Revue de presse

"Religion : les cantines de Charente n’en font pas un plat" (charentelibre.fr , 25 sept. 14)

28 septembre 2014

"Mardi, à L’Isle-d’Espagnac, un débat est organisé sur le thème de la laïcité dans les cantines scolaires. Aucun menu halal n’est servi aux écoliers charentais. Seulement des repas sans porc, mais pas partout.

Mêler restauration scolaire et laïcité, il fallait oser. En organisant une soirée sur ce thème à L’Isle-d’Espagnac mardi prochain, la Ligue de l’enseignement ouvre le débat. Mais pas la boîte de Pandore, jure le conférencier Michel Le Jeune, président du Centre national de ressources des restaurants d’enfants et de jeunes de la Ligue de l’enseignement. « Il faut que ce soit débattu sur la place publique pour que ce ne soit plus tabou. »

Tous les élus et responsables de services de restauration scolaire de la région, ainsi que les parents, sont conviés à cette première en Charente. « L’affaire du voile a changé beaucoup de choses. L’alimentation est aussi une manière de faire valoir sa religion. Mais on n’aime pas traiter ce sujet de cette façon-là, sinon, on ne parle que des musulmans. »

Pourtant, une réalité demeure. « Souvent, les communes viennent nous voir quand surviennent les premières demandes de menus halal. » Michel Le Jeune reçoit, conseille, oriente des élus parfois désemparés. « Les familles veulent savoir pourquoi la viande halal n’est pas disponible dans la restauration scolaire. Dans les années 1990, les collectivités pouvaient dire qu’elles n’en trouvaient pas en volume suffisant. Ce type de réponse n’est plus possible, il faut argumenter. »

Pas de réflexion majeure ni houleuse dans les communes charentaises, pas plus que de requêtes de menus casher ou bio. Seulement des demandes de repas halal.

Quelques-unes à Soyaux et Angoulême il y a quelques années. Refusées. « C’est une décision politique des élus, explique simplement Martine Dupuy, responsable du pôle enfance éducation jeunesse et sport à la mairie de Soyaux. Pour le moment, il n’est pas question de changer. » A Angoulême, la nouvelle municipalité s’en tient à la même ligne de conduite que la précédente.

La mairie de Confolens a reçu pour la première fois une demande cette année. « On n’a pas pu y répondre, ça ne concernait qu’une personne. On n’est pas catégoriquement contre mais il n’y a pas de demande massive », indique Frédéric Boob, adjoint.

En théorie, interdiction est faite à un service public de financer indirectement un système religieux. Cela vaut pour les repas halal, pas pour les repas sans porc.

Jean-Michel Nivet, président du Comité laïcité République Charente, dit oui aux seconds, non aux premiers. « Répondre positivement à des revendications religieuses ou communautaristes est en contradiction avec la laïcité. Pourquoi pas aussi les adorateurs de l’andouillette ? »

Quant aux menus sans porc, deux solutions : compenser par un accompagnement plus important ou proposer une protéine de substitution les jours où le porc est au menu. Ce que font Cognac –pour 40 à 50 enfants sur 1.000 demi-pensionnaires– et Angoulême, qui sert de la volaille. « Et quand il y a une salade avec des lardons, on enlève les lardons », détaille Stéphanie Garcia, adjointe à l’éducation. [...]

A la CDC Val-de-Charente, les principes ont damé le pion au pragmatisme. « Nous sommes à l’école laïque, il n’y a pas de raison qu’il y ait un menu de substitution, justifie José Dupuis, chargé des affaires scolaires. C’est un principe de respect de la laïcité mais ce n’est pas non plus une question à laquelle on est confronté au point de mettre en place une réflexion là-dessus. »

A La Rochefoucauld, les parents qui réclamaient que leur enfant ait un menu différent l’an passé ont finalement décidé de ne pas le laisser à la cantine.

Et puis il y a toutes les petites communes, où les arrangements entre les cantinières et les parents permettent de contenter tout le monde. « Les cuisiniers connaissent les élèves, préparent des plats différents si besoin. Je ne suis pas sûre que les élus soient toujours au courant », constate Michel Le Jeune. [...]"

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Voir CLR Charente (2004-18) (note du CLR).


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