Les jeudis du CLR

K. Mersch : "La théorie de la tenaille identitaire et l’OPA sur la galaxie universaliste" (Webinaire, CLR, 9 mai 24)

Karan Mersch, professeur de philosophie, membre du Printemps républicain. 11 mai 2024

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L’universalisme est attaqué de toutes parts par les identitaires [1]. Cela se fait sans aucune franchise. Ils n’assument pas que leur priorité soit de faire disparaître le modèle qui représente une alternative à leurs horizons étriqués. Chaque pôle identitaire surjoue la lutte contre celui qui lui fait face, pour faire oublier le combat qui les occupe plus que tout. Ils s’abreuvent des passions suscitées par l’autre et se renforcent réciproquement. Dans cette comédie, les menaces sont proférées de façon tonitruante, mais les coups visent une autre cible. L’universalisme verse le sang et ce sont les identitaires qui gémissent.

Quand une idée ne peut vaincre par la force naturelle de ses arguments, elle n’a plus qu’une solution : corrompre les représentations que les hommes ont de celle qui lui barre la route. Pour protéger l’universalisme, il y a des femmes et des hommes qui le visent avec une plus ou moins grande sincérité et rigueur. L’ensemble est trop hétérogène pour parler de camp, il s’agit plutôt d’une galaxie. Celle-ci va faire l’objet de violences et d’intimidations par les uns, et parfois en parallèle de séduction par les autres. Faire taire des membres de cette galaxie est un succès ; en pervertir pour leur faire répandre le poison identitaire est un coup de maître. C’est ce qui se passe lorsqu’ils se mettent à propager de fausses représentations sur la théorie de la tenaille.

Les idées universalistes, comme la laïcité sont combattues violemment. Le concept de tenaille identitaire [2], conçu par Gilles Clavreul, apporte un éclairage sur les stratégies martiales mises en œuvre. Elle met au jour cette mécanique qui porte des attaques différentes mais complémentaires aux deux flancs de l’universalisme. Il s’agit donc d’une image inspirée de l’art stratégique militaire lorsque par exemple, deux camps luttant contre un ennemi commun font des manœuvres en tenaille et qu’il en ressort une efficacité bien plus grande. En conséquence, le danger que représentent les identitaires d’une mâchoire, ne peut justifier de devenir tolérant envers ceux qui composent l’autre. A l’heure actuelle, la société est clivée à outrance, devenant le terrain de jeu des passions identitaires [3]. La théorie de la tenaille est plus essentielle que jamais, car elle est précisément conçue pour éclairer ces situations d’emballement. De sa compréhension dépend la persistance dans notre société de l’idéal universaliste. C’est donc sans surprise qu’elle est la cible de toutes les attaques, des plus grossières aux plus retorses. Il y a une surprise cependant : la facilité avec laquelle ces critiques ont trouvé un écho dans une partie non négligeable de la galaxie universaliste, qui était pourtant censée leur opposer la plus grande résistance.

I Les incessantes accusations de « fascisme ou de gauchisme » qui portent sur la galaxie universaliste.

Les identitaires pensent dans un cadre binaire qui exclut toute alternative universaliste. Ainsi l’extrême droite qualifie toute critique qu’elle reçoit de « gauchiste ». A l’inverse, toute critique des islamistes par exemple sera jugée comme venant des « fachos ». Ce feu nourri des deux cotés, vise en priorité les membres de la galaxie universaliste qui ne sont pourtant ni d’un coté ni de l’autre. Comme le dit Gilles Clavreul, les deux mâchoires « s’entre-alimentent dans une surenchère d’anathèmes et de procès en sorcellerie où chacun est sommé de prendre parti ou enrôlé de force dans l’un ou l’autre camp » [4]. La tenaille identitaire dénonce ce mécanisme. Aussi, la critique que fait la philosophe Renée Frégosi est surprenante. Elle affirme que le concept de tenaille conduirait à considérer que, « (…) lutter contre la terreur islamiste serait un mauvais combat, puisque mené par l’extrême droite » [5]. C’est-à-dire qu’elle attribue à la théorie de la tenaille identitaire la posture grossière des idiots utiles de l’islamisme, que la théorie de la tenaille dénonce. On retrouve cette même accusation de la part de la lauréate du prix Science et laïcité 2023 Florence Bergeaud-Blackler. Elle affirme dans un tweet : « Burgat n’a jamais été éminent, il a été influent parce qu’un cordon politique médiatique de gauche l’a protégé. Parce qu’il s’est prêté au jeu pervers (gauchiste) de la ‟tenaille identitaire‟ (qui use de l’accusation d’extrême droite pour faire taire) » [6]. Pourtant, contrairement à ce qui est affirmé, ce même Burgat, chercheur au CNRS, ne semble pas tenir en grande estime la tenaille identitaire, puisqu’il s’en prend dans un tweet à son concepteur Gilles Clavreul et au mouvement qu’il a cofondé : le « Printemps républicain », qu’il qualifie « d’officine droitiste » [7]. Il semble que Renée Frégosi et Florence Bergeaud-Blackler aient une conception erronée de la théorie de la tenaille identitaire. Cette dernière consiste à refuser les procés injustifiés en "fascisme", "gauchisme" ou "droitisme", sans pour autant renoncer à dénoncer les dérives vers un pôle identitaire ou l’autre.

