Revue de presse

"Programmes scolaires : des « ajustements » à la rentrée 2018" (Le Monde, 26 juin 18)

26 juin 2018

"Dictées quotidiennes, retour du passé simple, disparition du prédicat, quatre opérations de calcul en CP… Jean-Michel Blanquer avait promis, dès sa nomination comme ministre de l’éducation, de « muscler » l’apprentissage des fondamentaux. Le Conseil supérieur des programmes (CSP) l’a suivi. L’instance, saisie de cette mission en janvier, vient en effet de rendre un projet d’ajustement pour les mathématiques, le français et l’enseignement moral et civique.

Ces textes, qui concernent les élèves du CP à la classe de 3e, pourront encore être amendés par le ministère, avant leur passage devant les représentants de la communauté éducative réunis en Conseil supérieur de l’éducation (CSE), début juillet. Leur objectif est clair : simplifier la compréhension des programmes entrés en vigueur à la rentrée 2016. « Nous savons que ces programmes ont été difficiles à mettre en œuvre, que les professeurs ont eu du mal à se les approprier », souligne Souâd Ayada, présidente du CSP.

Pour le français et les mathématiques, le contenu de ces projets n’a rien de surprenant. Il réorganise et reformule des éléments déjà présents dans les programmes, tout en intégrant les pistes amorcées au fil des mois par M. Blanquer. La familiarisation avec les quatre opérations de calcul dès le CP, le recours quotidien à la dictée, la lecture d’un nombre minimum d’œuvres complètes chaque année… Tous ces points figuraient dans les quatre circulaires mises en ligne fin avril à l’usage des professeurs des écoles.

Les circulaires et le « livret orange » sur la lecture, envoyé dans les écoles primaires à la même date, étaient peu diserts sur l’écriture de textes longs, un exercice dans lequel les élèves français sont faibles. Cela leur avait valu la critique des spécialistes. Un grief manifestement entendu par le CSP qui propose moult exemples d’activités, à chaque cycle, destinées à permettre la variation des « situations d’écriture ». Souâd Ayada confirme cette volonté : « Nos projets mettent l’accent sur quelque chose qui n’était peut-être pas assez souligné dans les circulaires, l’importance de l’écriture et du geste graphique des élèves. »

C’est également sans surprise que l’on voit ressurgir l’ensemble de la conjugaison du passé simple au cycle 3 (CE2, CM1, CM2) – et non plus le seul apprentissage des 3es personnes du singulier et du pluriel. Dans une tribune publiée par Le Parisien le 15 avril, M. Blanquer avait en effet dénoncé l’enseignement « allégé » du passé simple. De même, le ministre avait promis dès la rentrée 2017 le retour du COD, COI et des compléments circonstanciels par opposition au vocabulaire universitaire jugé « inutilement complexe ». La notion de « prédicat » avait, à elle seule, provoqué un véritable tollé lors de son entrée dans les programmes, en 2016.

[...] [Dans les nouveaux programmes d’enseignement moral et civique (EMC)] le contenu des enseignements n’est pas modifié, mais la philosophie générale de la discipline a profondément changé. Alors que la réforme de 2016 prévoyait un enseignement fondé sur l’expérience des élèves, le programme d’EMC recensera désormais une série de notions à maîtriser selon une progression définie. Dès le CE2, les élèves devront ainsi connaître le premier couplet de La Marseillaise et les principaux symboles républicains, plus tard les droits de l’homme et de l’enfant, le fonctionnement des institutions, et ainsi de suite jusqu’en 3e.

A une approche qui part de l’élève pour aller vers des notions abstraites se substitue donc un enseignement plus « vertical », fait de contenus clairement identifiés. Un choix assumé par le CSP. « D’après les différents retours que nous avons eus, les entrées, ou plutôt les “dimensions” des programmes de 2016, comme la sensibilité, le jugement et le discernement, rendaient les choses très confuses, explique Souâd Ayada. Si l’on veut conduire cet enseignement, il faut déterminer clairement ses contenus. » [...]"

Lire "Education : le Conseil supérieur des programmes publie des « ajustements » à la réforme de 2016".



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