“Réaction” (Editorial, Libération, 16 jan. 08)

16 janvier 2008

"La religion du progrès s’est étiolée ? Paix à son âme. Faut-il pour autant la remplacer par la religion tout court ? Voilà l’un des péchés mortels de la restauration sarkozienne qui se déploie sous nos yeux. Bien sûr, on ne peut plus, à l’heure des doutes sur la technique et des menaces sur la planète, professer une foi naïve dans l’amélioration spontanée de la condition humaine. Bien sûr, les grandes religions offrent souvent aux individus déboussolés un credo de valeurs respectables ; la tolérance à leur égard est un article de foi de la laïcité. Mais aller au-delà, comme le fait Nicolas Sarkozy, proclamer qu’il n’est d’autre espérance que spirituelle, marteler que l’identité française est avant tout chrétienne, c’est sacrifier à un dogme qu’on croyait révolu, et qui est, disons-le, proprement réactionnaire.

Les religions, dans l’Histoire, furent aussi les matrices de la violence et de l’exclusion des minorités. Les cathares, les camisards, les protestants en général ou les juifs en particulier, en furent les victimes immolées. L’identité française, outre qu’elle est diverse, hérite surtout des Lumières, qui se fondent sur la force de l’esprit humain et la philosophie de la liberté. Non sur la Révélation, qui ne s’adresse qu’aux croyants. Placer, dans un discours présidentiel, ces valeurs-là au second plan, c’est défendre une bien incertaine idée de la France, qui nous renvoie aux temps du cléricalisme.

Décidément, le sarkozysme n’est pas un républicanisme."

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