II La symétrie : La confusion entre une tenaille et une balance à l’équilibre.

A - Le déséquilibre

L’argument éculé qui fait néanmoins le plus mouche est celui de la prétendue équivalence des deux pôles de la tenaille. Elle est confondue avec une théorie de la balance ; et des personnes perdent du temps à gloser sur une absence d’équilibre. Elle ne rendrait pas compte du fait que "ce sont les islamistes qui tuent aujourd’hui". S’y ajoute l’irritation du constat de l’existence d’un discours particulièrement empathique envers les islamistes dans certains médias, universités ou partis de gauche, pour qui ils sont les nouveaux ‟damnés de la terre‟ auxquels il faudrait tout pardonner. Adaptée hier quand les dangers étaient équivalents, la théorie de la tenaille serait périmée aujourd’hui, car incapable de hiérarchiser les combats. Cela suffit pour que beaucoup la rejettent, et voient en elle un concept qui édulcore le danger islamiste en le rangeant au même niveau que celui de l’extrême droite, alors que cette dernière aurait changé au point de ne plus en faire une menace pour notre République. Parfois cette équivalence est portée encore plus loin en faisant comme si la théorie de la tenaille impliquait une symétrie. Cette fois, ce n’est plus avec une balance, mais un miroir que la tenaille est confondue. Florence Bergeaud-Blackler présente ainsi cette théorie : « Pour résumer vulgairement, une baffe à gauche oblige à donner une baffe à droite, et vice versa, sans discernement » [8]. Cette présentation ne donne pas du tout envie, mais elle n’est pas juste.

La théorie de la tenaille est toujours attaquée sur ce qu’elle n’est pas. Rappelons ici que l’image de la tenaille est à comprendre en son sens martial, celle d’une manœuvre en tenaille de deux camps qui attaquent un même adversaire : l’universalisme. Lors d’analyses militaires, on n’ergote pas pour savoir s’il y a le même nombre de combattants d’un côté ou de l’autre (balance) ni sur le fait de savoir si les attaquants sont dans une parfaite situation de symétrie (miroir). Une tenaille n’a pas à être dans une situation d’équilibre.

B - Arguments opposés identiques – déséquilibre multi-domaines

Remarquons que de l’autre côté, la rhétorique du déséquilibre est aussi utilisée, mais en un sens opposé. En effet, l’extrême droite, qui a choisi une stratégie beaucoup plus doucereuse, est aux portes du pouvoir. Ainsi on retrouve dans le camp opposé un discours qui appelle lui aussi à une hiérarchisation des menaces. Il faudrait dans cette optique au contraire concentrer nos énergies contre l’extrême droite et pas sur l’islamisme. Par exemple, le sociologue Joan Stavo-Debauge s’emporte sur Twitter à l’encontre d’une personne qui remettait en cause une partie de la gauche s’éloignant des lumières : « Ce que je vois, c’est que vous passez votre temps à alimenter la hantise du "wokisme" alors que la France s’avance sur le chemin du fascisme » [9]. Chacun a raison dans le déséquilibre qu’il dénonce, car ils sont compossibles. Le problème est de ne vouloir en voir qu’un seul. La tenaille se démultiplie. La dissymétrie est multi-domaines. Le Printemps Républicain, dont Gilles Clavreul est membre fondateur, l’explique bien : « Il ne s’agit donc pas de dire que l’extrême-droite et islamisme sont identiques ; du reste, ils n’opèrent pas exactement dans les mêmes champs : l’extrême-droite est avant tout politique, l’islamisme, quand bien même parle-t-on ‟d’islam politique‟, est agissant sous des formes essentiellement spirituelles, culturelles et sociales » [10]. Interrogée sur la possibilité que la théorie de la tenaille indique plutôt un danger variable en fonction des domaines, Florence Bergeaud-Blackler continue sa critique : « Une tenaille a des mâchoires fixes sinon elle se déglingue » [11]. Si cette théorie n’est pas comprise, c’est parce qu’elle est restreinte à une stricte correspondance avec l’outil, sans envisager cette image dans son cadre martial.

C - La pesée est trompeuse car la violence n’est pas la seule menace

Subsiste alors encore la tentation de savoir quel est le déséquilibre le plus menaçant en prenant en compte les différents domaines. Rendre cet arbitrage est tout à la fois une marque de naïveté et de prétention, car la mesure des dangers est périlleuse vu sa complexité. En effet, ils ne sont pas toujours proportionnels à la violence mise à l’œuvre. Il y a des risques discrets aux conséquences préoccupantes. Par exemple, les islamistes qui n’ont pas choisi la violence physique, diffusent derrière un appel séduisant au respect, leur condamnation de l’offense faite aux croyants. Ils font un travail aussi efficace pour instaurer un interdit social du blasphème que les violents. De même, on ne sait pas à quoi l’approche doucereuse de l’extrême droite prépare le terrain. Jean Pierre Faye dans son ouvrage Langages totalitaires montre comment des discours réorientent les concepts et conditionnent les esprits vers le pire. Bien avant de tuer, les Nazis instillaient leur venin dans les esprits. Aujourd’hui de façon différente qu’hier, les islamistes et l’extrême droite répandent leur poison identitaire, et méritent tous deux la plus grande méfiance.

