Revue de presse

"Pourquoi une procession organisée par le diocèse de Paris a-t-elle été prise à partie ?" (la-croix.com , 30 mai 21)

6 juin 2021

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Une marche de prière organisée samedi 29 mai 2021 par le diocèse de Paris en mémoire à des martyrs catholiques de la Commune de Paris a dû être interrompue en raison d’une contre-manifestation d’extrême gauche qui a donné lieu à des incidents violents.

Laurent de Boissieu

Cela se voulait une procession comme tant d’autres, samedi 29 mai 2021. En mémoire des religieux exécutés le 26 mai 1871, pendant la « semaine sanglante » de la Commune, le diocèse de Paris avait organisé une « marche des otages martyrs de la rue Haxo ». Violemment pris à partie par des militants d’extrême gauche, le pèlerinage a toutefois dû être stoppé.

« Nous étions dans une démarche de prière et de commémoration, sans aucune forme d’expression ou de revendication politique, témoigne pourtant à La Croix Mgr Denis Jachiet, évêque auxiliaire. Nous ne fêtions pas la victoire d’un camp sur un autre. »

Forte d’environ 300 participants, la procession est partie vers 17 h 15 du square de la Roquette, dans le XIe arrondissement de Paris, afin de suivre le chemin des prisonniers de l’ancienne prison de la Roquette, où fut par ailleurs exécuté Mgr Georges Darboy le 24 mai 1871, jusqu’à l’actuelle église Notre-Dame des Otages.

« Commémorons nos martyrs »

Rdv à 17h ce samedi, square de la Roquette (11e) avec Mgr Denis Jachiet, pour une marche de 4 km jusqu’à Notre-Dame des Otages (20e)#CommunedeParis pic.twitter.com/Dkc41Y93LA

— Diocèse de Paris (@dioceseparis) May 29, 2021

Très vite, le cortège a essuyé de la part de personnes attablées en terrasse des quolibets, dont l’historique « À bas la calotte ». « Notre procession était familiale, avec des enfants et des personnes âgées, et nous avons d’abord pris cela de manière apaisée voire amusée car nous avions l’impression d’être retournés au XIXe siècle ! », raconte Hubert, membre du conseil paroissial de Notre-Dame des Otages.

Aux abords du cimetière du Père Lachaise, des contre-manifestants ont commencé à suivre les catholiques avec des drapeaux rouges en scandant : « À bas, à bas, à bas les versaillais » – du nom des troupes qui écrasèrent la commune – ou « Tout le monde déteste les versaillais ! », sur le modèle du slogan anarchiste « Tout le monde déteste la police ! ». « Ils exerçaient une pression de plus en plus forte et il était de plus en plus difficile de prier ou de chanter, poursuit l’organisateur. Dans l’incompréhension, certains d’entre nous ont naïvement essayé de discuter, en vain. » Des participants, « apeurés », quittent la marche.

Vers le métro Ménilmontant, des projectiles en verre sont lancés. Puis une dizaine de personnes viennent au contact de pèlerins en lançant des cris de ralliement de la mouvance libertaire et des « blacks blocs » : « Siamo tutti antifascisti ! » (« Nous sommes tous antifascistes ! ») et « Paris, Paris, Antifa ! » (pour « antifasciste »), tapant des mains comme dans les stades de football (« clapping »). « Ils ont déboulé d’une rue, j’ai eu l’impression d’un véritable guet-apens », se souvient Hubert. Des coups violents sont portés, un pèlerin est évacué la tête en sang, des drapeaux tricolores et des bannières de paroisse sont arrachés.

Seuls deux policiers étaient alors présents, avant d’être aidés après 18 heures par des motards de la brigade de répression des actions violentes. La partie du cortège attaquée est celle où défilaient quelques retraités de l’association mémorielle « Le Souvenir français », puisque parmi les cinquante-deux personnes victimes du « massacre de la rue Haxo » figuraient des ecclésiastiques mais surtout des gendarmes. Sur place, le journaliste Taha Bouhafs, du site Internet Le Média, prétend sur les réseaux sociaux qu’il s’agit d’« une procession de catholiques intégristes et royalistes ». Il effacera ultérieurement cette publication, tout en mettant en avant la présence d’un militant d’extrême droite qu’il avait identifié.

Finalement, la marche est bloquée à 18 h 30 par une quarantaine de personnes aux abords de l’église Notre-Dame-de-la-Croix. « Nous sommes restés à l’abri une heure à prier, puis nous avons été exfiltrés par groupes de deux », conclut Hubert. En même temps, la police confine une librairie voisine où se tient une rencontre sous l’égide de l’association d’extrême gauche « Faisons vivre la Commune ! ».

« Ce fut la conjonction malheureuse de deux événements, le nôtre purement religieux et une commémoration politique », regrette Mgr Denis Jachiet. L’association « Les Amies et amis de la Commune de Paris 1871 » avait en effet parallèlement organisé dans le quartier une grande journée pour le cent-cinquantième anniversaire de la Commune, avec comme point d’orgue « la montée au mur des Fédérés » du cimetière du Père Lachaise. Objectif : « Face à la haine intacte des versaillais d’aujourd’hui, manifestons la solidarité joyeuse que stimule son héritage ». Pas sûr que le message ait été perçu ainsi par les catholiques."

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