Revue de presse

Loches : "Le maire remet en cause une conférence sur la laïcité" (La Nouvelle République, 23 nov. 13)

24 novembre 2013

"Invité par une association, le philosophe Henri Peña-Ruiz doit intervenir le 2 décembre au collège sur “ Jeunesse et Laïcité ”. Au grand dam du maire…

Le courrier électronique ne fait que quelques lignes, mais le message est clair (1). Adressé au président du Comité Laïcité République Sud Touraine, il est signé par Jean-Jacques Descamps : « Je suis surpris que [la conférence] ait lieu au collège Georges-Besse, qui est un lieu qui doit rester neutre de par le principe même de l’école laïque et républicaine que vous défendez. Je vais donc m’enquérir auprès de la direction du collège et du Dasen (2) de la régularité de cette confusion des genres ! ».

Ce qui met le maire UMP à ce point en émoi, c’est la venue à Loches du philosophe, écrivain et enseignant à Sciences Po Paris, Henri Peña-Ruiz. A l’invitation du comité laïcité, il doit donner une conférence publique et gratuite le 2 décembre, à 20 h, au collège Georges-Besse (NR du 15 novembre). Thème de son intervention : « Jeunesse et Laïcité ».

« Au lieu de se féliciter qu’une association lochoise ait une initiative citoyenne autour d’un principe fondamental de la République, le maire cherche à nuire à l’organisation de cette conférence, c’est dommageable », regrette Philippe Adam, président du comité laïcité. Un débat sur la laïcité n’aurait-il donc pas sa place dans un établissement scolaire public, selon le maire de Loches ? « J’ai été un peu surpris que cette réunion soit organisée dans l’enceinte du collège. Il y a suffisamment de salles plus neutres à Loches », argumente Jean-Jacques Descamps, interrogé par la NR.

Les services départementaux de l’Éducation nationale sont au courant de la tenue de la conférence au sein du collège public. Malgré ce qu’il annonce dans son mail, Jean-Jacques Descamps assure n’avoir pas contacté le directeur académique (Dasen) : « Je n’en fais pas une affaire d’État à ce point-là ». Il indique qu’il aura en revanche ce lundi une conversation avec la principale de Georges-Besse, retenue ces jours derniers hors du Lochois. Au collège, on se borne à indiquer en son absence que « la conférence est toujours programmée pour le 2 décembre ». A ce jour, elle devrait donc bien avoir lieu comme prévu. Le maire lui aura fait une belle publicité…

(1) Daté du mardi 19 novembre, ce courrier électronique est également envoyé en copie au premier adjoint Marc Angenault, candidat à la succession de Jean-Jacques Descamps.
(2) Directeur académique des services de l’Éducation nationale, soit le « chef » de l’Éducation nationale pour l’Indre-et-Loire.

Profil

  • Le politique. Outre ses compétences scientifiques, Henri Peña-Ruiz est militant du Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon. Est-ce en cela que le maire voit une atteinte à la neutralité ? C’est « un universitaire reconnu par ses pairs comme un spécialiste de la question philosophique et laïque », atteste le président du CLR-ST, Philippe Adam. Effectivement, Henri Peña-Ruiz a donné des conférences dans plus d’une vingtaine de pays du monde.
  • L’enseignant. Né en 1947, Henri Peña-Ruiz est agrégé de l’université, docteur en philosophie, maître de conférences à l’Institut d’études politiques de Paris. Professeur de philosophie en khâgne au lycée Fénelon (Paris) jusqu’en 2012, il est également ancien membre de la commission Stasi sur l’application du principe de laïcité dans la République.
  • L’écrivain. Henri Peña-Ruiz est l’auteur de plusieurs ouvrages comme « Les Préaux de la République », « Dieu et Marianne : philosophie de la laïcité », « La Laïcité » (anthologie de textes commentés) ou encore « Leçons sur le bonheur » chez Flammarion.

La phrase

« La laïcité est une organisation de la puissance publique destinée à promouvoir à la fois la liberté de conscience, l’égalité de droits et l’intérêt général »

Telle est la définition de la laïcité, selon le philosophe Henri Peña-Ruiz qui doit venir traiter de ce sujet lors d’un débat public au collège Georges-Besse le 2 décembre. Il ajoute que la laïcité « rend ainsi possible la coexistence de personnes d’origines très diverses. Il ne s’agit pas de nier les différences mais de faire vivre une sphère commune à tous par-delà les options personnelles, dont aucune n’est privilégiée. Cet universalisme est source de paix ».

Source : site internet d’Henri Peña-Ruiz, http://henripenaruiz.fr/ "

Lire "Le maire remet en cause une conférence sur la laïcité".

Lire " Confusion des genres ".



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