D - Sortir radicalement de la pesée : & le consumérisme des idées

Ainsi lorsque nous montrions qu’il y a des dangers sur des domaines différents qui sont difficilement évaluables, on aurait pu croire qu’il s’agissait de justifier à tout prix que les mâchoires étaient au final équivalentes. Il n’en est rien. Se concentrer sur la question de la pesée c’est ne rien comprendre à la théorie de la tenaille. L’important n’est pas la comparaison des pôles comme s’ils étaient sans interactions entre eux, mais la compréhension qu’ils constituent un système de renforcement réciproque indépendamment de leurs tailles respectives. Prisonniers de l’erreur de la balance, à la première montée en tension identitaire, des membres de la galaxie universaliste, sommés de se positionner, finissent par affirmer que la théorie de la tenaille serait périmée au motif que l’équilibre entre les mâchoires serait rompu, et partiront à la recherche de la nouveauté. Pris dans un consumérisme des idées, ils croient que ce sont elles qui s’écoulent dans un flot rapide, sans voir que ce sont eux qui dérivent. Ce décentrement progressif les éloigne graduellement de l’universalisme, sans que ce soit toujours conscient. Si l’extrême droite parvenait au pouvoir, une partie achèvera sa chute. L’autre retournera sa veste, et rejoindra les idiots utiles de l’autre côté, et s’offusquera contre la tenaille au motif d’un déséquilibre qui aura changé. Le combat universaliste nécessite plus de constance.

III La tenaille identitaire décrit un système dont un des modes d’action est le piège réactif.

A - Tenaille et fer à cheval. Un système dont une partie fonctionne par proximité et similarité

La théorie de la tenaille est parfois réduite à la théorie du fer à cheval de Jean-Pierre Faye [12]. Cette dernière décrit entre les extrêmes une proximité et une porosité des personnes et des idées. On peut effectivement constater qu’il y a plus que la moyenne une fascination pour les régimes autoritaires, telle que la Russie par exemple. C’est aussi sur l’antisémitisme qu’ils se retrouvent de façon plus ou moins assumée par les uns et les autres. Si l’extrême droite est surveillée sur ce domaine, une part de la gauche se trouve moins complexée en la matière. Face à la réaction militaire israélienne au pogrom du 7 octobre 2023, elle a pris des positions qui dépassaient les critiques légitimes que cela pouvait susciter. Il y a eu un emballement passionnel qui a donné le jour à un embrasement de rhétoriques antisémites ne pouvant même plus se cacher sous le paravent de l’antisionisme. Cela nous a rappelé qu’en la matière, il y a aussi de ce côté un passé chargé qui est loin d’être clos [13].

Cette réduction de la tenaille au fer à cheval est une erreur car elles sont distinctes [14]. La théorie de la tenaille ne se limite pas à ce phénomène de synergie, et permet de l’aborder d’un point de vue différent. Le fer à cheval décrit la position des acteurs ; la tenaille identitaire rend compte de l’angle de leur action. Ainsi ces deux théories sont complémentaires, et à distinguer. Par exemple : Les islamistes sont positionnés à l’extrême droite du fer à cheval. Ce sont des forces profondément conservatrices qui refusent le regard critique des lumières sur la tradition. Pour nombre d’identitaires, la femme ne doit pas susciter le désir de l’homme ou au minimum réprimer le sien. Comme le dessinait Charb, « les extrêmes se touchent ». Du point de vue de la tenaille identitaire, ils se trouvent placés de l’autre côté, avec les décoloniaux et autres, car leur rhétorique se déploie au nom du progressisme, c’est-à-dire d’un point de vue opposé à leur nature propre. Ainsi, ils choisissent de propager l’idée qu’une femme se doit d’être pudique, sous peine de manquer d’honneur, mais en prétendant défendre la liberté des femmes à s’habiller comme elles l’entendent. Les libertés individuelles ne les intéressent que pour s’opposer à la loi républicaine et que s’impose la loi sociale du groupe. Le communautarisme tient les rênes de leur pensée. Les indigénistes ont beau tenir un discours qui « est du Barrès » [15], c’est dans une partie non négligeable de la gauche et de l’extrême gauche qu’ils trouvent leurs plus fervents soutiens, et qu’ils y font leurs « butins de guerre » [16]
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B - Le piège réactif : pas que par proximité, mais surtout par opposition réactive

