Revue de presse

"Madrid veut revenir sur le droit à l’avortement" (Le Monde, 22-23 déc. 13)

24 décembre 2013

"C’était une promesse de campagne de Mariano Rajoy, une concession à l’aile dure du Parti populaire (PP) et à l’Eglise. Le gouvernement espagnol a annoncé, vendredi 20 décembre, une nouvelle « loi de protection de la vie du conçu et des droits de la femme enceinte ». Cette loi mettra fin à l’avortement conçu comme un droit, introduit en Espagne par le gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero et entré en vigueur en 2010.

La législation antérieure autorisait les interruptions volontaires de grossesse (IVG) durant les quatorze premières semaines de gestation, jusqu’à vingt-deux semaines en cas de malformation du foetus.

Le projet présenté en conseil des ministres limite les IVG à deux cas : lorsqu’il existe des risques pour la santé physique ou psychique de la mère ou lorsque la grossesse est le fruit d’un viol. C’est un retour aux principes en vigueur entre 1985 et 2010, lorsque 90 % des avortements étaient pratiqués sur des femmes qui contournaient l’interdiction en invoquant un risque pour leur santé mentale.

Mais la nouvelle loi sera plus sévère encore, « la plus restrictive depuis la fin de la dictature », assurent les associations féministes et la gauche, quand l’IVG était purement et simplement interdite.

D’une part, le projet de loi ne prend plus en compte la malformation du foetus pour autoriser l’avortement, « car il n’y a pas de conçus non nés de première et de deuxième catégorie », a expliqué le ministre de la justice, Alberto Ruiz Gallardon. Une malformation ne sera un motif accepté que si elle a des conséquences sur la santé psychique de la mère. Si elle est détectée après la vingt-deuxième semaine de grossesse, date limite pour avorter, les médecins ne pratiqueront pas d’avortement mais provoqueront l’accouchement, « car, à partir de cette date, selon l’OMS le foetus est capable de se développer hors de l’utérus », a expliqué M. Gallardon, auteur de la réforme.

D’autre part, la future loi multiplie les obstacles pour les femmes qui invoquent un risque pour leur santé psychique. Elles devront obtenir deux rapports médicaux favorables de psychiatres n’ayant aucun lien avec la clinique où aurait lieu l’IVG. Elles se verront expliquer les alternatives existantes et devront respecter un délai de réflexion d’une semaine. Enfin, les cliniques qui pratiquent les IVG n’auront plus le droit de faire de la publicité ou d’annoncer leur spécialité. [...]

Les médecins qui pratiquent un avortement ou falsifient un rapport médical risqueront jusqu’à trois ans de prison. Le président du Planning familial, Luis Enrique Sanchez, craint « que les Espagnoles qui en ont les moyens soient contraintes d’aller en France ou en Angleterre pour avorter ». [...]

Les associations anti-avortement sont très puissantes en Espagne. Début décembre, un autobus affrété par l’organisation ultraconservatrice américaine Centre pour la réforme bioéthique, qui a une succursale en Espagne, a circulé sur la Castellana, l’artère principale de Madrid. Sur ses flancs, on pouvait voir des photos géantes de foetus morts, couverts de sang, après onze et douze semaines de gestation. Le 17 novembre, plusieurs milliers de personnes avaient manifesté dans une cinquantaine de villes espagnoles à l’appel de l’association Droit de vivre. [...]"

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