Revue de presse

"La République et les deux Sarkozy" (Ph. Bernard, Le Monde, 8-9 av. 12)

8 avril 2012

"Qui se souvient du président qui prônait la "discrimination positive " et promettait d’instaurer des "statistiques ethniques", mesures qui supposent de scinder la population en catégories objectives, afin de lutter contre les discriminations ? Comment s’appelait ce chef de l’Etat qui se targuait d’avoir fait entrer la "diversité" au gouvernement avec Rachida Dati, Fadela Amara, et qualifiait fièrement Rama Yade de "Condoleezza Rice française" ?

Quand la crise a commencé à raidir l’opinion, quand il a pris conscience que la discrimination positive pouvait être interprétée comme un "avantage" donné aux personnes d’origine étrangère au moment même où Marine Le Pen réussissait son hold-up sur le thème de la "laïcité", détournée en euphémisme de l’islamophobie, M. Sarkozy a brusquement tourné casaque. [...]

Le lapsus de M. Sarkozy sur les "musulmans d’apparence" vient en quelque sorte couronner ces postures incohérentes. Soucieux de nier toute stigmatisation des musulmans, le président de la République a déclaré, lundi 26 mars, sur France Info : "Les amalgames n’ont aucun sens : je rappelle que deux de nos soldats étaient... comment dire... musulmans, en tout cas d’apparence, puisque l’un était catholique..." Au lieu de rappeler que la religion d’un individu ne se lit pas sur son visage, surtout dans une République laïque censée considérer ses citoyens indépendamment de leurs convictions, le président, garant de ces valeurs, a conforté le cliché qui veut qu’un "bronzé" soit d’abord perçu comme un musulman. Alors même que les soldats ont été tués en tant que militaires servant la France et non - et pour cause - en tant que musulmans.

Cette propension à caractériser des citoyens par référence à leur prétendue religion bafoue la liberté de conscience et la variété des convictions. Pareille assignation à identité religieuse tend à nier la diversité des degrés d’adhésion et de pratique, dans l’islam de France comme dans les autres cultes. Elle fait le jeu des religieux extrémistes qui, en assimilant identité et religion, nient précisément la liberté de chacun de se définir par référence ou non à une foi."

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