La majorité du mécanisme de la tenaille identitaire n’opère pas par similarité. Au contraire, il s’agit très souvent de jouer sur la réaction à une mâchoire pour renforcer l’autre et réciproquement. L’action cumulée de ces décentrements passionnels successifs constitue le piège réactif. Il s’illustre déjà particulièrement bien dans la guerre d’Algérie. Les massacres d’ El Halia en aout 1955, ont été orchestrés par le chef régional FLN-ALN, Zighoud Youcef, dans l’intention de « creuser un infranchissable fossé de sang » entre les populations [17]. L’idée était de commettre des massacres d’une sauvagerie inouïe sur des Français, dans le but de provoquer en réaction une volonté de vengeance généralisée à l’encontre des populations algériennes. Cependant, certains pieds-noirs avaient bien compris le piège et ne se laissèrent pas aveugler par la haine. Remettant en cause la violence coloniale, une partie est allée jusqu’à affirmer que l’explosion de haine des indigènes n’était que « le choc en retour des exactions commises et des humiliations subies » [18], déresponsabilisant les stratèges qui avaient misé sur la réaction à une horreur cyniquement préparée [19]. Ainsi l’identification d’un premier piège réactif n’empêche pas de tomber dans une contre réaction qui n’est pas juste non plus, et qui participe au mécanisme réactif d’ensemble. La situation actuelle suit les mêmes logiques. Les actes terroristes commis par les islamistes génèrent en réaction une volonté identitaire de présenter la France comme intrinsèquement catholique. Patrick Kessel, dénonçait précisément ce mécanisme lorsqu’il rappelait les dangers d’une catho-laïcité : « La montée des revendications islamistes ne saurait légitimer un retour au cléricalisme romain » [20]. Cette réaction prend aussi la forme d’un rapprochement avec l’extrême droite. La violence terroriste apparaissant comme la seule menace significative, il s’agit de persuader de plus en plus de monde de la nécessité d’une union sacrée avec l’extrême droite. On trouve cette rhétorique développée chez la philosophe Renée Fregosi. Elle a rédigé un brûlot pour dénoncer les défenseurs de la théorie de la tenaille identitaire : « (…) ils affaiblissent aujourd’hui la lutte contre l’islamisme en refusant de faire front contre ce totalitarisme quels qu’en soient les combattants. Oubliant d’ailleurs que contre le nazisme, des Français de tous horizons politiques se sont retrouvés à Londres et à Alger, des Socialistes aux Croix de feu » [21]. La théorie de la tenaille identitaire, décourageant cette union avec l’extrême droite, est alors fortement combattue.

A l’inverse, lorsque le danger de cette réaction est compris, elle pousse bien des personnes à considérer à chaque attentat que le principal danger est l’extrême droite et le racisme envers les musulmans. Les islamistes n’ont plus qu’à capitaliser sur la réaction à la réaction et à se faire dorloter par prévention comme victimes. Pour éviter de se laisser aspirer dans un sens, on se décentre en faisant contrepoids dans l’autre sens. C’est ainsi que s’explique l’empressement de Jean Louis Bianco, président de feu l’Observatoire de la laïcité, à signer une pétition « Nous sommes unis » [22] avec Médine et le CCIF aujourd’hui dissous. Une fois emporté dans cette réaction au carré, la raison s’efface et ne reste que la volonté de justifier coûte que coûte son positionnement. A propos du rappeur Médine qui appelait à appliquer la charia en coupant la main des voleurs et à « crucifier les laïcards comme à Golgotha » [23], Jean Louis Bianco a affirmé que « Charlie Hebdo disait bien pire » [24]. Mais voici que le terrain est préparé pour une nouvelle réaction. Parmi ceux qui se sont rapprochés de la mâchoire décoloniale et islamiste pour éviter la réaction vers l’extrême droite, c’est finalement la violence théorique développée par ce pôle qui les rattrape. Ils se retrouvent alors confrontés à une obsession de la race, à des discours qui tournent autour du « racisme du système Blanc », de la « fragilité blanche ». La « cancel culture » y fait régner la terreur. La rumeur détruit les hommes. A nouveau cela provoque une réaction, au cube cette fois : l’extrême droite paraît plus proche et chaleureuse. Résister à chaque vague de réaction décentre et prépare la chute opposée dans la suivante. La société se retrouve irrémédiablement clivée. C‘est pourtant quand nous sommes plongés jusqu’au cou dans « l’âge identitaire », si bien analysé par Laurent Bouvet [25], que certains s’échinent à dépeindre la théorie de la tenaille identitaire comme dépassée.

Les stratégies des mâchoires sont profondément dissymétriques. Celle des décoloniaux et compagnie vise à chasser par leur violence les membres de la galaxie laïque des places qu’ils occupent. Ils diffusent leur idéologie dans des syndicats ou de grandes associations autrefois solides sur la laïcité. Pour viser l’universalisme, il faut marcher droit sur une ligne de crête. Si des vents opposés nous poussaient également des deux côtés, l’équilibre se ferait. En fait, ce qui se passe, c’est qu’on est poussé par un côté, et aspiré de l’autre. La main qui vous tire chaleureusement vous emmène au même endroit que celle opposée qui vous repousse. Si les décoloniaux visent à faire partir les défenseurs pour occuper les bastions, l’extrême droite séduit les premiers et joue sur le ressentiment des batailles perdues. Au final, les deux forment un système assez harmonieux, et ont tous les deux intérêt à ce que le maximum de membres de la galaxie universaliste tombent du côté de l’extrême droite. Idéologiquement aussi pervers qu’un identitaire décolonial lorsqu’il vous accuse à tort d’être raciste, il y a l’identitaire proche de l’extrême droite qui vous fait des clins d’œil et des appels du pied. De ces deux dangers, la stratégie de l’un consiste à adopter une attitude moins accusatrice, plus compréhensive et donc plus séduisante. Il est préféré et la théorie de la tenaille est abandonnée au nom de la dissymétrie, sans comprendre que les deux forment un système. Quand les vieux combattants tombent dans le panneau tendu par les deux pôles, et penchent vers l’extrême droite, cela confirme le verdict des décoloniaux sur "l’universalisme Blanc " [26], et en même temps, conforte l’Extrême droite dans l’image qu’elle veut se donner de défenseur de l’universalisme historique.

