"La bière Obama et le facteur mormon" (Le Monde, 6 sept. 12)

9 septembre 2012

"La Maison Blanche a finalement révélé de quoi est faite la bière de Barack Obama. A la veille de la convention démocrate, la recette a été publiée sur le site officiel de la présidence. Mieux, elle fait l’objet d’une démonstration vidéo par Sam Kass, le chef cuisinier. Encore une première historique : jamais on n’avait brassé ou distillé quoi que ce soit au 1600 Pennsylvania Avenue, même si, comme l’a discrètement indiqué Sam Kass, la preuve a été établie qu’on y a consommé des boissons alcoolisées pendant la Prohibition.

Effet de la campagne ? Barack Obama n’a jamais bu autant de bière. Dans son dernier voyage en bus à travers l’Ohio, il s’est arrêté dans un café et il a commandé une tournée générale de Bud Light. Ce qui a donné l’occasion à l’assistance de lancer un nouveau slogan : "Four more beers" ("quatre bières de plus") en lieu et place du traditionnel "four more years" ("quatre ans de plus"). Dans la foulée, l’entourage a confirmé ce qu’avait laissé filtrer le président : la Maison Blanche produit de la bière artisanale. Aussitôt, la presse a réclamé la recette. Une pétition, lancée sur le site We the People de la Maison Blanche, a recueilli 12 000 signatures (soit trente fois plus qu’en faveur d’une no-fly zone dans le nord de la Syrie).

Le secret a finalement été révélé : la bière présidentielle est parfumée au miel des abeilles du jardin de Michelle. Et les maniaques du déficit peuvent se rassurer : Barack Obama a payé de sa poche son kit du brasseur amateur. Du côté des politologues, on s’interroge : pourquoi cet intérêt appuyé pour la bière ? Certes, c’est la boisson estivale des Américains. Et en particulier de ces cols bleus qui n’ont donné que 41 % de leurs voix à Obama en 2008. Il se trouve aussi qu’insister sur la bière, dans une course à deux candidats, c’est souligner indirectement le fait que l’un des deux - Mitt Romney, pour ne pas le citer - n’en boit pas. Ou comment aborder la question de la religion sans même prononcer le mot "mormon". S’il est vrai, comme le prétendent les sondeurs, que la question à laquelle répondent les électeurs, dans le secret de l’isoloir, c’est : "Avec quel candidat auriez-vous envie de boire une bière ?", alors on comprend que Barack Obama ne déteste pas se montrer avec une chope à la main."

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