ’tout marché’ ".


Voir aussi dans la revue de presse le dossier Consultants, cabinets de conseil... dans la rubrique Service public, la rubrique Hôpital dans Fonction publique (note du CLR).


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