IV Les mâchoires et leur complexité, pôles ou agrégats ?

A - Erreur intéressante sur l’unité artificielle des mâchoires

L’une des rares critiques qui ne trahissent pas une indulgence envers les identitaires consiste à affirmer que parler de mâchoires agglomérerait artificiellement des éléments trop hétérogènes. Y voir une unité serait simplifier un réel beaucoup plus complexe. On ne pourrait pas mettre dans un même ensemble les islamistes, les intersectionnels, les wokes, les décoloniaux, les indigénistes, les tenants du « nouvel » antiracisme. Effectivement, des divergences et mêmes des tensions existent. Par exemple, sur le statut des homosexuels, lorsque Médine, converti à l’intersectionnalité, explique ne pas être homophobe, il se fait reprendre par Idriss Sihamedi sur twitter. Ce dernier affirmant que selon lui, « L’islam et les (bons) musulmans dans leur intégralité rejettent catégoriquement l’homosexualité et considèrent cela comme un péché » [27]. Pourtant, dans la mâchoire d’en face, des tensions existent et cela ne conduit pas aux mêmes réserves. Lorsqu’on parle d’extrême droite, on sait que cela n’implique pas de penser que le RN, les Zemmouriens, les néo-nazis, les soraliens, les intégristes cathos, seraient identiques. Il y a une extrême droite athée et une ultra-catho, une homophobe et une qui ne l’est pas. Il en va de même pour la mâchoire qui contient les islamistes et les décoloniaux. Entre toutes ces composantes très diverses, il y a un point commun : L’autorité de la réflexion accordée aux concernés, le tout en opposition au « système ». Par simplicité nous parlerons des « concernés contre le système ».

Plus qu’un simple regroupement par affinités communes, cette mâchoire subit un enrégimentement idéologique. Une théorie se diffuse dans l’ensemble : elle se fait appeler le « nouvel antiracisme » ou l’antiracisme « politique » [28]. Il serait en fait plus juste de parler de vision mono-systémique du racisme, puisqu’il s’agit de réduire tous les nombreux systèmes discriminants à un seul : le système « blanc ». Les « concernés contre le système » finissent par adhérer à une vision racialiste et anti-universaliste. Ils concourent en fait à une mâchoire des « concernés mono-systémiques anti-universalistes ». La théorie intersectionnelle militante [29], recrute en même temps qu’elle diffuse les idées dans des champs larges. Elle construit un fond idéologique « anti-Blancs » commun et assure une homogénéité minimale de l’ensemble.

Des militants naïfs pensent avoir trouvé dans l’intersectionnalité un investissement maximal : plutôt que de se limiter à un combat, ils choisissent d’œuvrer pour la synergie de tous. En théorie, par exemple, les militants sensibles à l’éthique animale viennent grossir les rangs de ceux attachés au féminisme, et vice-versa. Cependant, il s’agit d’un faux contrat de réciprocité. Certes, les féministes doivent veiller à l’éthique animale, mais il leur est demandé davantage. Être sensibles au féminisme ne suffit pas. Elles devront être hostiles au féminisme universaliste qualifié de « blanc ». Dans le paquetage intersectionnel toutes les luttes sont orientées. Au lieu d’augmenter l’efficacité de chaque lutte dans un mouvement de synergie, il s’agit de demander à toutes de diminuer leurs exigences face à l’antiracisme mono-systémique. L’intersectionnalité rejette l’homophobie qui est pourtant défendue par l’islamisme. Mais sans la diffusion des idées intersectionnelles dans la société, Houria Bouteldja, porte-parole des Indigènes de la République, ne serait pas arrivée à faire accepter à des militants LGBT, comme Dany et Raz, qu’en tant que « Blancs », ils ne pouvaient pas blâmer « l’homophobie soft » des indigènes sans la renforcer [30]. L’intersectionnalité militante prépare les esprits à remettre la responsabilité des discriminations sur le système « Blanc » (l’Etat), et à prendre en compte la couleur de ceux qui en commettent pour les excuser. Elle ne se confond pas avec l’indigénisme, mais leur opposition est surjouée, car elle lui sert de marchepied. On peut aussi s’interroger sur l’intérêt d’un parti politique écologiste pour le rappeur de l’album Jihad, et la raison de beaucoup d’indulgence à son égard. Médine l’intersectionnel a pourtant un lourd passé de quenelles tardives, exprimant une adhésion enthousiaste à l’idéologie du multi-condamné Dieudonné. Marie Tondelier [31], Secrétaire nationale des Verts, préfère voir dans un jeu de mots antisémite qu’il a twitté, la trace d’un "antisémitisme insidieux", ce qui n’est pas sans rappeler l’homophobie "soft". La sensibilité intersectionnelle semble rendre incapable d’envisager qu’il y ait pu avoir chez un rappeur qui faisait l’éloge de la charia, un lien avec le nouvel antisémitisme véhiculé par l’islamisme, si compatible avec l’ancien toujours actif. De même, comment comprendre que des militants LGBT aient pu soutenir le Hamas qui pénalise l’homosexualité [32], si ce n’est par le développement d’une étrange solidarité des luttes. L’intersectionnalité convoque les luttes dans un territoire anti-universaliste et les contraint à s’asseoir à la même table. L’antiracisme mono-systémique les y attend en y faisant un éhonté manspreading. Le pôle des "concernés mono-systémiques » a bien une structuration suffisante pour que l’on puisse lui considérer une certaine unité.

