Revue de presse

"Le communautarisme gagne l’entreprise" (Le Figaro, 16 mai 14)

19 mai 2014

"Selon une note des services de renseignements, les revendications religieuses grignotent du terrain.

[...] Le communautarisme religieux continue à se propager dans la société française. Comme le révèlent Randstad et l’Observatoire du fait religieux en entreprise, il grignote une partie du monde du travail au point de provoquer une certaine crispation au sein des sociétés, globalement assez démunies.

Le problème est assez aigu pour que les services spécialisés du ministère de l’Intérieur s’en emparent. Une note du Service central du renseignement territorial (SCRT), datée du 5 mars dernier et que Le Figaro s’est procurée, dresse un état des lieux instructif. « Si la grande majorité des salariés de confession musulmane se montre discrète dans l’exercice de sa religion, certains, plus rigoristes, développent des comportements communautaristes créant un certain malaise auprès des salariés non pratiquants », observe le rapport.

Avec méthode, les policiers pointent une série de « dérives ». Et mentionnent l’existence de « salles de prières clandestines » dans un « local d’allaitement mis à disposition des mères salariées » d’une multinationale de Belfort ou encore dans les « baraquements Algeco » d’un sous-traitant des transports strasbourgeois. Dans le Haut-Rhin, les salariés d’un équipementier automobile prient dans un ancien réfectoire. Les policiers précisent que les non-pratiquants, « minoritaires, s’agacent et estiment que la religion doit se pratiquer en dehors des zones de travail ». Dans le Territoire de Belfort, c’est un « chauffeur routier (…) régulièrement vêtu d’une tenue traditionnelle » qui a été licencié parce qu’il « tenait des propos extrémistes et refusait de parler au personnel féminin » tandis que, notent les experts du renseignement territorial, des ouvriers d’une usine métallurgique de Saint-Étienne « évitent tout contact tant visuel que physique avec la hiérarchie féminine ». Ils pointent aussi ces salariés lillois d’une société de transport en commun qui forment des « équipes de travail communautaires, avec prises de repas séparés »…

[...] « Concilier la pratique religieuse avec l’organisation du travail figure en bonne place parmi les préoccupations des dirigeants et des directeurs des ressources humaines ». Dans leur ensemble « très attachés à la laïcité dans leur entreprise », ils feraient preuve de « certaines tolérances » sur le port du « voile discret », les « prières officieuses dans certains espaces » et les « revendications concernant la nourriture ». La grande majorité d’entre eux souhaiterait qu’une législation voie le jour pour les entreprises privées, à l’instar de celle du 11 octobre 2011 relative au port du voile dans les espaces publics.

Si le Conseil économique social et environnemental (CESE) a estimé dans un projet d’avis du 12 novembre 2013 que « l’arsenal juridique actuel est suffisant », la note du renseignement territorial assure que « certains, animés par des idées fondamentalistes, profitent de cette brèche pour lancer l’idée d’entreprises exclusivement musulmanes, qui instaureraient de fait une discrimination à l’embauche ».

Embarrassés et extrêmement réservés sur cet épineux sujet, les syndicats tergiversent. Tandis que la CFDT défend une position consensuelle sur le terrain, la CGT serait traversée par des « influences contradictoires ». Quant à la CTFC, inspirée des valeurs de la morale chrétienne, elle aurait constaté, dans la région dijonnaise, « un afflux d’adhérents de salariés d’origine maghrébine auprès desquels le syndicat avait été présenté comme la Confédération française des travailleurs coraniques »."

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