Revue de presse

"La “francité” n’est pas un communautarisme" (causeur.fr , 14 juil. 16)

14 juillet 2016

"[...] Le vrai scandale dans ces propos provient de l’évocation de « communautés » présentes et recensées sur le territoire français, comme si c’était naturel dans une République qui fait profession depuis deux cents ans de ne reconnaître que des citoyens et des individus. Et encore ne s’agit-il pas dans ce fatras pas si innocent qu’il en a l’air, ni de communautés locales, comme l’on parlerait de Corses ou de Picards, ni de communautés religieuses, comme l’on opposerait catholiques et protestants. Non, il s’agit d’opposer aux musulmans, pris en bloc, des « groupes » qui constitueraient eux-mêmes une communauté, seulement réunie si l’on comprend bien par l’exaspération et « l’ultradroitisme ».

Qu’en déduire ? Qu’ils sont blancs, racistes, suprémacistes, nazis ? L’explication manque. On dirait que nos gouvernants se croient aux Etats-Unis ou sous les grandes heures de l’apartheid sud-africain. L’identification au modèle anglo-saxon n’a jamais été aussi claire. Pourtant, que l’on sache, la France n’a jamais été, jusque là, le théâtre d’affrontements ethniques ou raciaux, sans doute parce que son modèle glorieux a toujours été celui de l’universalisme. Des guerres religieuses, il y en eut, mais elles se sont éteintes au XVIIe siècle, et de la pire des manières, avec le centralisme destructeur de Louis XIV. Les catholiques se souviennent aussi des persécutions et humiliations que leur fit subir la République. On croyait pourtant que c’était enterré et dépassé.

Mais non, nous dit-on, il existe encore ou à nouveau des « communautés » qui risquent de s’affronter. Essayons de trouver lesquelles, puisqu’on ne nous le dit pas. Il se peut en effet qu’il existe, dans certains lieux, une communauté musulmane, ou plus précisément salafiste ou relevant des Frères musulmans, qui impose sa loi, ses rites, ce qui ne manque pas de logique puisqu’il s’agit d’une religion fondamentalement ritualiste. Remarquons que cette communauté religieuse est à 99% d’importation, et l’on n’aura pas la cruauté de demander encore une fois qui l’a établie ici sans rien exiger d’elle.

Mais en face ? Des Français qui aiment leur pays, sa liberté de conscience et de religion, sa libération des femmes, son soin des pauvres et des faibles, sa langue, ses arts, son architecture et sa littérature, sa mode vestimentaire, constituent-ils soudainement une communauté autre que nationale ? Alors qu’eux-mêmes n’ont pas l’impression d’avoir changé ? A moins que dans ce monde complètement renversé, notre universalisme soit par concurrence mimétique devenu un particularisme communautariste, sans que nous nous en soyons rendu compte ?

Au-delà du fantasme de ces petits maîtres au pouvoir qui ont besoin plus que jamais de brandir une menace fasciste pour justifier leur incurie, ce discours est insupportable : la « francité » n’est pas une particularité, sa défense et son illustration ne constituent pas un communautarisme. Refusons, encore une fois, cette insulte."

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