Qu’en est-il alors des combats dits « wokes » qui ne développent pas la rhétorique intersectionnelle ? Peut-être justement ce terme est-il parfois pris dans une acception trop large. Trop souvent sont rangés d’office dans cette catégorie péjorative des champs entiers comme l’ensemble des trans ou des véganes, sans même concevoir que certains puissent être universalistes. La théorie de la tenaille permet de dénoncer le piège réactif retors d’une intersectionnalité inversée. Cette dernière rejette de manière épidermique tous les champs que revendique la doctrine intersectionnelle, validant sa prétention à régner sur eux.

Le retour que nous venons de faire sur la composition des principaux camps identitaires n’est qu’un instantané de la situation actuelle. La théorie de la tenaille identitaire est au-delà de ça. Elle n’est pas dépendante du contenu qu’elle permet d’éclairer. La tenaille n’est pas constituée par les deux partis LFI / RN ; elle n’est pas non plus constituée par les deux mâchoires complexes dont on vient de parler. C’est une structure formelle qui est première, et sur laquelle les identitaires s’inscrivent ensuite d’une façon qui peut varier.

B - Florence Bergeaud-Blackler, une critique, non justifiée : la véritable tenaille serait entre wokes et islamistes

Une critique consiste à se servir de la tension qu’il y a entre les blocs à l’intérieur de la mâchoire des « concernés contre le système », pour en tirer la conclusion étrange que l’autre mâchoire, celle d’extrême droite, ne poserait pas de problèmes sérieux. Ainsi, pour Florence Bergeaud-Blackler, « La vraie tenaille est celle du wokisme et de l’islamisme, l’autre n’est que perte de temps et d’énergie » [33]. Il n’y a aucun souci à constater qu’il y a dans une mâchoire des composantes en tension, comme nous venons de le voir, mais se servir de ce constat, pour effacer le danger que représente l’autre mâchoire, ne semble pas justifié. Interrogée sur cette affirmation, elle expliquera que « les wokistes sont le cheval de Troie des islamistes » [34]. Ainsi la tenaille dont elle parle serait constituée des islamistes et de leur « cheval de Troie »… C’est-à-dire d’une seule mâchoire : l’islamisme. L’extrême droite a disparu de l’équation. On retrouve des raisonnements très proches mais en sens inverse chez François Burgat : qui tweete un extrait d’un article du Monde qui lui est consacré : « Le postulat de #Burgat et de #Rey est que ï’#islamisme est une réponse identitaire, locale et circonstanciée à un contexte de domination culturelle et politique le plus souvent d’origine coloniale » [35]. Cette fois, c’est l’islamisme qui serait négligeable, et ne constituerait pas la partie d’une autre mâchoire, car il ne serait qu’une simple réaction à la colonisation. Ne voir que la moitié du piège réactif, c’est ne plus le voir du tout, car on passe à côté de sa mécanique.

V D’universalistes à anti-islamistes. L’esprit "bataillard"

A - Union sacrée, chimio, séduction

Il y a parmi les contempteurs de la théorie de la tenaille identitaire des personnes qui, sans être encore d’extrême droite, souhaitent son arrivée au pouvoir. Pour certains il s’agit juste de la laisser faire le ménage sans agir forcément à ses côtés. Jean-Jacques Cambier dénonce en cela « l’optique de la chimio ». Une fois la sale besogne réalisée, ils s’imaginent mettre l’extrême droite au placard. D’autres vont plus loin, et sont pour marcher à son côté dans la lutte contre les ennemis communs sans toutefois se confondre avec. C’est l’optique de l’union sacrée. Pour défendre le peu de résistance qu’ils opposent face à l’extrême droite, ils se justifient en attaquant la tenaille identitaire au motif du déséquilibre de la pesée. Nous en avons parlé. Alors on se retrouve sommé de choisir entre LFI ou le RN, comme si la tenaille se réduisait aux partis. Le changement du RN est entériné avec une incroyable naïveté [36]. L’énergie dépensée pour cette normalisation a pour fonction de se cacher à soi-même ou aux autres son propre basculement, et de continuer à se représenter comme critique de l’extrême droite, tout en souhaitant l’arrivée du RN au pouvoir. La dissymétrie des stratégies identitaires encourage cette dérive. L’extrême droite ayant choisi la séduction, ses membres font office de camarades avec lesquels on a des désaccords, mais avec qui on peut discuter. Et le contraste avec la violente adversité qu’impose la cancel culture conforte ce sentiment. La Fontaine avait pourtant prévenu qu’il fallait se méfier des flatteurs. Ils sont tellement plus agréables, qu’on en oublie que leurs intérêts sont inamicaux. Peu à peu, les membres de la galaxie universaliste adhèrent à toute approche qui critique les décoloniaux, les wokes et les islamistes. Ils n’ont plus que ces combats comme centre de gravité. Ils ne se battent plus pour une idée, mais contre d’autres, comme si c’était équivalent.

