Culture / Cinéma

Madres Paralelas - La maternité et la mémoire (G. Durand)

par Gérard Durand. 12 décembre 2021

[Les échos "Culture" sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

Madres Paralelas, de Pedro Almodovar (2 h), avec Penelope Cruz, Milena Smit, Rosy de Palma, Israel Elejalde. Sorti le 1er déc. 21.

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Ce film est un film foisonnant, tant il aborde de sujets sur la société espagnole. Seul le talent d’Almodovar permet au spectateur de ne pas s’y perdre mais de suivre chacun d’eux tout au long de ces deux heures.

Le talent est en effet partout, d’abord dans l’interprétation, celle de Penelope Cruz, resplendissante de justesse, éblouissante dans un rôle particulièrement difficile, celui de la toute jeune Milena Smit - que la presse à trouvé un peu en dessous, ce qui n’est pas mon avis. Et l’interprétation de Rosy de Palma, autre actrice fétiche du réalisateur. Talent dans le montage du film, qui nous permet de passer d’un thème à l’autre sans un instant d’hésitation, d’apprécier la magnifique lumière, qu’elle soit en intérieur comme dans les paysages. Elle participe grandement aux émotions et il y en a beaucoup.

Les deux sujets principaux sont la maternité et la mémoire. La maternité est celle de deux femmes qui se rencontrent de façon fortuite en voisines de chambre dans la clinique ou elles viennent accoucher. L’une approche la quarantaine et, si sa grossesse est accidentelle, elle l’accepte avec joie. L’autre une adolescente, victime d’un viol, qui voit son avenir en noir avec cet enfant. En fait leur avenir sera complexe et les liera l’une à l’autre pour un très long moment.

La mémoire est celle de l’héritage pernicieux de la guerre civile et du franquisme qui empoisonne encore l’Espagne trois générations plus tard. Le spectateur comprend ce qu’est une guerre civile. Des familles déchirées, des parents disparus, volatilisés, exécutés, des bourreaux jamais punis, des squelettes que l’on retrouve 70 ans plus tard dans l’exhumation de fosses communes avec encore leurs chaussures au pieds et des fils barbelés aux poignets. Jamais Almodovar ne s’était risqué sur ce terrain d’une vieille cicatrice jamais tout à fait refermée et il parvient à faire de ce passé le fil conducteur, parfois caché mais jamais oublié de son récit, avec une grande pudeur qui renforce l’émotion.

A voir pour vivre un moment de réelle beauté.

Gérard Durand


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