B - Esprit "bataillard"

Les principes universalistes de notre République sont violemment attaqués. Il faut combattre avec détermination pour tenir les positions. L’efficacité martiale nécessite en premier un fort contrôle des passions. Afin de n’être pas manipulables par nos ennemis, il faut éviter de donner prise à la mécanique infernale du piège réactif. La stratégie martiale repose sur une juste analyse de la situation, c’est-à-dire de l’intelligence. Au contraire, l’envie d’en découdre brouille le regard. Elle pousse à ne plus voir que le chiffon rouge agité en face de soi. Elle fait passer la réflexion pour de la couardise, et conduit des naïfs excités, à charger la baillonnette au canon là où ils sont attendus, en plein milieu de la clairière. Sun Tzu nous a pourtant prévenus : « La grande science est de faire vouloir à autrui tout ce que vous voulez qu’il fasse, et de lui fournir, sans qu’il s’en aperçoive, tous les moyens de vous seconder » [37].

L’esprit bataillard, si contraire à l’intelligence martiale, s’est installé dans une partie de la galaxie universaliste, et la met au service de ses ennemis. La rudesse de l’analyse devient une fierté y compris chez ceux habitués jusqu’alors à plus de finesse. Alors, la théorie de la tenaille identitaire est vue comme une ruse pour distraire le regard du seul ennemi qui doit retenir l’attention. Il faut la rejeter d’un revers de la main pour faire la monstration de son ardeur à combattre. Des intellectuels victimes par ailleurs de cancel culture, finissent par en reprendre les mécanismes. Ils répandent de pitoyables caricatures sur cette théorie sans tenir compte des réponses argumentées qui les invalident et qui ont été produites depuis longtemps. Y accorder une attention sérieuse serait comme manquer de détermination. La posture prime sur la réflexion. Des supporters applaudissent quand leurs champions ont l’audace de faire feu de tout bois, même du plancher. Peu à peu se répand de l’intérieur de la galaxie universaliste un brasier qui consume la raison. L’esprit "bataillard" est précisément celui qui oppose le combat à la raison, il est un premier pas vers le fanatisme. Ainsi, la philosophe Bérénice Levet sous couvert de lutte contre le wokisme, finit par s’en prendre aux lumières de la raison. « Lesdits universalistes qui prétendent combattre le wokisme par l’invocation des “valeurs républicaines” font fausse route. On ne cimente pas un peuple avec des valeurs mais avec des réalités charnelles. […] La liberté d’arrachement est cette idole des Lumières françaises et de leur suite, le progressisme, qui regardent l’émancipation comme l’accomplissement ultime de la personne humaine. Péché originel de la modernité que de prêter des vertus à la déliaison et à la désaffiliation. L’arrachement n’a aucune vertu : il fabrique ce que T. S. Eliot appelait des « hommes creux » (« hollow men »), il fragilise, il atomise » [38]. L’universalisme est présenté comme opposé à toute identité, ce qui est une caricature [39] cohérente avec ce qui suit. Ici, un discours identitaire fustige l’émancipation qui irrite aussi les autres identitaires, les islamistes. Finir sous couvert de pragmatisme par ressembler à ses ennemis, est un piège vieux comme le monde. Il n’y a pas que des territoires perdus de la République, mais des personnes aussi qui finissent par être perdues pour le combat universaliste. Les œillères qu’impose l’énergie bataillarde à l’esprit, restreignent sa vision à la monoscopie d’un cyclope. Il perd surtout de vue le premier des combats, qui est intérieur. Laurent Bouvet l’avait bien compris. Ce n’est pas par hasard s’il avait choisi pour son profil Twitter cette citation de Marc Aurèle : « Une excellente manière de te défendre d’eux, c’est d’éviter de leur ressembler » [40] La galaxie universaliste doit garder le cap sur l’idée qu’elle prétend servir, plutôt que de se laisser définir par la réaction à ses ennemis. N’écoutons pas ceux qui proposent de jeter la théorie de la tenaille identitaire par-dessus bord. Peut-être n’en sont-ils pas tous conscients, mais ce sont des naufrageurs. Cette théorie lorsqu’elle est bien comprise est une boussole. Qu’importe la force des vents d’un côté ou de l’autre, elle nous encourage à continuer à marcher droit dans la tempête.

[1« Les identitaires instrumentalisent l’identité, et en font une caricature appauvrie qui se développe « au détriment du commun ». Gilles Clavreul « Tenaille identitaire : la réponse de Gilles Clavreul à Alain Finkielkraut » https://www.lefigaro.fr/vox/societe/tenaille-identitaire-la-reponse-de-gilles-clavreul-a-alain-finkielkraut-20210429.

[2Voici un texte extrêmement clair sur la tenaille identitaire par le Printemps Républicain : « De la tenaille identitaire et de la lutte contre l’extrême-droite » https://www.facebook.com/story.php?story_fbid=1640833026096278&id=494681420711450.

[3Laurent Bouvet avait pressenti avant tout le monde l’avènement de « l’âge identitaire » et avait essayé de nous en prémunir par une analyse de ses mécanismes.

[4Gilles Clavreul « Tenaille identitaire : la réponse de Gilles Clavreul à Alain Finkielkraut » https://www.lefigaro.fr/vox/societe/tenaille-identitaire-la-reponse-de-gilles-clavreul-a-alain-finkielkraut-20210429.

[5Renée Frégosi dans Causeur le 19 novembre 2020 « Contre l’islamisme : pas de « tenaille identitaire » qui vaille ! » https://www.causeur.fr/islamisme-tenaille-identitaire-187333.

[6Tweet du 11/01/2024 en réponse à un article de Franc-Tireur qui critiquait l’indulgence du CNRS envers Burgat.

[7François Burgat sur Twitter le 22 septembre 2021.

[8Florence Bergeaud-Blackler sur twitter le 2 février 2024. Nous venons de répondre à l’idée selon laquelle la tenaille impliquait une symétrie. https://x.com/FBBlackler/status/1753371926108537337?s=20.

[11Florence Bergeaud-Blackler sur twitter le 2 février 2024. https://x.com/FBBlackler/status/1753398944812405237?s=20.

[12In « Langages totalitaires » , partie I : le fer à cheval de partis, ed Herman.

[13Lire à ce propos David Khalfa « « L’exaltation de la violence est présente au sein de la gauche de la gauche » Le DDV n°692 (printemps 2024) https://www.leddv.fr/entretien/david-khalfa-lexaltation-de-la-violence-est-presente-au-sein-de-la-gauche-de-la-gauche-20240319.

[15Radio courtoisie, 13 avril 206, Bernard Antony chef de file des catholiques d’extrême droite, fait ce constat avec admiration.

[16Marianne le 30/11/2021 « Quand les militants décoloniaux parlent de Jean-Luc Mélenchon, leur "butin de guerre". https://www.marianne.net/politique/melenchon/quand-les-militants-decoloniaux-parlent-de-jean-luc-melenchon-leur-butin-de-guerre.

[17Yves Courrière, Le temps des léopards, Paris, Fayard, 1969, pp. 180-189.

[18Yves Courrière, Les fils de la Toussaint, (Paris, 1967), 190 On trouve un récit de ces évènements chez Benjamin Stora https://benjaminstora.univ-paris13.fr/images/stories/articles_rcents/Massacres_20_aout_55.pdf.

[19Ce mécanisme se retrouve aussi en France dans la réaction aux horreurs calculées et commises par le Hamas le 7 octobre 2023. 15 jours plus tard une foule s’est réunie à la place de la république pour scander des « Allah Akbar ».

[20Patrick Kessel « Catho-laïcité : le retour » sur le site du Comité laïcité République (P. Kessel, 28 nov. 16) https://www.laicite-republique.org/catho-laicite-le-retour-p-kessel-28-nov-16.html.

[21Renée Frégosi dans Causeur le 19 novembre 2020 : « Contre l’islamisme : pas de "tenaille identitaire" qui vaille ! » https://www.causeur.fr/islamisme-tenaille-identitaire-187333.

[22"Nous sommes unis", Libération, 15 novembre 2015, https://www.liberation.fr/debats/2015/11/15/nous-sommes-unis_1413644/.

[23Médine, « don’t laïk », album Jihad.

[24Jean Louis Bianco, France Inter le 05/02/16.

[25Le péril identitaire, éd. L’Observatoire, 2020.

[26Sont cataloguées "féminationalisme" aussi bien les pseudo-féministes d’extrême droite, que les universalistes qui critiquent la servitude volontaire des femmes où qu’elle soit, islamisme compris.

[28Comme si l’universaliste n’était pas politique…

[29Pour une approche syntétique de la question de l’intersectionnalité : https://www.laicite-republique.org/l-intersectionnalite-un-racisme-inverse-k-mersch.html. Pour une approche plus détaillée : https://www.laurorethinktank.fr/note/les-habits-neufs-de-lanti-universalisme/.

[30Vidéo de juillet 2022. La Dilcrah s’est clairement positionnée sur le sujet dans le tweet suivant : https://x.com/DILCRAH/status/1585962211968704513?s=20.

[31Marie Tondelier sur France inter le 18 aout 2023 https://x.com/franceinter/status/1692429157181882622?s=20.

[32Sur le sujet, voici un article du point de Peggy Sastre : « LGBT pour le Hamas, cherchez l’erreur ! » https://www.lepoint.fr/editos-du-point/lgbt-pour-le-hamas-cherchez-l-erreur-27-10-2023-2541001_32.php.

[34Ibid.

[35Le tweet et l’article du Monde « Deux cents ans de luttes islamistes » sont datés du 1er mars 2022 https://twitter.com/frburgat/status/1498520955278311426.

[36DDV 692 printemps 2024 “La thèse du changement entre illusion et complaisance”. Karan Mersch.

[37Sun Tzu, L’Art de la guerre.

[38Bérénice Levet dans « Valeurs actuelles » du 11/12/2022 : « Le wokisme est d’abord, comme le marxisme, une idéologie » https://www.valeursactuelles.com/clubvaleurs/lincorrect/entretien-berenice-levet-le-wokisme-est-dabord-comme-le-marxisme-une-ideologie.

[39L’esprit identitaire est l’antithèse de L’universalisme. Sur ce sujet : l’article “Vous avez dit identité ?” dans la revue Humanisme n°342, février 2024, Karan Mersch.].

[40Marc-Aurèle, « Pensées pour moi-même », VI, 6.



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